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Musicien

Van Morrison

Van Morrison

Date de naissance 31.8.1945 à Belfast, North Ireland, Grande-Bretagne

Van Morrison

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George Ivan Morrison, dit Van Morrison — parfois surnommé Van the Man par ses fans —, né à Belfast le 31 août 1945, est un chanteur et auteur-compositeur nord-irlandais.

Biographie

Enfance

George Ivan Morrison naît le 31 août 1945 dans une petite maison de la partie est de Belfast, à la lisière de la campagne. Il est l’unique enfant d’un jeune couple issu de la classe ouvrière : sa mère Violet travaille dans un moulin et son père George est électricien sur les chantiers navals voisins. Plutôt timide et introverti, George est aussi un passionné de musique, détenteur d’une collection de disques assez improbable pour le lieu et l’époque. Par opposition, Violet, à la personnalité exubérante, chanteuse et danseuse occasionnelle, est toujours prête à user de ses talents pour animer les fêtes. Dans ce cadre favorable au développement de son oreille, le jeune Van (comme tout le monde le surnomme) découvre quelques grands noms de la musique américaine, Muddy Waters, Hank Williams, Woodie Guthrie, Charlie Parker, Mahalia Jackson et surtout Leadbelly, son préféré, qui le décide à chanter et sera pour un temps un modèle absolu, son « gourou » comme il le qualifiera lui-même. Ce savoir précocement acquis le distingue d’à peu près tous ses contemporains musiciens, qui n’ont souvent découvert leurs principales influences qu’une fois devenus étudiants. Van Morrison écoute également les musiciens de son quartier qui jouent beaucoup dans les rues, et font inconsciemment naître son intérêt pour la musique celtique traditionnelle.

La famille Morrison est protestante, mais peu pratiquante. Van est d’ailleurs envoyé au collège laïc d’Orangefield, et observera toujours les problèmes qui déchirent son pays avec distance et incompréhension : « Je n’avais pas même conscience de ces affrontements religieux avant d’être un jour apostrophé et frappé par une bande de jeunes que je n’avais jamais vus auparavant. Ils sortaient avec l'intention d’agresser les catholiques ou les protestants, je ne sais plus. Ils ont arrêté de taper lorsqu’on leur a dit qu’on n'était pas ce qu’ils croyaient. Tout cela me semblait irréel. » Violet a pourtant manifesté sa ferveur religieuse en se rendant pendant une courte période à des réunions des Témoins de Jéhovah, parfois accompagnée de son fils. Cette ouverture d’esprit et cette tolérance à l’égard des religions annoncent la quête spirituelle que le chanteur suivra au cours de son œuvre.

En 1956, une reprise skiffle à succès de Leadbelly par l’écossais Lonnie Donegan incite Van Morrison et beaucoup d’autres, les Beatles en tête à former à onze ans, un premier groupe de skiffle avec quelques amis de son quartier, les Sputniks. Il y tient les rôles de guitariste et de chanteur, armé de la guitare d’occasion offerte par son père. Le groupe d’écoliers se produit surtout lors de mariages ou d'autres fêtes religieuses, de concours de jeunes talents ou dans des foyers de jeunes. À partir de cette époque Van étudie avec assiduité la musique, apprend quelques rudiments de piano et développe une impressionnante technique à l’harmonica. Avec le rock 'n' roll s’abat une seconde vague de modèles qui l’influencent considérablement, en particulier Bill Haley, Jerry Lee Lewis, Gene Vincent, Little Richard, Chuck Berry, Bo Diddley et Buddy Holly. Il assiste aussi avec enthousiasme à l’avènement des premières stars britanniques du genre, comme Tommy Steele ou Cliff Richard, avec lequel il chantera en duo, en 1989, sur Whenever God Shines His Light On Me, et commence à écrire un peu de prose ainsi que quelques fragments de couplets pour de futures chansons.

En 1960, le jeune Van n’a pas de groupe attitré, il en change constamment mais se fait particulièrement remarquer en guitariste de Deanie Sands and The Javelins. Il abandonne l’école en juillet de cette même année, il a quinze ans et n'a aucune qualification. C’est l’époque des petits boulots, il monte même avec un ami de son âge une entreprise de laveurs de carreaux ; une expérience qu’il évoquera bien plus tard avec humour dans sa chanson Cleaning Windows. La formation The Javelins (à présent sans Deanie Sands), dans laquelle il joue de plus en plus régulièrement, subit alors de multiples métamorphoses : les adjonctions d’un pianiste puis d’une section de cuivres sous l’impulsion de Van qui passe au saxophone ténor.

Van Morrison offre pour l’occasion un jeu de scène exubérant qui lui vaut une belle réputation, et fait l’une des principales attractions du showband : il n’hésite pas à déchirer chemise et pantalon pour se rouler sur la scène. « Il était habituellement très calme, mais dès qu’il entendait de la musique, il s’animait », expliquera un témoin. Une rencontre avec un chanteur écossais détermine les plus motivés des Monarchs, à embarquer pour l’Écosse, à y faire une première tournée, pour par la suite se diriger vers Londres sur le conseil du chanteur Don Thomas. Van n’est alors qu’un adolescent de seize ans, mais il fait partie du voyage. Après une période difficile de vie de bohème, les jeunes musiciens décrochent une audition qui leur donne le droit de gagner le sud de l’Allemagne, et de jouer pour un public composé majoritairement de G.I., enchantés d’entendre les quelques chansons de Ray Charles ou de James Brown qu'on veut bien accorder à Van, le seul capable de rivaliser avec les Américains lorsqu'il est question de leur musique. Ce voyage initiatique comprend même l’enregistrement d’un 45 tours avec chansons imposées, sous le nom de Georgie And The Monarchs (dans lequel Van ne fait que jouer du saxophone) organisé à la demande d’un éminent membre du secteur allemand d’une grande maison de disques, qui paraîtra au cours de l’été 1963 et sera un petit succès en Allemagne. « La chanson était vraiment mauvaise, mais nous l’avons dotée d’un instrumental détonant », estimera Van quelques années plus tard. Les titres de ces morceaux sont Boozoo Hully Gully (face A) et Twingy Baby (face B).

De retour à Belfast, à la fin de l’année 1963, Van Morrison intègre un nouveau showband dont le guitariste est Herbie Armstrong, un collègue irlandais, avec lequel il retravaillera au cours de sa carrière solo. Ils effectuent ainsi une tournée en Angleterre, au printemps 1964, dont Van profite pour observer avec émerveillement les changements radicaux qu’a permis l’explosion des Beatles ; les jeunes groupes anglais qui reprennent des vieux standards de blues, comme les Rolling Stones et les Animals, l’intéressent plus particulièrement et lui donnent le sentiment d’un retour à la musique de son enfance. Sous leur influence, il compose des chansons, puis rentre à Belfast avec l’idée fixe de fonder sa propre formation à leur image, dans un pays resté en retrait de cette nouvelle effervescence britannique. Pour marquer le coup, il se laisse pousser les cheveux, et saute sur l’occasion lorsqu’il apprend qu’un club de rhythm and blues veut lancer un groupe. Ne pouvant réunir les musiciens qu’il souhaite, Van se rabat sur The Gamblers, une formation fondée en 1962 qu’il intègre en tant que simple saxophoniste, mais son influence ne cessera d'augmenter au cours des années suivantes. Le groupe se rebaptise rapidement Them pour éviter la confusion avec un groupe homonyme.

[réf. nécessaire]

Them

Les années que Van Morrison passe avec Them sont très formatrices pour le chanteur. Il s’installe durablement à Londres où se font les séances d’enregistrements avec le groupe. Là, il fait jouer et graver ses premières compositions, dont l'emblématique Gloria, reprise plus tard par de nombreux musiciens, dont Patti Smith sur l'album Horses. Quelques années avant la parution du Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles qui innovera radicalement dans les techniques d‘enregistrement, Morrison prend l’habitude d’expérimenter en studio, annonçant la carrière d‘artiste autoproduit qu’il suivra plus tard par souci d‘indépendance. Il inaugure également ses légendaires prises de bec avec l’industrie du disque et les médias. Quelques rencontres marquantes jalonnent le parcours de l’Irlandais au sein de Them : celles du producteur Bert Berns, des claviéristes Peter Bardens et Phil Coulter qui interviendront dans des albums ultérieurs, et celle de sa future femme Janet Planet dont il est déjà amoureux lorsqu'il abandonne le groupe en 1966. Van a vraisemblablement rencontré Janet, jeune actrice californienne, au cours d’un concert de la tournée américaine de Them. Pourtant Morrison relativisera l’importance de ce groupe dans le développement de sa carrière

La période Bang Records

Lorsque Van Morrison quitte Them en juillet 1966, il n’est que l’ex-chanteur d’un groupe qui a eu son heure de gloire, comme beaucoup de ses jeunes contemporains. Dans beaucoup de cas, ceux-ci se sont finalement reconvertis dans un domaine absolument étranger à la musique, ou en sont devenus des industriels après avoir été engagés par une quelconque maison de disques. Morrison, qui souhaite ardemment continuer à chanter et à composer, est donc dans une situation plus délicate qu’il n’y paraît, d’autant plus que les concerts de Them à Belfast lui ont valu une réputation plutôt mauvaise. Sur le conseil de Phil Coulter, Van se procure un magnétophone avec lequel il peut enregistrer tout seul sur sa guitare acoustique des maquettes de chansons dans un esprit très différent de celui qui animait la musique de Them. Cette recherche d’une musique essentiellement personnelle aboutit deux années plus tard, à la conception de son chef-d’œuvre précoce Astral Weeks. Pour l’heure, Morrison n’a obtenu qu’une invitation de son ami, le guitariste Herbie Armstrong, à rejoindre son groupe The Wheels, ainsi qu’une vague proposition de lancement d’une carrière solo chez Philips dont la rédaction du contrat traîne en longueur. L’offre d’Armstrong ne le satisfait pas véritablement non plus, puisqu’il ne veut pas renouveler une expérience semblable à celle de Them, il entend dès à présent jouer ce qui lui plaît. Alors qu’il a de plus en plus de difficultés à se faire engager pour assurer des concerts, le chanteur reçoit le coup de téléphone providentiel de l’américain Bert Berns (voir Them) qui lui propose de produire quatre 45 tours, soit huit chansons, à la seule condition qu’il se déplace pour enregistrer dans un studio de New York.

La situation de Berns a par ailleurs considérablement évolué depuis l’époque où Van l’a rencontré au sein de Them : il a en effet obtenu l’autorisation de la maison de disques Atlantic Records, où il travaillait, de fonder son propre label Bang Records, en grande partie financé par son ancienne entreprise. Van accepte la proposition, d’abord par nécessité et dans l’intention de retrouver Janet Planet, mais aussi parce que Berns est jusqu'alors le seul dans le milieu de la musique sur lequel il pense pouvoir compter. Il achète donc sa place d’avion, convaincu d'éviter autant de compromis que possible. Dès son arrivée, il confie ses bandes à Berns qui semble séduit, mais déchante rapidement lorsqu’il rencontre les musiciens payés pour l’accompagner : il ne compte pas moins de trois guitaristes dans la formation ! En deux jours, les 28 et 29 mars 1967, sont enregistrés les huit titres dans un style bien éloigné du dépouillement qu’avait rêvé Morrison pour ses chansons. Brown Eyed Girl, le premier 45 tours issu de ces séances paraît en juillet 1967, s’impose petit à petit aux États-Unis et entre dans le top 20, constituant à ce jour l’un des plus grands tubes de Van Morrison dans ce pays.

Morrison, revenu à Belfast peu après la session, est rappelé par Berns pour assurer la promotion du 45 tours. Il occupe alors avec Janet Planet, jeune mère de leur fils Peter, une chambre d’hôtel à New York, et accepte les diverses apparitions promotionnelles qui lui sont imposées. Peu après la sortie du deuxième 45 tours Ro Ro Rosey, paraît, en septembre 1967, le premier album de Van Morrison Blowin' Your Mind ! qui rassemble tous les titres de la première session, sans l'accord de Van et même sans qu’il en ait été averti. Malgré ou en raison de la sortie peu opportune de ce disque, le chanteur accepte une nouvelle fois de faire confiance à Bert Berns, qui lui propose une seconde séance d’enregistrement pour le mois de novembre 1967, en lui promettant cette fois une totale liberté artistique. C’est pourtant dans des circonstances très proches de celles de la première session que sont enregistrées huit nouvelles chansons. Parmi celles-ci, on trouve notamment les premières moutures de Madame George et Beside You que Morrison reprendra plus tard sur Astral Weeks. En décembre 1967, Berns meurt, terrassé par une crise cardiaque.

[réf. nécessaire]

Les débuts prometteurs

L’état d’esprit de Van Morrison à cette période cruciale de sa carrière est clairement restitué par cet extrait d’une interview datant de cette époque Fort de cette révélation, après un déménagement à Cambridge et son mariage avec Janet Planet, Morrison forme un groupe électrique qui se réduit rapidement à un trio acoustique, avec le contrebassiste Tom Kielbania et le flûtiste John Payne. L’heure est à l’expérimentation, et l’étrange synthèse de jazz, de rock et de poésie proposée par l’Irlandais n’est pas plébiscitée : Ce n’est qu’après coup que les gens ont capté ce que l’on faisait. Peut-être que maintenant c’est évident, mais à l’époque personne n’en avait la moindre idée. Nous jouions dans des clubs, et des particuliers comme Jimi Hendrix venaient, prenaient place devant nous et restaient toute la nuit. Il semblait que les musiciens nous comprenaient, mais que le grand public ne savait pas où nous étions. En 1966 lors d'une session avec Jim Morrison et les Doors au club Whisky a Go Go, les deux Morrison, aussi enragés l'un que l'autre, jouent sur un mémorable Gloria, session immortalisée dans le Best off des Doors en 4 CD. Recommandé à la Warner Bros par une ancienne connaissance de l’époque de Them, Van Morrison s’offre les services de management de la société Inherit Productions qui fait office d’intermédiaire en lui décrochant un contrat le liant à la Warner le temps de deux disques. Par ailleurs, le label Bang Records réclame encore un album à Van Morrison. L'artiste cède par provocation les bandes d’une trentaine d’improvisations bâclées, enregistrées pendant les deux sessions problématiques de 1967 commanditées par Bert Berns[1]. Ce pied de nez met un terme aux rapports difficiles qu’entretenait le chanteur avec son ancienne maison de disques. Inherit Productions prend en charge la production du premier album que Van doit fournir à la Warner, et engage un petit groupe de jazzmen chevronnés pour accompagner le jeune homme pendant deux sessions en septembre et octobre 1968, qui aboutissent à la sortie de l’album Astral Weeks en novembre de la même année. En février 1969, Van Morrison et sa femme Janet Planet emménagent à Woodstock, non loin de chez Bob Dylan et de The Band. Là, probablement influencé par ces derniers, il monte son propre groupe électrique, et enregistre Moondance qui sort en février 1970. Pour la première fois, le chanteur produit lui-même son album, avec une liberté artistique presque totale. Plus lumineux que le précédent, et bon succès commercial, ce disque semble être une bonne introduction à la musique de Van Morrison. Les chansons y sont toutes mémorables, mais plus particulièrement And It Stoned Me, Moondance, Caravan et Into the Mystic, figurent parmi les plus connues du chanteur. L'intense joie de vivre qui illumine alors sa musique sera en partie expliquée par la naissance de sa fille Shannon en juillet 1970. Cette année bien remplie s'achève sur l'enregistrement et la sortie de l'album His Band and the Street Choir, plus rhythm and blues que Moondance, l'album respire le bonheur domestique de Van Morrison.[réf. nécessaire]

Californie

Après un concert d'adieu calamiteux au Fillmore East de New York et un duo avec The Band pour la chanson Four Per Cent Pantomime de l'album Cahoots, le couple s'installe, en avril 1971, à San Rafael en Californie sous l'impulsion de Janet Planet. Afin de pouvoir enregistrer un album dans les mois prochains, Van Morrison se met à contrecœur à la recherche de nouveaux musiciens, les précédents n'ayant pas été assez disponibles pour le suivre. Il décide également d'investir dans un petit home-studio 16 pistes qui lui donne plus de liberté dans son travail, et collabore avec John Lee Hooker sur Never Get Out Of These Blues Alive et Born In Mississippi, Raised Up In Tennessee. En prévision du futur disque, la Warner lui assigne le coproducteur Ted Templeman. Mais le chanteur ne l'entend pas de cette oreille :

Je lui ai accordé les crédits de coproduction pour qu'il fasse ce que je ne voulais pas faire. Etre sûr du mixage. Je lui envoyais les bandes et lui expliquais comment je voulais qu'elles soient mixées. Je pouvais être n'importe où, par exemple en vacances, je l'appelais et lui disais ce que je voulais. Il s'en occupait ensuite avec l'ingénieur du son.

Templeman est un peu débordé, si l'on en croit son propre témoignage :

Les aptitudes de Van en tant que musicien, arrangeur et producteur sont la chose la plus effrayante que j'aie vue. Quand il a une idée, il veut l'essayer immédiatement sans overdubs. Il travaille vite et en exige autant de n'importe quel collaborateur. J'ai dû remplacer des ingénieurs du son qui n'ont pas su s'adapter.

Cette collaboration peu équilibrée prend fin après trois disques coproduits : Tupelo Honey, Saint Dominic's Preview (en partie coproduit) et It's Too Late to Stop Now. Templeman déclarera plus tard :

Je ne travaillerai jamais plus avec Van Morrison, même s'il m'offrait deux millions de dollars. J'ai vieilli de dix ans en produisant trois de ses disques.

Et c'est la dernière fois que la Warner intervient dans la production d'un disque du chanteur.

Parallèlement à la sortie de l'album Tupelo Honey en novembre 1971, Van Morrison mène une vie de reclus qui n'est pas du goût de Janet Planet. Actrice débutante, elle voudrait s'émanciper en acceptant certains rôles qu'on lui propose, mais son mari la décourage, préférant avoir sa femme au foyer. Janet est frustrée :

Nous ne sortons jamais. Nous menons une vie incroyablement calme, et partir en tournée est la seule distraction que nous ayons.

Très sollicité par son public, le chanteur s'adapte mal aux concerts dans de gigantesques stades devant des milliers de fans incontrôlables. Tour à tour pétrifié ou bien extrêmement excité par un trac qu'il n'est pas toujours capable de maîtriser, Van Morrison ne donne le meilleur de lui-même que lorsqu'il peut faire abstraction de son auditoire. Après la débâcle du Fillmore East, il offre une prestation extraordinaire à un public de deux cents personnes au Pacific High Studio, avec notamment une reprise remarquée mais jamais commercialisée de Just Like A Woman de Bob Dylan. Pourtant, quelques semaines plus tard, deux jours avant de jouer dans l'une des plus grandes salles de San Francisco, il annonce qu'il se retire de la scène. Sous la pression, il donne finalement un concert durant lequel il ignore parfaitement son public et refuse un rappel jusqu'à ce que le bluesman Taj Mahal lui parle dans les coulisses pour le faire changer d'avis. Un peu plus tard, Morrison chante au Lion's Share de San Anselmo, à quelques kilomètres de chez lui, et tout se déroule si bien qu'il prend l'habitude d'y donner des spectacles impromptus, comme l'expliquera Stephen Pillster, son manager d'alors :

Il appelait ses musiciens un peu plus tôt dans l'après-midi pour savoir s'ils avaient envie de jouer ce soir. Ensuite je joignais le propriétaire du club, qui réservait une des scènes pour la nuit.

Non annoncées et donc sans aucune publicité, ces apparitions régulières lui évitent d'affronter les attentes du public qui lui pèsent tant. À propos de ses rapports compliqués avec la scène, Van Morrison s'est expliqué plus tard :

Je n'ai jamais été à l'aise en concert. Je ne le suis toujours pas. Je ne me suis jamais adapté parce qu'à mes débuts quand on animait des bals, dès qu'on avait fini quelques chansons, on se mêlait au public. Il n'était pas question d'être une star.

L'un après l'autre, au cours de ses fréquents spectacles, le chanteur présente les morceaux qui constitueront son imposant prochain album Saint Dominic's Preview, commercialisé en juillet 1972. La sortie de ce disque sonne l'heure du rappel pour les anciens musiciens de Woodstock qui déménagent un à un en Californie et renforcent le groupe d'un Van de plus en plus confiant. Mais ce n'est qu'après le retour de Jeff Labes, pianiste clé de la formation, que Morrison est accompagné par un groupe officiellement baptisé Caledonia Soul Orchestra. L'adjonction d'une section de cordes achève, en avril 1973, la constitution de la formation souvent considérée la meilleure dont Van Morrison ait jamais disposé.

À cette époque Van Morrison travaille gratuitement comme disc-jockey d'une radio locale de San Rafael, ce qu'il apprécie beaucoup :

Je joue des disques qui ne le seraient pas sinon, dans une ambiance spontanée et décontractée.

La construction de son home studio lui permet de produire Sweet Sixteen pour la chanteuse Jackie DeShannon. Celle-ci ouvrira plus tard en première partie plusieurs concerts de Morrison, cette collaboration prolongée fait jaser certains journalistes qui n'hésiteront pas à annoncer une tournée commune et un album de duos. Van dira à ce propos :

Il ne s'agit que de rumeurs lancées par des magazines. Ils écrivent à propos de choses dont ils ne savent rien, juste pour se faire de l'argent. C'est comme ça qu'ils existent.

Plus rien ne va entre Van et Janet qui fuit la maison familiale avec leur fille Shannon (surnommée Shana) et demande le divorce assorti d'une pension pour avoir soutenu son époux durant les années difficiles. Ce triste événement est immédiatement suivi en juillet 1973 par la sortie de l'album Hard Nose the Highway, enregistré avec le gros du Caledonia Soul Orchestra dans le studio personnel de Van Morrison, et dont il dira qu'il est son premier disque sur lequel il a exercé un contrôle total.

L'Irlandais passe l'été 1973 en tournée, d'abord aux États-Unis, puis en Europe et plus particulièrement en Grande-Bretagne où il n'a pas donné de concerts depuis l'époque de Them. La critique unanime salue le retour d'une star adulée et immensément respectée : toujours soutenu par une formation idéale, le chanteur donne quelques prestations scéniques inoubliables pour ceux qui ont le privilège d'en être. En dépit d'un jeu de scène minimaliste, Morrison réussit à marquer les esprits de ses spectateurs, parmi lesquels un journaliste qui écrira :

J'ai été témoin de ce que je ne peux décrire que comme une anti-performance des plus incroyables. Merde, il bougeait à peine ! Je dois avouer que je n'ai jamais été autant captivé par une telle absence volontaire de distractions visuelles.

De plus, Van s'évertue à rendre chaque soirée unique, ce qu'il justifie à sa façon :

Il n'y a pas de concerts modèles. Ce groupe ne peut pas faire de spectacle prévu. Nous sommes forcés de décoller.

Cette tournée exemplaire s'achève après un retour aux États-Unis et servira de support au prochain disque live du chanteur It's Too Late to Stop Now à paraître en février 1974.

En octobre 1973, le chanteur irlandais s’accorde quelques jours de vacances et décide de parcourir son île natale. Durant ce bref séjour Van Morrison revisite les lieux de son enfance, fait le touriste et surtout prépare son prochain album Veedon Fleece dont il compose la majorité des titres. Dès son retour en Californie il réunit ses musiciens du Caledonia Soul Orchestra pour leur présenter ses nouvelles chansons et poursuivre l’élaboration de deux projets parallèles qui n’aboutiront finalement pas : un album country qui a été partiellement enregistré, et un disque de Noël. Les mois suivants sont donc lourdement occupés par de fréquentes et erratiques séances studio desquelles seul émergera l’album Veedon Fleece en octobre 1974. En fait, Morrison prend là l’une des décisions les plus controversées de sa carrière en démantelant la formation idéale qu’il avait patiemment constituée depuis Moondance, et ce disque permet à l’auditeur de saisir un groupe en pleine mutation.

Sur les cendres de ce mythique groupe (c’est-à-dire que les seuls rescapés en sont le batteur et le bassiste), Van Morrison fonde l’éphémère Caledonia Soul Express qui part en tournée à travers les États-Unis et l’Europe à partir de mars 1974. Il n’y a plus de section de cordes ni de trompettiste, mais on relève la présence d’un flûtiste/saxophoniste succédant à Jack Schroer. Ce dernier, miné par la drogue et dorénavant incapable d’assumer ses responsabilités de musicien, entame une discrète carrière de camionneur dont il ne s’écartera plus malgré les instances de Van lui-même quelques années plus tard. Au cours d’une halte à Amsterdam, le chanteur enregistre les deux faces d’un 45 tours avec son nouveau groupe, dans un style très rhythm and blues : une reprise du classique de Louis Jordan Caldonia rebaptisée Caledonia, et le presque instrumental What’s Up Crazy Pup. Dès la fin de la tournée, Morrison limoge une nouvelle fois son groupe et déclare : « Il n’y avait rien d’autre à faire dans ce contexte. »

Au verso de la pochette du CD « Inarticulate... » (1983), Van Morrison adresse ses special thanks à Ron L. Hubbard, le fondateur de la scientologie.

Bibliographie

  • Barney Hoskyns (trad. de l'anglais par Corinne Julve), Tom Waits, une Biographie : Swordfishtrombones et chiens mouillés [« Lowside of the Road: A Life of Tom Waits »], Payot & Rivages, 2011, 456 p. (ISBN 978-2743624675). 
    Cette traduction ne reprend aucune des illustrations ou photos des éditions originales

Discographie

Période Bang

Album original

  • Blowin' Your Mind! (1967) #182 E-U

Compilations

  • TB Sheets (1974)
  • Bang Masters (1991)
  • Payin' Dues (1994)
  • New York Sessions '67 (1997)
  • Playlist: The Very Best of Van Morrison (The Bang Years) (2009)

Les années Post-Bang

Albums originaux

  • Astral Weeks (1968)
  • Moondance (1970) #29 E-U
  • His Band and the Street Choir (1970) #32 E-U
  • Tupelo Honey (1971) #27 E-U
  • Saint Dominic's Preview (1972) #15 E-U
  • Hard Nose the Highway (1973) #27 E-U
  • It's Too Late to Stop Now (1974) #53 E-U (live)
  • Veedon Fleece (1974) #53 E-U
  • A Period of Transition (1977) #43 E-U
  • Wavelength (1978) #28 E-U
  • Into the Music (1979) #43 E-U avec Ry Cooder et Mark Isham (Polydor)
  • Common One (1980) #73 E-U
  • Beautiful Vision (1982) #44 E-U
  • Inarticulate Speech of the Heart (1983) #116 E-U
  • Live at the Grand Opera House, Belfast (1984)
  • A Sense of Wonder (1985) #61 E-U
  • No Guru, No Method, No Teacher (1986) #70 E-U
  • Poetic Champions Compose (1987) #90 E-U
  • Irish Heartbeat (1988) avec le groupe The Chieftains #102 E-U
  • Avalon Sunset (1989) #91 E-U
  • Enlightenment (1990) #62 E-U
  • Hymns to the Silence (1991) #99 E-U
  • Too Long in Exile (1993) #29 E-U
  • A Night in San Francisco (1994) #125 E-U
  • Days Like This (1995) #33 E-U
  • How Long Has This Been Going On (1996) #55 E-U
  • Tell Me Something: The Songs of Mose Allison (1996)
  • The Healing Game (1997) #32 E-U
  • Back on Top (1999) #28 E-U
  • The Skiffle Sessions - Live In Belfast 1998 (2000) avec Lonnie Donegan
  • You Win Again (2000) avec Linda Gail Lewis #161 E-U
  • Down the Road (2002) #25 E-U
  • What's Wrong with this Picture? (2003) #32 E-U
  • Magic Time (2005) #25 E-U
  • Pay The Devil (2006) #26 E-U
  • Keep It Simple (en) (2008) #10 E-U
  • Astral Weeks - Live At The Hollywood Bowl (2009)
  • Born To Sing: No Plan B (2012)
  • Duets: Re-working The Catalogue (2015)
  • Keep Me Singing (2016)
  • Roll with the Punches (2017)
  • Versatile (2017)
  • You're Driving Me Crazy avec Joey Defrancesco (2018)

Compilations

  • The Best of Van Morrison (1990)
  • The Best of Van Morrison : Volume Two (1993)
  • The Philosopher's Stone : The Unreleased Tapes (1998)
  • At The Movies - Soundtrack Hits (2007)
  • Still On Top - The Greatest Hits (2007)


Références

  1. pour plus de détails, voir Payin' Dues

Liens externes

Dernière modification de cette page 05.11.2018 11:31:15

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