Daniel-François-Esprit Auber

Daniel-François-Esprit Auber

Date de naissance 29.1.1782 à Caen, Basse-Normandie, France

Date de décès 13.5.1871 à Paris, Île-de-France, France

Daniel-François-Esprit Auber

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Daniel-François-Esprit Auber
Activité principale Compositeur
Style
Grand opéra, Opéra-comique
Activités annexes Directeur du Conservatoire de Paris (1842-1871)
Collaborations Eugène Scribe
Maîtres Jean-Blaise Martin, Ignaz Ladurner, Luigi Cherubini
Distinctions honorifiques Académie des beaux-arts (1829)
Grand Officier de la Légion d'honneur (1861)

Daniel-François-Esprit Auber est un compositeur français, né à Caen le 29 janvier 1782[1] et mort à Paris le 12 mai 1871[1].

S'il sinspira à ses débuts de lauteur du Barbier de Séville, Gioachino Rossini, il perpétua surtout la tradition de l'opéra-comique français dans la lignée de François-Adrien Boieldieu. Il inspira, avec Jacques-Fromental Halévy, Richard Wagner lorsque celui-ci écrivit Rienzi.

Parisien obstiné « nayant jamais eu le temps » de se promener hors de la capitale, épicurien, mélodique et spirituel, il fut galant plus que passionné, élégant et garda, dans lextrême vieillesse, une fine intelligence et une verve aimable. Il a été un musicien invariablement heureux, aimé, promu par ses contemporains, en raison de ses succès, au rang de grand maître. À ses indéniables qualités, il ajoutait un humour qui le rendit encore plus sympathique. Navait-il pas coutume de dire : « Si jassistais à un de mes ouvrages, je n'écrirais de ma vie une note de musique »[2] ?

Biographie

Auber est issu d'une famille d'artistes aux relations privilégiées avec la royauté. En effet, son grand-père fut peintre de Louis XVI et son père, « officier des chasses du Roi », fut à la fois peintre et grand amateur de musique à la Cour.

Premiers contacts musicaux

À la suite de la Révolution, la famille sinstalle à Paris où Auber père ouvre un commerce d'estampes. Cest durant cette période quAuber, grâce aux relations de son père, développe un goût pour la musique. Son premier professeur, baryton de lOpéra-Comique, est Jean-Blaise Martin, célèbre pour avoir donné son nom à une tessiture. Auber manifeste rapidement des prédispositions intéressantes pour la musique en composant quelques romances et petits airs italiens

Malheureusement pour lui, son père le destine à reprendre son affaire parisienne. Le jeune homme est donc envoyé à Londres en 1802 après la signature de la paix dAmiens, pour y apprendre les rudiments du commerce et langlais. Mais la reprise des hostilités dès 1803 et son peu de goût pour le commerce le ramène en France, pourvu du fameux « flegme britannique », ce soin à dissimuler leffort pour ne laisser voir que le gentleman, qui le caractérisera toute sa vie alors que pour la musique on ne pourrait pas être plus français que lui.

Auber se réinstalle donc à Paris, capitale de lEurope musicale depuis la chute de lAncien Régime ; ville quil ne quittera plus jamais. Comme il le dit lui-même, il nen sentit jamais le besoin : « Scribe ma fait parcourir, dans ses livrets dopéra, tant de pays divers, quil est bien naturel que jaime à me retrouver à Paris. »[3]

Musicien amateur

De retour, Auber commence sa carrière en dilettante, son père ayant pu redresser sa fortune compromise par ses fonctions auprès du roi et son commerce étant prospère. Il prend des leçons avec le pianiste Ignaz Ladurner et se produit parallèlement dans des salons. Il compose un petit opéra-comique, LErreur dun moment, joué en 1805 par une société damateurs à Paris et de la musique de chambre, ainsi que quelques concertos pour violoncelle.

En 1808, son Concerto pour violon en ré pour le célèbre violoniste Jacques Féréol Mazas obtient un immense succès lors de sa première exécution au Conservatoire de Paris. Pour la première fois, Auber émerge de la foule de compositeurs amateurs et attire l'attention des artistes, notamment Cherubini. Ce dernier aurait déclaré à Auber père : « Votre fils ne manque pas dimagination mais il lui faudrait commencer par oublier ce quil sait, en supposant quil sache quelque chose. »[3] Voilà qui décide le jeune Auber à étudier pendant trois années avec ce maître exigeant, qui, dans le même temps, lui trouve un mécène : le prince de Chimay. Cest sous sa protection et dans son château en Belgique quAuber crée en 1812 Jean de Couvin, son deuxième opéra-comique.

Enhardi par ce succès et bénéficiant du soutien de Jean-Nicolas Bouilly, considéré par Beethoven comme un des meilleurs librettistes de son temps (c'est un de ses pièces qui inspira Fidelio), Auber compose sur lun de ses livrets son premier opéra, Le Séjour militaire créé en 1813 à l'Opéra-Comique, où règne alors sans partage Nicolo. Le feuilletoniste Martainville fait grâce au compositeur débutant : « Il y a un grand mérite dans la composition de M. Auber : point de bruit, point de recherche, un chant soutenu, des motifs charmants, de l'esprit scénique et une sagesse inconcevable pour son âge. »[3]. Malheureusement, l'uvre ne rencontre quun succès destime.

Pendant six ans, Auber délaisse la composition et fréquente les salons, notamment celui de François-Antoine-Eugène de Planard, auteur d'opéra-comique en vogue, à Passy où se réunissent de nombreux artistes et où Auber peut s'adonner à l'improvisation au piano. Planard se prend d'affection pour lui et lui fournit le livret d'un deuxième opéra-comique : Le Testament et les Billets doux (1819). C'est un nouvel échec qui conduit Auber à sintéresser plus attentivement à la question du livret.

Débuts dune carrière professionnelle

La mort de son père, ruiné, en 1819, alors quil a 37 ans, le met pour la première fois de sa vie devant ses responsabilités financières mais aussi familiales puisquil est désigné soutien de famille (de sa mère et de son jeune frère), bien quil soit célibataire. Auber qui se distrayait auparavant à pasticher Mozart envisage donc de subvenir à ces responsabilités en embrassant la carrière de musicien professionnel. À partir de cette date, Auber devient un compositeur prolifique, composant en moyenne une uvre lyrique par an.

Dans la première dentre elles, La Bergère châtelaine, créée en 1820 à nouveau sur un livret de Planard, Auber se dégage des banalités conventionnelles pour développer une individualité, des coupes nouvelles, des mélodies originales. L'uvre est très applaudie mais critiquée par la presse. Il ne se décourage pas et en 1821, avec lopéra-comique en trois actes Emma ou la Promesse imprudente, sur un meilleur livret, il remporte un véritable succès tant à Paris (121 représentations jusquen 1832 à lOpéra-Comique) quen province.

Rossini et Scribe

1823 est lannée charnière dans les orientations artistiques dAuber. Un dîner organisé par Michele Enrico Carafa lui permet de rencontrer Gioachino Rossini, un des compositeurs les plus réputés de son temps, qui vient sinstaller à Paris pour prendre la direction du Théâtre-Italien. Il en est profondément marqué : « Rossini avait une fort belle voix de baryton. [] Quant à son art daccompagner, il était merveilleux ; ce n'était pas sur un clavier, mais sur un orchestre que semblaient galoper les mains virtigineuses du pianiste. Quand il eut fini, je regardais machinalement les touches d'ivoire ; il me semblait les voir fumer. En entrant chez moi, javais grande envie de jeter mes partitions au feu. "Cela les réchauffera peut-être" me disais-je avec découragement. À quoi bon faire de la musique quand on nen sait pas faire comme Rossini ? »[3] Mais ce moment de découragement passé, il découvre peu à peu la musique de Rossini, la digérant et renonçant à sa froideur et à sa correction gourmée pour adopter une allure libre, élégante, décidée et pleine dentrain (on a dit de lui quil « faisait danser les chaises »[4]). Finalement, Rossini lui rendra le compliment dès La Muette de Portici : « Auber fait de la petite musique, d'accord ; mais il l'écrit en grand musicien. »[3]

Néanmoins, cest dun bon librettiste quAuber a surtout besoin. Il a la bonne fortune de rencontrer celui qui deviendra le plus important librettiste du siècle en la personne d'Eugène Scribe, auteur des meilleurs livrets dopéras du siècle. Ils sentendront à merveille (37 ouvrages en commun) et se compléteront parfaitement jusquà la mort de Scribe en 1861 (ils avaient lhabitude de se voir ou de correspondre quotidiennement lorsquils préparaient un ouvrage). Leur première collaboration, lopéra-comique en trois actes Leicester ou le château de Kenilworth daprès Walter Scott, remporte un solide succès, malgré un langage musical d'inspiration rosinienne sans réelle personnalité. Leur seconde collaboration a lieu la même année. Le succès nest pas en reste non plus puisque La Neige ou le Nouvel Eginhard a droit à 145 représentations au théâtre Feydeau. À partir de ce moment, la quasi-totalité des ouvrages dAuber et de Scribe dépasseront les cent représentations dans le siècle à la salle Favart. Citons à titre dexemple encore, Léocadie (1824), un autre opéra-comique moins connu, qui sera joué quand même 120 fois en huit ans.

Le 3 mai 1824, cest le premier grand succès dAuber avec Le Maçon, un opéra-comique en trois actes (dont une ronde est toujours célèbre de nos jours). Il y aura 525 représentations de 1825 à 1896) à lOpéra-Comique et ce succès passera les frontières. La voie dAuber vers la gloire était désormais tracée.

La Muette de Portici ou la naissance du « Grand opéra »

Cest alors que lOpéra de Paris, établi depuis peu rue Le Peletier, lui confie la composition dun opéra en cinq actes sur un épisode historique (la révolution de Naples en 1647 et la révolte de Masaniello) avec pour héroïne une ballerine muette. Le 29 février 1828, cest la première de La Muette de Portici, le titre étant modifié pour éviter une confusion avec le Masaniello de Carafa joué en 1827. Les costumes et les décors de Ciceri, la mise en scène spectaculaire de Solomé, le talent des deux interprètes, la soprano Laure Cinti-Damoreau dans le rôle dElvire et le ténor Adolphe Nourrit dans le rôle de Masaniello, la grâce de la ballerine Lise Noblet dans le rôle-titre, conjugués au livret revisité par Scribe assurent un triomphe à cette uvre.

De 1828 à 1882, la pièce occupera laffiche pour un total de 505 représentations à Paris. Elle sera plus tard traduite dans toute lEurope, encensée par Wagner qui la dirigera très souvent en Allemagne. Le 25 août 1830 à Bruxelles, le duo « Amour sacré de la patrie » fut applaudi à outrance ; à la sortie du théâtre de la Monnaie se formèrent des attroupements enflammés, puis on se rendit au journal Le National et au Palais de Justice. Ainsi, La Muette donna véritablement le signal de la révolution belge à la suite de laquelle la Belgique prit son indépendance en se séparant du Royaume des Pays-Bas.

En 1829, Auber succède à François-Joseph Gossec en tant que membre de l'Académie des Beaux-Arts. Il est élu à la majorité absolue des trente-cinq votants au troisième tour du scrutin après l'élimination successive d'Antoine Reicha et Stanislas Champein.

Sur le plan historique, cet ouvrage jette les bases du Grand opéra historique français. Louis Véron, nouveau directeur de lOpéra en 1831, tire du succès de La Muette de Portici une leçon sur les goûts pour le spectaculaire des Parisiens et lance de nombreux projets dans ce nouveau genre, toujours sur des livrets de Scribe, avec pour les plus réussis Guillaume Tell de Gioachino Rossini (1829), Robert le Diable de Giacomo Meyerbeer (1831) ou encore La Juive de Jacques-Fromental Halévy (1835).

Auber sy essaie lui-même à nouveau dans Le Dieu et la Bayadère (1830) avec encore une protagoniste ballerine, Le Philtre (1831) dont le livret servira également à L'elisir d'amore de Gaetano Donizetti en 1838, Gustave III ou le Bal masqué (1833) avec ses 300 figurants dans la scène finale du bal et dont le sujet sera repris par Giuseppe Verdi en 1859 dans Un ballo in maschera, ou encore Le Lac des fées (1839). Mais lenthousiasme initial, malgré des partitions tout aussi plaisantes, ne sera jamais atteint, sauf en Allemagne avec Le Lac des fées[5].

Ces succès qui en appelleront beaucoup dautres va considérablement changer sa situation matérielle. Le compositeur Adolphe Adam fait dailleurs remarquer ceci : « Je ne sache pas un compositeur qui ait pu se faire fortune grâce à ses ouvrages. Auber sera peut-être le seul qui, grâce à sa prodigieuse fécondité, ait pu arriver non pas à de la fortune, mais à une belle aisance. »[6] Dès lors, Auber na quà concilier composition, tâches administratives de plus en plus lourdes à la suite de ses diverses nominations, équitation, brèves aventures sentimentales avec ses interprètes - la compositrice de romances Pauline Duchambge demeurera sa compagne la plus fidèle - et soirées théâtrales.

Une institution dans lart musical français

Cest finalement à lopéra-comique, toujours aidé de son complice Scribe, sans égal pour construire des livrets agréables et intéressants, quAuber va se consacrer avec le plus de succès et de régularité à partir du triomphe de Fra Diavolo (1830). Dès lors, il y figurera immanquablement à laffiche au moins une fois par an pour une création ou une reprise, et ce jusquà sa mort. Notons par exemple sa participation en 1831 à louvrage collectif La Marquise de Brinvilliers qui le reconnaît au milieu de ses pairs comme Boieldieu, Cherubini, Berton, Hérold, Paër et Carafa.

Outre Fra Diavolo et ses 909 représentations au cours du siècle salle Favart, Auber donnera successivement plusieurs opéras-comiques qui sont encore aujourdhui considérés comme des chefs-d'uvre de ce répertoire, si ce nest des chefs-duvre de lart lyrique français du XIXe siècle, et trouveront à létranger un important public. Parmi eux figurent Le Cheval de bronze (1835), une des meilleures partitions d'Auber[7], Le Domino noir (1837) qui restera comme le plus grand succès populaire dAuber avec ses 1209 représentations uniquement à la salle Favart au cours du siècle, Les Diamants de la couronne (1841), La Part du Diable (1843) et Haydée ou le Secret (1847).

Cest au cours de cette période quAuber gagne définitivement le statut de chef de file de lécole française, aidé par lincompréhension du public pour luvre d'Hector Berlioz et la mort prématurée d'Hérold. Seul Halévy peut prétendre approcher sa réputation.

Cest donc sur cette dynamique quAuber parcourt lensemble des étapes dune carrière honorifique. En 1839, il est désigné directeur des Concerts de la Cour de Louis-Philippe. En 1842, il obtient le titre le plus important de sa carrière, celui de directeur du Conservatoire où il succède à Luigi Cherubini (Auber bénéficie à l'époque d'une telle notoriété que certains affirment que c'est l'opinion publique qui le choisit pour ce poste et que Louis-Philippe Ier n'eut qu'à contre-signer cette décision populaire[3]). Il devient enfin directeur de la Chapelle impériale en 1852.

Fin de carrière

À partir des années 1850, les goûts du public dart lyrique changent petit à petit. Lopéra-comique qui a dominé la scène lyrique parisienne pendant plus de cinquante ans a moins damateurs. Auber compose presque autant quauparavant mais ses uvres ne font plus autant recettes. La mode à Paris est aux opéras-bouffes de Jacques Offenbach, aux opérettes d'Hervé ou aux opéras de Giuseppe Verdi, Charles Gounod et Ambroise Thomas.

Auber réussit quand même à 74 ans un dernier coup de maître avec son opéra-comique Manon Lescaut (1856) bien avant le succès sur le même thème de la Manon de Jules Massenet (1884) et de la Manon Lescaut de Giacomo Puccini (1893).

Son dernier opéra-comique en trois actes, Rêve damour, sur un livret d'Adolphe d'Ennery et Eugène Cormon, nest en revanche représenté que seulement 27 fois.

Même si son uvre est moins appréciée, il demeure respecté pour sa carrière et lampleur et la qualité de son uvre. Il est dailleurs fait Grand Officier de la Légion d'honneur en 1861. Au Conservatoire, il continue à favoriser lenseignement vocal et orchestral ainsi que les activités lyriques mais avec lâge son énergie se fait moindre.

Le 12 mai 1871, Auber meurt dans les bras dAmbroise Thomas, son futur successeur au Conservatoire, alors que Paris est livré à la tourmente de la Commune.

Ses funérailles, qui eussent été officielles en temps plus calme, se déroulent dans la plus stricte discrétion à l'église de la Sainte-Trinité. En 1877, un monument funéraire est élevé à son honneur dans la 4e division du cimetière du Père-Lachaise.

Style

Auber est considéré par beaucoup de musicologues comme l« anti-Berlioz ». Tenant de lacadémisme en vigueur dans la première moitié du XIXe siècle, il va être à ce titre dédaigné par les musiciens mais aussi le public du XXe siècle. Seuls certains airs de bravoures et quelques ouvertures lont maintenu péniblement dans limaginaire collectif. Sa musique mérite certainement meilleure considération si lon se place dans le contexte social et culturel de lépoque surtout quen plus, Auber ne manque pas de qualité.

Auber travaille pour le théâtre ; à ce titre il accorde une importance primordiale au texte. Il nécrit donc pas de la musique pour elle-même mais pour que le spectacle fonctionne. Cest en ces termes que lon peut comprendre laphorisme quil aurait prononcé daprès Malherbe : « La musique nest pas dans la musique. Elle est dans une femme demi-voilée qui passe, dans le tumulte dune fête, dans un régiment qui séloigne. »[4]

Il ninnove pas du point de vue de lutilisation de lorchestre contrairement à Berlioz, bien que ses qualités dorchestrateurs ne soient pas à négliger. Il nutilise quavec modération la virtuosité rossinienne (sauf peut-être dans Fra Diavolo où linfluence est plus manifeste), c'est-à-dire seulement dans les cas où la situation dramatique le permet ou lexige. Le véritable apport dAuber semble résider plutôt dans sa capacité à mettre en uvre les procédés visant à mieux intégrer la dimension théâtrale à la composition musicale (usage de la déclamation chantée sur une musique instrumentale, retour dun motif musical sans pour autant devenir systématique comme chez Wagner, etc.) et à rendre ainsi toute sa substance au théâtre lyrique.

Regard de quelques contemporains

  • Jean-Nicolas Bouilly : « Auber est devenu celui de nos compositeurs français qui enrichit le plus aujourdhui notre scène lyrique : ses nombreuses partitions forment une collection riche, variée, digne de prendre place à côté de celles de nos plus grands maîtres. Il a su, tout en se livrant à la richesse de lharmonie dont les écoles étrangères nous offrent de si admirables modèles, il a su, dis-je, conserver dans ses chants cette vérité, cette grâce naturelle qui ont immortalisé Grétry. »[8]
  • Stendhal disait de lui « qu'il était un homme à envier».
  • Hector Berlioz : « Oui, on reconnaît le faire de M. Auber, mais cest précisément là celui qui convient le mieux à lopéra-comique ; oui son style na subi dans louvrage aucune transformation ; mais ce style est léger, brillant, gai, souvent de saillies piquantes et de coquettes intentions.»[9].
  • Honoré de Balzac lui rend hommage dans La Comédie humaine. Il n'y a pas moins de dix occurrences qui se rapportent à lui dont la partition du Chant d'une jeune fille, romance qu'il composa et que Balzac insère dans Modeste Mignon[10].
  • Théophile Gautier : « M. Auber a un style à lui, ce qui est à notre avis la première qualité de tout artiste. Ce style, il est vrai, na pas toute la sévérité désirable mais il est de caractère bien tranché et se fait aisément reconnaître. Une phrase de M. Auber nest pas la phrase dun autre et personne ne sy trompe. Il a une abondance de motifs et de chants bien rare en ce temps de contre-musique où chacun singénie à étonner loreille au lieu de la charmer. »[11]
  • Adolphe Adam :
« Les qualités dAuber : la finesse, lesprit, la couleur locale et la richesse dinstrumentation, la recherche et la coquetterie de lharmonie. ». :« Auber est un homme que je regarde comme le premier musicien du siècle après Rossini. »[12]
« Auber est si supérieur à nous tous, sans exception, que pour le juger il faut le comparer à lui-même. »[13]
  • Richard Wagner : « Sa musique, tout à la fois élégante et populaire, facile et précise, gracieuse et hardie, se laissant aller d'une merveilleuse façon à son caprice, avait toutes les qualités nécessaires pour semparer du goût du public et le dominer. Il sempara de la chanson avec une vivacité spirituelle, en multiplia les rythmes à linfini, et sut donner aux morceaux densemble un entrain, une fraîcheur caractéristiques à peu près inconnus avant lui. »[14]
  • Ernest Reyer : « Quel que soit le jugement de la postérité sur son uvre, quel que soit le rang quelle assigne à ce musicien si universellement fêté de son vivant, M. Auber restera comme la plus brillante personnification du génie musical français, nul nayant possédé à un plus haut degré lesprit et la grâce, ces deux qualités éminemment françaises. »[15]
  • Henry Blaze de Bury : « La musique de M. Auber veut être entendue comme veulent être vues les femmes de trente ans, le soir, à la clarté des lustres et des bougies. Je ne sais trop ce quen déshabillé du matin une semblable partition peut valoir ; mais après dîner, quand lactrice est jolie et la pièce amusante, on aurait mauvaise grâce à faire le difficile. »[16]

uvre

Auber a composé au cours de sa vie 47 ouvrages lyriques, dont 36 opéras-comiques, 6 opéras, 3 drames-lyriques, 2 opéras-ballets et un ballet. Une uvre qui par son esprit, sa longévité et son abondance contribue sans équivoque à la prospérité internationale de lart lyrique français. Le musicologue allemand Herbert Schneider a établi en 1994 le catalogue complet de ses uvres (Chronologisch-thematisches Verzeichnis) abrégé en AWV.

Opéras
  • Le Philtre (20 juin 1831, théâtre de lOpéra, Paris)
  • Gustave III ou le Bal masqué (27 février 1833, théâtre de lOpéra, Paris)
  • Le Cheval de bronze (23 mars 1835, Opéra-Comique, Paris)
  • Le Lac des fées (1er avril 1839, théâtre de lOpéra, Paris)
  • LEnfant prodigue (6 décembre 1850, théâtre de lOpéra, Paris)
  • Zerline ou la Corbeille doranges (16 mai 1851, théâtre de lOpéra, Paris)
Opéras-ballets
  • La Muette de Portici (29 février 1828 théâtre de lOpéra, Paris)
  • Le Dieu et la Bayadère, ou la Courtisane amoureuse (13 octobre 1830, théâtre de lOpéra, Paris)
Drames lyriques
  • Vendôme en Espagne en collaboration avec Hérold (5 décembre 1823, théâtre de lOpéra, Paris)
  • Léocadie (4 novembre 1824, Opéra-Comique, Paris)
  • La Marquise de Brinvilliers en collaboration avec Boieldieu, Cherubini, Berton, Hérold, Paër et Carafa (31 octobre 1831, théâtre de lOpéra, Paris)
Opéras-comiques
  • LErreur dun moment (1805, salle Doyen, Paris)
  • Jean de Couvin (septembre 1812, Château de Chimay, Belgique)
  • Le Séjour militaire (27 février 1813, Opéra-Comique, Paris)
  • Le Testament et les Billets doux (18 septembre 1819, Opéra-Comique, Paris)
  • Le Bergère châtelaine (27 janvier 1820, Opéra-Comique, Paris)
  • Emma ou la Promesse imprudente (7 juillet 1821, Opéra-Comique, Paris)
  • Leicester ou le Château de Kenilworth (25 janvier 1823 Opéra-Comique, Paris)
  • La Neige ou le Nouvel Éginhard (8 octobre 1823, Opéra-Comique, Paris)
  • Les Trois Genres en collaboration avec Boieldieu (27 avril 1824, théâtre de l'Odéon, Paris)
  • Le Concert à la cour ou la Débutante (3 juin 1824, Opéra-Comique, Paris)
  • Le Maçon (3 mai 1825, Opéra-Comique, Paris)
  • Le Timide ou le Nouveau Séducteur (30 mai 1826, Opéra-Comique, Paris)
  • Fiorella (28 novembre 1826, Opéra-Comique, Paris)
  • La Fiancée (10 janvier 1829, Opéra-Comique, Paris)
  • Fra Diavolo ou lHôtellerie de Terracine (28 janvier 1830, Opéra-Comique, Paris)
  • Le Serment ou les Faux-monnayeurs (1er octobre 1832, théâtre de lOpéra, Paris)
  • Lestocq, ou lIntrigue et lAmour (24 mai 1834, Opéra-Comique, Paris)
  • Actéon (23 janvier 1836, Opéra-Comique, Paris)
  • Les Chaperons blancs (9 avril 1836, Opéra-Comique, Paris)
  • LAmbassadrice (21 décembre 1836, Opéra-Comique, Paris)
  • Le Domino noir (2 décembre 1837, Opéra-Comique, Paris)
  • Zanetta ou Jouer avec le feu (18 mai 1840, Opéra-Comique, Paris)
  • Les Diamants de la couronne (6 mars 1841, Opéra-Comique, Paris)
  • Le Duc dOlonne (4 février 1842, Opéra-Comique, Paris)
  • La Part du diable (16 janvier 1843, Opéra-Comique, Paris)
  • La Sirène (26 mars 1844, Opéra-Comique, Paris)
  • La Barcarolle ou lAmour et la Musique (22 avril 1845, Opéra-Comique, Paris)
  • Les Premiers Pas en collaboration avec Adam, Halévy et Carafa (15 novembre 1847, Opéra national, Paris)
  • Haydée ou le Secret (28 décembre 1847, Opéra-Comique, Paris)
  • Marco Spada (21 décembre 1852, Opéra-Comique, Paris)
  • Jenny Bell (2 juin 1855, Opéra-Comique, Paris)
  • Manon Lescaut (23 février 1856, Opéra-Comique, Paris)
  • La Circassienne (2 février 1861, Opéra-Comique, Paris)
  • La Fiancée du roi de Garbe (11 janvier 1864, Opéra-Comique, Paris)
  • Le Premier Jour de bonheur (15 février 1868, Opéra-Comique, Paris)
  • Rêve damour (20 décembre 1869, Opéra-Comique, Paris)
Ballet
  • Marco Spada ou la Fille du bandit (1er avril 1857, théâtre de lOpéra, Paris)

Hommages

  • Une rue lui est dédiée dans le [[9e arrondissement de Paris|Modèle:IXe arrondissement]], juste derrière l'Opéra Garnier, ainsi que la gare RER la desservant (ligne  ).
  • Une rue de Tremblay-en-France en Seine-Saint-Denis (93) porte le nom rue Esprit-Auber.
  • Une rue de Caen, son lieu de naissance, porte le nom rue Auber.

Bibliographie

Modèle:Autorité

  • Benoît Jean-Baptiste Jouvin, D. F. E. Auber, sa vie et ses uvres, Heugel, Paris, 1864 (consultable sur Google Books)
  • Herbert Schneider, « D. F. E. Auber » in Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Joël-Marie Fauquet (dir.), Fayard, Paris, 2003 (ISBN 2-213-59316-7)

Discographie

Opéras
  • Le Cheval de Bronze, avec Sonia Nigoghossian, Anne-Marie Rodde, Isabel Garcisanz, Roden, ORTF, Jean-Pierre Marty (dir.) - On Stage, 1979
  • Le Domino noir (+ musique de ballet de Gustave III), avec Sumi Jo, Isabelle Vernet, Martine Olmeda, English Chamber Orchestra, Richard Bonynge (dir.) - Decca 1993/95
  • Fra Diavolo, avec Nicolai Gedda, Mady Mesplé, Thierry Dran, Jane Berbié, Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Marc Soustrot (dir.) - EMI 1983/84
  • Gustave III ou le Bal masqué, avec Lawrence Dale, chur Intermezzo, Orchestre lyrique français, Michel Swierczewski (dir.) - Arion 1991
  • Manon Lescaut, avec Mady Mesplé, Christoph Runge, Jean-Claude Orliac, orchestre de Radio-France, direction Jean-Pierre Marty (dir.) - EMI, 1974
  • La Muette de Portici, avec Alfredo Kraus, June Anderson, John Aler, Jean-Philippe Lafont, Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Thomas Fulton (dir.) - EMI, 1986
Ouvertures 
  • Le Cheval de bronze, Fra Diavolo, Masaniello (ouvertures), Orchestre symphonique de Detroit, Paul Paray (dir.) - Mercury 1959 (+ 6 ouvertures de Franz von Suppé)
  • Les Diamants de la couronne, Orchestre symphonique de Detroit, Paul Paray (dir.) - Mercury 1960 (+ uvres d'autres compositeurs français)
  • Jenny Bell, L'Enfant prodigue, La Sirène, Vendôme en Espagne, La Muette de Portici, orchestre de l'Opéra de Gothembourg, B. Tommy Andersson (dir.) - Sterling 2000
  • Marco Spada, Lestocq, La Neige, New Philharmonia Orchestra, Orchestre symphonique de Londres, Richard Bonynge (dir.) - Decca 1969/71
  • La Muette de Portici, orchestre Lamoureux, Igor Markevitch (dir.) - DG 1961 (+ Berlioz : Symphonie fantastique ; Chérubini : Anacréon)
  • La Muette de Portici, Orchestre radio-symphonique de Munich, Kurt Redel (dir.) - Pierre Verany 1986 (+ uvres d'autres compositeurs français)
Ballets
  • Marco Spada (+ Le Pas classique), Orchestre symphonique de Londres, Richard Bonynge (dir.) - Decca, coll. Fête du ballet, 1964/72
  • Les Rendez-vous, ballet de Constant Lambert sur des thèmes d'Auber, English Chamber Orchestra, Richard Bonynge (dir.) - Decca, coll. Fête du ballet, 1988

Annexes

Liens externes

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Marc Honegger, Dictionnaire de la musique : Tome 1, Les Hommes et leurs uvres. A-K, Bordas, 1979, 1232 p. (ISBN 2-0401-0721-5), p. 38 
  2. Émile Colombey, L'Esprit au théâtre, 1860.
  3. 3,0, 3,1, 3,2, 3,3, 3,4 et 3,5 Benoît Jouvin, D. F. E. Auber, sa vie et ses uvres, Heugel, 1864.
  4. 4,0 et 4,1 Charles Malherbe, Auber, 1911.
  5. Le Modèle:Ve acte de Gustave III est également unanimement loué à sa création.
  6. Adolphe Adam, Lettres sur la musique française 1836-1850, 22 août 1840.
  7. L'uvre sera d'ailleurs « enlevée » à l'Opéra-Comique par l'Opéra de Paris pour en faire un opéra-féerie.
  8. Jean-Nicolas Bouilly, Mes récapitulations.
  9. Hector Berlioz, Revue et gazette musicale de Paris du 10 décembre 1837.
  10. Bibliothèque de la Pléiade, 1971, t.I, p. 
  11. Théophile Gautier, La Presse, 15 avril 1839.
  12. Adolphe Adam, op. cit., lettre du 18 janvier 1839.
  13. Adolphe Adam, op. cit., lettre du 31 janvier 1842.
  14. Richard Wagner, Revue et gazette musicale de Paris, 27 février 1842.
  15. Ernest Reyer, Notes de musique, 1875.
  16. Henry Blaze de Bury, Musiciens contemporains, 1856.
Précédé par Daniel-François-Esprit Auber Suivi par
Luigi Cherubini
Directeur du Conservatoire de musique et de déclamation
1842-1871
Ambroise Thomas
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