Boris Pasternak

Boris Pasternak

Date de naissance 10.2.1890 à Moscow, Russie, Fédération de

Date de décès 30.5.1960 à Peredelkino, Central Federal District, Russie, Fédération de

Boris Pasternak

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Boris Pasternak

Boris Leonidovitch Pasternak (en russe : ), né le 29 janvier 1890 à Moscou et mort le 30 mai 1960 à Peredelkino (en), près de Moscou, est un poète et romancier russe, lauréat du prix Nobel de littérature en 1958.

Biographie

Famille

Issu d'une famille juive qui se croyait d'origine espagnole et prétendait descendre d'Isaac Abravanel[1], fils aîné du peintre Leonid Pasternak et de Rosalie Isidorovna Kaufman, une jeune pianiste concertiste renommée d'Odessa[2], Boris naît le 10 février 1890 à Moscou[3]. Installée à Moscou, la famille passe généralement l'été à Odessa. Leonid est très lié avec le peintre Isaac Levitan, mais aussi Mikhaïl Nesterov, Sergueï Ivanov, Vassili Polenov, Nikolaï Gay, Valentin Serov, et d'autres représentants du mouvement des Ambulants. La famille Pasternak s'agrandit : un second fils, Alexandre, en février 1893, une fille, Josefina-Ioanna, en février 1900 et une seconde, Lydia, en 1902.

En 1894, Leonid obtient le poste d'enseignant à l'École de peinture et de sculpture de Moscou, sur proposition du prince Lvov, et sous la condition expresse posée par Leonid que, bien que juif non pratiquant, il n'aurait pas à se convertir au christianisme orthodoxe pour être admis[4]. Le 23 novembre 1894[5], Rosalie donne un concert de musique de chambre dans la maison familiale, concert auquel assistent Léon Tolstoï et deux de ses filles[6]. Leonid discute avec Tolstoï d'une série de tableaux inspirés de Guerre et Paix. Apparemment pour raison familiale, Rosalie interrompt sa carrière musicale quelques mois plus tard.

En juillet 1900, à Koursk, la famille Pasternak partant pour Odessa rencontre le jeune poète allemand Rainer Maria Rilke et son égérie Lou Andreas-Salomé, qui se rendent à Iasnaïa Poliana pour rencontrer Léon Tolstoï[7].

Jeunesse

En automne 1900, Boris commença le gymnase. Mais bien qu'ayant brillamment réussi l'examen d'entrée, et malgré le soutien du maire de Moscou, il ne fut pas admis avant la deuxième année en raison du strict numerus clausus qui limitait le nombre d'élèves juifs à 10 pour 345[8].

Le 6 août 1903, son père se propose de peindre un nocturne : des chevaux lancés à vive allure dans le crépuscule. Boris obtient de pouvoir participer comme modèle. Mais son cheval s'emballe et il fait une lourde chute dans un ruisseau. Il en réchappe miraculeusement, mais l'accident lui brise un fémur. La fracture se ressoude mal et le laisse avec une jambe légèrement plus courte que l'autre, que Pasternak compensera par une démarche particulière[9].

La famille Pasternak fait la connaissance du compositeur Alexandre Scriabine, qui occupe une datcha voisine. En automne de la même année, Boris commence des études musicales avec Iouli Engel et Reinhold Glière[10]. À Noël 1904, premier séjour à Saint-Pétersbourg.

En octobre 1905, Boris Pasternak se fait prendre dans une manifestions étudiante[11] et en sort passablement malmené par les forces de sécurité. En décembre 1905, la famille Pasternak s'installe à Berlin. Elle y reste jusqu'au 11 août 1906. Boris découvre la musique de Richard Wagner[12]. La famille passe l'été sur l'île allemande de Rügen.

En main 1908, Boris Pasternak réussit brillamment son baccalauréat et s'inscrit à la faculté de droit de l'université de Moscou. En raison de ses résultats, il est dispensé d'examen d'entrée. On ne fait pas non plus opposition à la poursuite simultanée de ses études musicales. Il abandonne cependant la musique en 1909, malgré les encouragements de Scriabine, sous prétexte qu'il n'a pas l'oreille absolue.

Puis il étudie la philosophie en Allemagne auprès de Paul Natorp, où il réside une année avec sa famille. Revenu à Moscou en 1914, il y tisse des liens avec le groupe futuriste local. Il publie cette même année son premier recueil de poésie Un jumeau dans les nuages, sans grand écho auprès du public.

Son second recueil, Par-dessus les barrières (1917) connaît le même sort. Dans ses deux uvres de jeunesse teintées par les mouvements d'avant-garde, Pasternak cherche encore sa voie, on y décèle déjà le talent « musical » du poète qui l'éloigne du symbolisme pour le rapprocher du futurisme. Pasternak s'affirme avec son recueil suivant, Ma sur la vie (1917) qui circule sous forme de manuscrit jusqu'en 1922 avant d'être publié cette année-là.

Pendant la Première Guerre mondiale, il enseigne et travaille dans une usine chimique dans l'Oural; ce qui lui donne de la matière pour sa célèbre saga, Le Docteur Jivago, plusieurs années plus tard. Il tombe en disgrâce auprès des autorités soviétiques pendant les années 1930 ; accusé de subjectivisme ses livres parlent du passé et non du présent, son style est poétique et non socialiste il parvient néanmoins à ne pas être envoyé au Goulag. En plus de sa famille, il entretient à partir de 1947 une relation amoureuse passionnée avec Olga Ivinskaïa qui lui inspire le personnage de Lara dans Le Docteur Jivago.

Il reçoit la visite de la poétesse uruguayenne Susana Soca, directrice des Cahiers de la Licorne, qui récupère des textes de l'auteur et les traduit en espagnol pour leur première publication mondiale : Seconde naissance et Essai d'autobiographie. Elle meurt dans un accident d'avion et la correspondance Pasternak - Soca disparaît.

Le prix Nobel

La publication en 1957 en Italie aux Éditions Feltrinelli du Docteur Jivago, digne héritier de la tradition classique du roman russe, motive la décision de l'Académie suédoise qui accorde le prix Nobel à Pasternak le 23 octobre 1958. Cela déclenche la colère des autorités soviétiques, considérant l'auteur comme un « agent de l'Occident capitaliste, anti-communiste et anti-patriotique », lequel est forcé de décliner la récompense, s'épargnant à lui ainsi qu'à ses proches de lourdes sanctions - de son vivant. Il meurt deux ans plus tard des suites d'un cancer. Sur son lit de mort, il aurait dit à sa femme : « La vie a été belle, très belle, mais il faut aussi mourir un jour. J'ai aimé la vie et toi[13] ».

Après sa mort, Olga Ivinskaïa et sa fille Irina Emelianova sont arrêtées, entre autres, pour trafic de devises : le pouvoir décide de se venger[14].

Le Docteur Jivago ne paraît en Union soviétique qu'en 1985, à la faveur de la perestroïka.

uvres

  • 1914 : Un jumeau dans les nuages
  • 1917 : Par-dessus les barrières
  • 1917 : Ma sur la vie
  • 1927 : L'An 1905
  • 1927 : Le Lieutenant Schmidt
  • 1931 : Sauf-conduit
  • 1932 : Seconde naissance
  • 1957 : Le Docteur Jivago
  • 1958 : Essai d'autobiographie

Notes et références

  1. [[#CITEREFDmitri BykovBoris Pasternak, 2006|Dmitri Bykov Boris Pasternak, 2006]], p. 18
  2. Dmitri Bykov 2006, p. 20
  3. Hasard du calendrier, cette date est aussi celle du jour anniversaire de la mort d'Alexandre Pouchkine.
  4. Dmitri Bykov 2006, p. 21
  5. Dmitri Bykov rapporte la même anecdote et précise que Boris Pasternak faisait remonter à cette date précise sa « mémoire continue. »
  6. Michel Aucouturier 1990, p. XLI
  7. Michel Aucouturier 1990, p. XLII
  8. Dmitri Bykov 2006, p. 23
  9. Dmitri Bykov 2006, p. 27
  10. Michel Aucouturier 1990, p. XLII
  11. Il s'agit des obsèques de l'étudiant Nikolaï Bauman, dont le nom sera donnée par la suite à l'Université technique d'État de Moscou-Bauman.
  12. Dmitri Bykov 2006, p. 35
  13. Extrait de Le Fantôme de Staline de Vladimir Fédorovski.
  14. Voir l'ouvrage de cette dernière, Légendes de la rue Potapov, paru chez Fayard.

Bibliographie

Modèle:Autorité

  • André du Bouchet, Le Second Silence de Boris Pasternak, Rennes, La rivière échappée, 2009 (réédition d'un article de 1959 paru dans la revue Critique).
  • Dmitri Bykov (trad. Hélène Henry), Boris Pasternak [«   »], Paris, Fayard, 2011 (1re éd. 2006), 912 p. (ISBN 978-2-213-63236-0) 
  • Boris Pasternak (trad. Michel Aucouturier, préf. Michel Aucouturier), uvres, Paris, Gallimard, Modèle:Coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 363), 30 Modèle:MONTHNAME sans erreur 1990 (1re éd. 1990), 1890 p. (ISBN 2-07-011179-2) 
  • (ru)-(fr) Boris Pasternak, Poèmes (choisis par son fils, Evguéni Pasternak). Éd. Vie Ouvrière, Bruxelles, 1989 (ISBN 2-87003-229-3)

Voir aussi

Articles connexes

  • Le Docteur Jivago (film)
  • La Chanson de Lara

Liens externes

Dernière modification de cette page 03.04.2014 10:24:44

Récupérée de Boris Pasternak de l'encyclopédie libre Wikipedia. Tous les textes sont disponibles sous les termes de la Licence de documentation libre GNU.