Beatles

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The Beatles

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The Beatles est un groupe de rock britannique, originaire de Liverpool, en Angleterre. Formé en 1960, et composé de John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr, il est considéré le groupe de rock le plus populaire et influent de l'histoire. En dix ans d'existence et seulement huit ans de carrière discographique (de 1962 à 1970), les Beatles ont enregistré douze albums originaux et ont composé plus de 200 chansons. Influencés par le skiffle, la musique beat et le rock'n'roll des années 1950, ils ont rapidement fait évoluer leur style musical, abordant des genres aussi variés que la pop, la musique indienne, le rock psychédélique et le hard rock. Leurs expérimentations techniques et musicales, leur popularité mondiale et leur conscience politique grandissante au fil de leur carrière, ont étendu l'influence des Beatles au-delà de la musique, jusqu'aux révolutions sociales et culturelles de leur époque.

Après avoir débuté au sein du groupe The Quarrymen, Lennon, McCartney et Harrison deviennent populaires dans les clubs de Liverpool et de Hambourg en reprenant des standards du rock'n'roll, mais Lennon et McCartney se sont également associés dès leur rencontre en 1957 pour écrire des chansons par dizaines, affinant leur technique au fur et à mesure. En 1961, Brian Epstein devient leur manager, et les présente à des maisons de disques, sans succès dans un premier temps. L'année suivante, ils recrutent le batteur Ringo Starr et signent un contrat avec le label Parlophone dont le patron est George Martin, qui produit leur premier succès, Love Me Do, et occupe une place prépondérante à leurs côtés jusqu'à la fin du groupe. Ce titre lance leur carrière au Royaume-Uni à la fin 1962. Après la naissance de la Beatlemania au Royaume-Uni, les Beatles connaissent le succès en Amérique à partir de 1964, puis dans le monde entier. A partir de l'album Rubber Soul, en 1965, le groupe expérimente davantage et produit des albums aujourd'hui classiques tels que Revolver (1966), Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (1967), The Beatles (1968) et Abbey Road (1969). Après leur séparation en 1970, les quatre membres poursuivent une carrière solo, et tous rencontrent le succès, particulièrement dans les années immédiates suivant la fin du groupe. Paul McCartney et Ringo Starr sont les deux Beatles encore en vie, après l'assassinat de Lennon en décembre 1980 et la mort d'Harrison en 2001.

Les Beatles demeurent les artistes ayant vendu le plus grand nombre de disques au monde. Ce chiffre était estimé par EMI dans les années 1980 à plus d'un milliard de CD et vinyles vendus à travers la planète, et il a continué à augmenter durant les décennies suivantes, atteignant un chiffre supérieur à deux milliards[a],[1]. Considérées comme la « bande-son » des années 1960, les chansons des Beatles sont toujours jouées et reprises dans le monde entier. Leurs mélodies ont été adaptées à de nombreux genres musicaux, dont le jazz, la salsa, le reggae ou la musique classique.

Biographie

Formation et débuts sur scène (1957-1962)

Des Quarrymen aux Beatles

« Rien ne m'a vraiment touché jusqu'au jour où j'ai entendu Elvis. S'il n'y avait pas eu Elvis, il n'y aurait pas eu les Beatles[2]. »

— John Lennon

John Lennon est un adolescent de Liverpool élevé par sa tante « Mimi » — Mary Elizabeth de son vrai nom[3]. Son père, Alfred Lennon (dit « Alf»), marin, a rapidement délaissé sa mère Julia Stanley et son enfant. Julia, qui n'a pas les moyens d'élever John seule, le confie à sa sœur Mimi. Dès qu'il découvre Elvis et le rock 'n' roll, John veut devenir musicien et se voit offrir un banjo, puis une guitare par sa mère.

En mars 1957, alors âgé de seize ans, il forme un groupe de skiffle avec quelques amis de son lycée, le Quarry Bank High School. Initialement nommé The Blackjacks, il change de nom après avoir découvert qu'un autre groupe local se nommait déjà ainsi, et devient The Quarrymen[4]. C'est le 6 juillet 1957 que John Lennon rencontre Paul McCartney. Lennon et les Quarrymen donnent un concert pour la fête paroissiale de l'église St. Peter[5]. À la fin du concert, Ivan Vaughan, un ami commun, présente McCartney à Lennon. Il prend alors une guitare et joue Twenty Flight Rock d'Eddie Cochran devant Lennon, un peu éméché mais néanmoins très impressionné. Quelques jours plus tard, Pete Shotton, autre membre des Quarrymen, propose à Paul de se joindre au groupe. Celui-ci, qui n'a alors que quinze ans, accepte.

En février 1958, McCartney invite son ami George Harrison à un concert des Quarrymen. Lennon lui fait passer une audition pour rejoindre le groupe et est impressionné, mais estime qu'il est trop jeune ; il n'a alors que quatorze ans. Sur l'insistance de McCartney, George Harrison intègre le groupe comme guitariste solo au mois de mars[6]. En janvier 1959, les amis de lycée de Lennon ont tous quitté le groupe pour se consacrer à leurs études au Liverpool College of Art[7].

À trois – guitaristes et chanteurs – au sein d'une formation à géométrie variable qui s'appelle tour à tour « The Rainbows » et « Johnny and the Moondogs »[8], avec ou sans batteur[9], ils se produisent dans des clubs de Liverpool. Ils jouent notamment au Jaracanda, un coffee-shop dirigé par Allan Williams (en), qui sert d'agent au groupe débutant. Ils se produisent également au Casbah, dirigé par Mona Best, la mère de leur futur batteur Pete Best. D'autres portes s'ouvrent ensuite, dont le Cavern Jazz Club, alors que le rock 'n' roll et le Merseybeat, les styles des groupes de Liverpool, deviennent populaires dans la ville.

Un ami peintre de John Lennon, Stuart Sutcliffe, rejoint le groupe en janvier 1960. Après avoir vendu un de ses tableaux, Lennon l'encourage à s'acheter une guitare basse. Sutcliffe suggère d'adopter le nom de « Beatals », en hommage au groupe accompagnant le rocker Buddy Holly, The Crickets (« les criquets »)[10], ainsi qu'au film L'Équipée sauvage avec Marlon Brando, où il est question d'un gang du nom de « Beetles » (« scarabées »). Ils utilisent ce nom jusqu'en mai, où ils adoptent celui de « Silver Beetles » et accompagnent en tournée le chanteur de pop de Liverpool Johnny Gentle. Début juillet, ils deviennent les « Silver Beatles ». En août 1960, ils adoptent définitivement le mot-valise « Beatles », formé à partir de beat (« rythme ») et beetle (« scarabée »), avant d'honorer leur premier contrat dans un club de Hambourg[11].

Autodidactes, influencés par le rock 'n' roll et le blues noir américain, ils jouent les morceaux de rock du moment « à l'oreille », sans partitions. Toutefois, John Lennon et Paul McCartney s'associent déjà pour écrire ensemble des chansons assis face à face avec leurs guitares dans une parfaite symétrie (McCartney étant gaucher), affinant leur technique au fur et à mesure. Quelques-unes d'entre elles, comme One After 909, ressortent sur les albums des Beatles des années plus tard[5]. Ils partagent également un drame qui les rapproche : Paul McCartney a perdu sa mère Mary, décédée des suites d'un cancer du sein en 1956, tandis que la mère de John, Julia, meurt happée par une voiture conduite par un policier ivre en 1958[8].

Séjours à Hambourg

Bruno Koschmider, propriétaire de l’Indra Club et du Kaiserkeller, deux clubs du quartier de Sankt Pauli à Hambourg, engage les Beatles sur les indications de leur agent Allan Williams[12]. Celui-ci conduit le groupe jusqu'à la cité hanséatique avec sa camionnette, pour honorer un contrat de trois mois et demi[13].

Cinq jours avant de partir pour l'Allemagne, le 17 août 1960, ils ont auditionné et engagé Pete Best comme batteur[5]. Pour satisfaire le public des clubs hambourgeois, les Beatles élargissent leur répertoire, donnent des concerts physiquement éprouvants, et recourent aux amphétamines pour rester éveillés. Les jeunes gens sont par ailleurs logés dans des conditions difficiles, voire quasiment insalubres.

En novembre 1960, lorsque Koschmider apprend que les Beatles se sont produits dans un club rival, le Top Ten Club, il met fin à leur contrat et dénonce Harrison aux autorités allemandes[14] ; il a menti sur son âge et se fait expulser en Angleterre à la fin novembre[15]. McCartney et Best, qui enflamment un préservatif accroché à un mur, sont accusé d'avoir tenter d'incendier le logis, se font également expulser peu après[16]. Lennon reste en Allemagne jusqu'en décembre, en compagnie de Sutcliffe[16].

Les Beatles effectuent en tout cinq séjours à Hambourg : d'août à novembre 1960, de mars à juillet 1961, d'avril à mai 1962, puis en novembre et en décembre 1962[5]. Entre leurs différents voyages en Allemagne, ils continuent à se produire à Liverpool et dans ses environs, se constituant un solide noyau de fans, mais restent inconnus au-delà du « Merseyside ». En décembre 1961, ils ne jouent que devant dix-huit personnes à Aldershot, dans la lointaine banlieue de Londres[17].

Stuart Sutcliffe, bassiste du groupe depuis le début de l'année, maîtrise mal son instrument : il se produit généralement dos au public afin que cela ne se remarque pas et « joue » même parfois sans que son instrument soit branché à un ampli[17]. Tombé amoureux de la photographe Astrid Kirchherr, qui prend les premières photos du groupe[18], il décide de rester à Hambourg lorsque ses camarades regagnent l'Angleterre en février 1961[16]. Après le départ de Sutcliffe, Paul McCartney, jusque-là guitariste au même titre que John Lennon et George Harrison, devient le bassiste du groupe, ses deux camarades n'étant pas enthousiastes pour tenir ce rôle. Sutcliffe meurt à 21 ans le 10 avril 1962 d'une congestion cérébrale[5], trois jours avant que les Beatles ne posent à nouveau le pied sur le sol allemand pour un nouvel engagement de sept semaines au Star-Club.

D'autres groupes de Liverpool se produisent à Hambourg, comme Rory Storm and The Hurricanes, dont le batteur se nomme Ringo Starr. Les Beatles envient sa notoriété et apprécient sa compagnie. Les deux groupes partagent l'affiche de très nombreuses fois à Liverpool[17], et se retrouvent au Kaiserkeller du côté de la Reeperbahn pendant plus d'un mois en octobre et novembre 1960, où Ringo a l'occasion de jouer avec eux[8]. Selon Paul McCartney, l'intérêt pour le groupe dans sa ville de Liverpool naît au retour de Hambourg le 27 octobre 1960 lors d'un concert au Utherland Town Hall de Liverpool, salle municipale qui servait deux jours par semaine de dancing aux jeunes[19].

C'est à cette époque qu'ils adoptent une coupe de cheveux caractéristique, la moptop, qui se différencie de la banane ou des cheveux des rockers, gominés et peignés en arrière; Pete Best, avec ces cheveux frisés, est le seul à rester coiffé ainsi. Astrid Kirchherr (sous l'influence des existentialistes ou des étudiants en Beaux-Arts de cette ville[20]) aurait été à l'origine de cette coupe de cheveux en bol lors de leur séjour à Hambourg. Elle aurait coiffé ainsi Sutcliffe, son amoureux, et le jeune Harrison. John Lennon et Paul McCartney l'ont adoptée, lors d'un court séjour à Paris en septembre 1961[21].

C'est aussi à Hambourg qu'ils décrochent leur premier contrat d'enregistrement, chez Polydor, en tant qu'accompagnateurs du chanteur et guitariste Tony Sheridan[b],[22]. Le 45 tours My Bonnie par Tony Sheridan and The Beat Brothers est publié en octobre 1961. « J'ai grandi à Hambourg, pas à Liverpool », dira plus tard John Lennon. Évoquant cette période des débuts, il racontera aussi : « Quand les Beatles déprimaient et se disaient : « On n'ira jamais nulle part, on joue pour des cachets merdiques, on est dans des loges merdiques », je disais : « Où va-t-on, les potes ? », et eux : « Au sommet, Johnny ! », et moi : « C'est où ça ? », et eux : « Au plus top du plus pop ! » (to the toppermost of the poppermost), et moi « Exact ! » Et on se sentait mieux[2]. » Par ailleurs, nostalgique de cette époque « cuir », on entend aussi John Lennon expliquer dans le disque Anthology 1 : « Ce que nous avons fait de meilleur n'a jamais été enregistré. Nous étions des performers, nous jouions du pur rock (straight rock) dans les salles de danse (dance halls), à Liverpool et à Hambourg, et ce que nous produisions était fantastique. Il n'y avait personne pour nous égaler en Grande-Bretagne (There was nobody to touch us in Britain)[23]. »

En 2008, Hambourg a dédié une place de la ville au groupe en hommage à leur musique[24].

Apport décisif de Brian Epstein

À leur retour d'Allemagne, les Beatles ont acquis la maturité qui leur manquait, techniquement d'abord, sur scène ensuite. Le 9 novembre 1961, après leurs deux premiers voyages formateurs à Hambourg, Brian Epstein vient voir les Beatles au Cavern Club de Liverpool, le café souterrain où ils se produiront près de 300 fois jusqu'au 3 août 1963[5]. Disquaire à l'origine, Epstein n'a jamais dirigé de formation musicale auparavant mais connaît quelques-uns des à-côtés qui mènent à la popularité d'un artiste. Il devient leur mentor et les propulse au rang de musiciens professionnels. Afin de gommer leur image de sauvages, il leur fait abandonner les vêtements en cuir au profit de complets-vestons, comme les professionnels de l'époque.

L'image soignée et professionnelle du groupe passe aussi par la création d'un logo rapidement reconnaissable. Un premier logo des Beatles, avec des antennes d'insecte sur un « B » stylisé, est dessiné par Terry « Tex » O'Hara et momentanément utilisé sur la grosse caisse de la batterie de Ringo [25] et subséquemment pour la page d'introduction de The Beatles Book, le journal mensuel du fan-club officiel, tout au long de son existence (1962-1972)[26]. En avril 1963, à l'achat de la nouvelle batterie Ludwig, Ivor Arbiter, le propriétaire de la boutique Drum City de Londres, dessine à l'insistance de Brian Epstein le logo le plus connu du groupe, en lettres capitales avec un « B » majuscule et un « T » abaissé pour mettre en évidence le mot « Beat » (rythme)[27].

En 1961, Brian Epstein débute ses tournées des maisons de disques de Londres afin de tenter de leur faire signer un contrat d'enregistrement, multipliant sans succès les tentatives auprès des grandes compagnies discographiques. Il essuie des refus, même de la compagnie EMI, mais réussit tout de même à obtenir pour son groupe une audition chez Decca qui est restée célèbre : le 1er janvier 1962[5], les Beatles enregistrent 15 titres en une heure pour ce label, mais le directeur artistique Dick Rowe les refuse en déclarant : « Rentrez chez vous à Liverpool, M. Epstein, les groupes à guitares vont bientôt disparaître[28]. » Rowe est par la suite surnommé dans le milieu the man who turned down The Beatles, « l'homme qui refusa les Beatles ». Epstein obtient par contre la permission de garder ces enregistrements de bonne qualité qu'il pourra faire écouter à d'autres producteurs potentiels[29].

Quelques jours plus tard, Brian Epstein présente ces enregistrements à Sid Coleman de l’agence de publication de musique Ardmore and Beechwood, associée à EMI, en s’assurant de mentionner qu’il s’y trouve quelques compositions originales. Coleman reconnait le potentiel de publier les compositions de Lennon/McCartney et le manager promet de lui donner les droits s’il l’aide à dénicher un contrat d’enregistrement. Epstein prend rendez-vous avec George Martin, le 13 février 1962, pour lui faire écouter Hello Little Girl et Till There Was You tiré des ces enregistrements et ce, malgré le refus préalable de la maison-mère, mais ce dernier n’est pas plus impressionné par ce qu'il entend[30].

Entre-temps, Ken Bennet, (de son vrai nom Thomas Whippey, ancien chanteur de charme et assistant de Sid Colemen) persiste à dire à son patron que la chanson Like Dreamers Do pourrait être un succès. Ils décident de produire eux-mêmes l’enregistrement dans les studios d'EMI mais se butent au refus de Len Wood, un des directeurs. Mais, à la suite de l'insistance de Coleman, Wood se ravise et ordonne au producteur George Martin de procéder à l’enregistrement de la chanson pour qu’Ardmore and Beechwood reçoive le copyright[31].

Le 5 mai, un télégramme envoyé par Epstein à Hambourg annonce au groupe qu’ils auront un contrat d’enregistrement avec EMI[32]. Aussitôt Lennon et McCartney complètent l'écriture de Love Me Do et créent P.S. I Love You[33].

Le 9 mai, exactement six mois après avoir vu les Beatles pour la première fois au Cavern Club, Brian Epstein rencontre George Martin pour approuver le contrat. Il y est stipulé que six chansons seront enregistrées par EMI, qui financera le tout. Le label sera le propriétaire des enregistrements mais ne donnera aucune avance sur les redevances (1 penny par 45 tours vendu sur 85 % des ventes)[c]. Le contrat a une durée de 4 ans pour le groupe mais d’un an pour EMI, renouvelable à chaque année et est valable pour le monde entier avec des redevances de moitié que celles perçues en Angleterre. Dans les faits, si par « miracle » le groupe vend un million de copies d'un single, leurs redevances anglaises seraient de 750£ et américaines de 375£ pour chaque membre du groupe et leur manager![34]. Le 18 mai, Brian Epstein signe le contrat liant les «Beattles» à EMI et fait une rature sur le second «T». La date inscrite sur le contrat est le 4 juin 1962[35].

George Martin entre en scène

Le 6 juin en début d’après-midi, tout juste avant l'arrivée de leur nouveau groupe, George Martin et son assistant Ron Richards discutent encore du nom de celui-ci; « John Lennon and the Beatles » ou encore « Paul McCartney and the Beatles », bien que leur nom « entomologique » ne leur plait pas. Comme le groupe est composé de trois chanteurs qui jouent leurs propres instruments, Martin réalise qu'avoir simplement le nom « Beatles » est une nouveauté dans la musique populaire et que celui-ci fera parfaitement l'affaire[36]. La première séance d'enregistrement peut débuter.

Quatre jours après être revenus de Hambourg où ils honoraient un engagement au Star-Club (leur troisième séjour dans la ville allemande), Lennon, McCartney, Harrison et Best arrivent aux studios EMI de Londres, situés au 3, Abbey Road dans le quartier de St. John's Wood. C'est leur première visite dans ces studios qu'ils vont rendre mondialement célèbres. Ron Richards sera le producteur lors de la séance et Martin y jettera un coup d’œil de temps à autre. Ils enregistrent Bésame mucho, Love Me Do, PS I Love You et Ask Me Why[37] mais pas Like Dreamers Do qui n’y sera finalement jamais réenregistrée par eux. À partir du second single, George Martin retirera les droits des chansons à Ardmore and Beechwood pour les offrir à Dick James[38]. George Harrison raconte ainsi leur première visite dans la régie: « Les autres membres du groupe m'ont presque tué lorsque George Martin nous a enregistrés pour la première fois. En rejouant la bande, il nous a demandé : « Y a-t-il quelque chose qui ne vous plaît pas ? » Je l'ai regardé et ai dit  : « Pour commencer, je n'aime pas votre cravate ». » Mais George Martin, qui avait lui aussi le sens de l'humour[28], est amusé par la réplique. « Ça a brisé la glace ! », note-t-on du côté du personnel technique des studios EMI[39].

La chanson Love Me Do plait à Richards, mais, il n’aime pas le jeu de Pete Best[40]. Martin est d'accord et écrit à Epstein qu’à la prochaine séance, il y aura un batteur studio. Craignant qu’ils devront toujours enregistrer avec des batteurs studio inconnus[41] le groupe saute sur l'occasion et se sépare de Best en août 1962 pour le remplacer par Ringo Starr, avec qui les affinités sont plus grandes et qu'ils considèrent « être un métronome »[42]. Cette éviction brutale est effectuée par un Brian Epstein très nerveux et déçu[8]. Ce renvoi n'est pas sans conséquence. George Harrison explique : « On avait joué au Cavern Club et les gens hurlaient « Pete is Best » (« Pete est meilleur ! », jeu de mots avec « Best » en anglais), « Ringo never, Pete forever ! » (« Ringo jamais, Pete toujours ! »). C'était devenu lassant, et je me suis mis à les engueuler. Après le concert, on est sorti des loges, on est entrés dans un tunnel tout noir, et il y a quelqu'un qui m'a balancé un coup de poing dans le visage. Je me suis retrouvé avec un œil au beurre noir. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour Ringo[2] ! »

Les 4 et 11 septembre, les Beatles enregistrent leur premier single, Love Me Do / PS I Love You. Pour la version de la face A du single, publié le 5 octobre 1962, c'est Ringo Starr qui tient la batterie et sur l'album Please Please Me, on entend le batteur Andy White sur les deux pièces. Toutefois, Ringo Starr joue du tambourin sur la première et des maracas sur PS I Love You et il n'a jamais oublié cette « humiliation »[8]. Ce sont deux des cinq titres publiés par le groupe où ce n'est pas lui qu'on entend derrière les « fûts »[d],[2].

Amer de son éviction des Beatles, Best refuse l'aide d'Epstein de se trouver un nouveau groupe et intègre le Lee Curtis and the All Stars. En 1965, il sort son propre album au nom mensonger, Best of The Beatles, avec le Pete Best Combo avec sur la pochette une photo où il est entouré de ses ex-camarades à Hambourg. Ce disque n'a pas le succès escompté et Best quittera le monde musical pour travailler dans la fonction publique à Liverpool.

De l'époque « avant la gloire », des enregistrements rares et marginaux des Beatles ont été très recherchés, notamment ceux qu'ils ont réalisés à Hambourg et publiées par Polydor avec Tony Sheridan et les fameuses « bandes Decca » du premier janvier 1962 dont certains ont été inclus, trois décennies plus tard, sur le disque Anthology 1. Certaines chansons enregistrées dans les studios allemands ont même atteint les charts britannique et américaine pendant la Beatlemania. Un bootleg enregistré en 1962 de la scène du Star-Club de Hambourg, avec Ringo Starr à la batterie, a été publié en 1977.

Expansion de la Beatlemania (1963-1966)

Premier album et début de la Beatlemania (1963)

Le 5 octobre 1962, sort Love Me Do, qui n'atteint que le 17e rang au palmarès britannique. Ce n'est pas encore la « Beatlemania », mais il s'agit là d'une grande satisfaction pour le groupe, particulièrement au moment où le titre passe de plus en plus à la radio. Leur deuxième 45 tours, Please Please Me — malgré des paroles ambiguës pour l'époque (« You don't need me to show the way, love », que l'on peut traduire par « tu n'as pas besoin que je te montre comment faire, chérie ») — est propulsé au premier ou au second rang, dépendamment des listes consultées[e]. Qu'à cela ne tienne, le succès est indéniable et les Beatles obtiennent ainsi l'occasion d'enregistrer un album complet. Ce disque inclura les quatre chansons publiées en single et les autres seront enregistrée lors d'une séance de 585 minutes (9 heures et 45 minutes), le 11 février 1963[43]. Reprenant le titre du dernier single, Please Please Me est sorti le 22 mars 1963 et cet album atteint la tête du hit-parade, où il se maintient durant sept mois.

Partie de Liverpool — où ils continuent jusqu'en août 1963 à enflammer le Cavern Club —, la popularité des Beatles se répand dans tout le Royaume-Uni, qu'ils sillonnent inlassablement, y effectuant quatre tournées cette année-là[44]. Les succès se suivent : From Me to You en avril, puis She Loves You en août, sont classés no 1 des ventes de singles. She Loves You et son fameux « Yeah Yeah Yeah! » rend les Beatles célèbres dans toute l'Europe. Leur passage, le 13 octobre 1963, dans le très populaire show télévisé londonien Sunday Night at the Palladium marque le début du phénomène que la presse britannique baptise la « Beatlemania[5] ». Disquaires pris d'assaut, ferveur généralisée, jeunes filles en transe… Le groupe va aligner douze no 1 successifs dans les charts britanniques de 1963 à 1966, jusqu'à la publication en février 1967 du single « double face A » Strawberry Fields Forever/Penny Lane, seulement no 2 (mais tout de même premier aux États-Unis).

Le 4 novembre 1963[5], les quatre musiciens de Liverpool se produisent devant la famille royale au Prince of Wales Theatre de Londres, pour le Royal Command Performance, où un John Lennon, irrévérencieux, avant de se lancer dans l'interprétation de Twist and Shout, dit au public : « On the next number, would those in the cheaper seats clap your hands? All the rest of you, if you'll just rattle your jewelry! / Pour notre prochain titre, est-ce que les gens installés dans les places les moins chères peuvent frapper dans leurs mains ? Et tous les autres, agitez vos bijoux[8] ! »

En 1963, John Lennon et Paul McCartney écrivent tout le temps, en n'importe quel endroit, dans le bus qui les amène d'un lieu de concert à l'autre, dans leurs chambres d'hôtel, dans un coin des coulisses avant de monter sur scène, dans l'urgence avant d'enregistrer, quelquefois en une seule prise, autant de titres qui vont marquer leur histoire et celle de la musique rock[39].

En tête des ventes d'albums, Please Please Me n'est remplacé à la première place que par le deuxième album du groupe, With the Beatles, publié le 22 novembre 1963. Ces deux disques sont exportés aux États-Unis respectivement sous les noms de Introducing... The Beatles, parue sur l'étiquette Vee-Jay Records, et Meet The Beatles, publié par Capitol Records. Le label américain a tardé à publier les disques du groupe vedette de leur maison-mère et prendront l'habitude de raccourcir la liste des chansons, modifier l'ordre des pistes, utiliser des nouvelle pochette jusqu'à modifier le son de certaines chansons (rajout de réverbération ou de versions stéréo inédites). Dans un premier temps, la maison de disques américaine affiche un mépris pour ce qu'elles pensent être un phénomène passager. Le 45 tours, I Want to Hold Your Hand, est leur premier no 1 sur le marché américain et y reste du 1er février au 14 mars 1964. Il sera détrôné par She Loves You du 21 au 28 mars, suivi de Can't Buy Me Love du 4 avril au 2 mai. Le classement du Billboard Hot 100 du 31 mars 1964 aux États-Unis fait apparaître cinq titres des Beatles aux cinq premières places : la « Beatlemania » qui avait débuté au Royaume-Uni se propage de l'autre côté de l'Atlantique, et dans le monde entier.

Analyse du phénomène

La « Beatlemania » fut un phénomène d'ampleur et à plusieurs facettes. La jeunesse prend goût à se coiffer et s'habiller « à la Beatles », comme en témoignent les photos de l'époque prises dans les rues. Ils deviennent des trend-setters, expression anglophone que l'on peut traduire en français par faiseurs de mode ou leaders de tendances. Les disquaires se spécialisent sur la discographie des Beatles, et pour mieux gérer ses stocks, la société EMI/Parlophone propose la présouscription des albums et des singles à suivre, même s'ils sont encore à l'état de projet. Les pré-commandes atteignent dès lors des sommets astronomiques : par exemple, 2,1 millions pour Can't Buy Me Love en 1964[45].

Des magazines spécialisés fleurissent, comme le célèbre Beatles Monthly, (aussi connu sous le nom de Beatles Book, 77 éditions de 1963 à 1969, intégralement republiées de 1977 à 1982) et se vendent comme des petits pains. L'atmosphère hystérique des concerts rend parfois ceux-ci presque inaudibles[46]. Le premier ministre britannique, Harold Wilson, remarque néanmoins que ces artistes constituent pour le pays une excellente exportation, notamment en termes d'image : celle de jeunes gens souriants, polis, bien habillés, et pleins d'un humour très britannique lors des interviews. Ils sont décorés par la reine du Royaume-Uni, le 26 octobre 1965 à Buckingham Palace, de la médaille de membre de l'Empire britannique (Member of the British Empire, ou MBE). C'est en fait la plus basse des décorations. Certains MBE — dont plusieurs sont des vétérans et des chefs militaires —, froissés, renvoient par dépit leur propre croix à la Reine. John Lennon répliqua qu'il aimait mieux recevoir cette distinction en divertissant[8]. Les vrais honneurs arrivent beaucoup plus tard, quand James Paul McCartney est anobli en 1997. Extrêmement liés, par le simple fait qu'ils sont les seuls à « vivre la Beatlemania de l'intérieur », considérant se trouver dans l'œil du cyclone, voyant tout le monde s'agiter frénétiquement autour d'eux, se soudant autant que possible, très amis, les Beatles se voient affublés du surnom de « monstre à quatre têtes » au plus fort du phénomène[2].

Dans les années 1960, l'industrie musicale est en pleine expansion. Désormais, il est possible de donner des concerts dans des salles de plus en plus grandes. À la télévision, les émissions sont de plus en plus regardées par un public familial. Les Beatles participent dès 1963 à de nombreux shows avec les animateurs les plus populaires de la télévision britannique et bientôt américaine, et sont les premiers à passer dans une émission diffusée en Mondovision, dans le monde entier, le 25 juin 1967, avec la chanson All You Need Is Love. Depuis 1965, les Beatles ne chantent pratiquement plus qu'en playback à la télévision. McCartney s'en explique : « Nous faisons un très important travail de studio, corrigeant inlassablement la moindre imperfection avec une précision maniaque. Pas question d'offrir aux téléspectateurs, alors que ce son existe, un autre son déformé par les mauvais studios des plateaux de TV ». Toujours en 1965, les Beatles prennent la résolution de ne plus donner d'autographes : « Nous n'avons tout simplement pas assez de bras, et nous devons tout de même pouvoir utiliser nos guitares de temps en temps ! ».

Les Beatles mêlent des standards du rock comme Kansas City des chansons susceptibles de plaire à la génération précédente (Till There Was You, You've Really Got a Hold on Me ; Bésame mucho reste dans les cartons). À noter que ces chansons, y compris Bésame mucho, font partie du répertoire des Beatles depuis Hambourg[47]. Pour ne pas se faire cataloguer comme « mods » et perdre le public des « rockers », Brian Epstein a eu une idée : les Beatles, retrouvant un moment le cuir de leurs débuts, vont sortir un EP (extended play) de quatre titres de rock pur et dur (Matchbox, I Call Your Name, Long Tall Sally et Slow Down) qui est le « disque des initiés » et montre « ce que les Beatles savent vraiment faire quand ils le veulent ». Satisfaits par cet « os à ronger », les rockers ne dénigrent plus les Beatles eux-mêmes, mais les fans qui achètent leurs autres disques en ne sachant pas ce qu'est la vraie musique des Beatles, qui ont montré qu'ils savaient faire bien mieux que de la pop. Pour se concilier ce public — mais aussi pour se faire plaisir — la présence d'un « standard de rock » devient un « incontournable » des albums[48].

Dans le film A Hard Day's Night, tourné en noir et blanc pour ne pas coûter trop cher — mais aussi pour masquer le fait qu'ils n'ont pas la même couleur de cheveux — et réalisé par Richard Lester, les Beatles orchestrent habilement leur propre légende, avec un humour très britannique. Cet humour devient délirant avec le film suivant, Help!, sorti à l'été 1965, en couleurs, où les Beatles se moquent d'eux-mêmes. On va jusqu'à les comparer aux Marx Brothers, ce que John estime excessif. Plus tard, George Harrison, quant à lui, noue une solide amitié avec Eric Idle et le groupe des Monty Python et va même jusqu'à financer le film Life of Brian. L'humour britannique est par ailleurs une composante majeure des Beatles. Ceux-ci, notamment dans le film A Hard Day's Night, n'hésitent pas à rivaliser de bons mots. A la question : « Comment avez-vous trouvé l'Amérique ? », les membres du groupe répondent : « Tournez à gauche au Groenland ! ».

John Lennon avait soigné son personnage avant-gardiste en écrivant en 1964 et 1965 deux livres de courtes nouvelles dans un style imagé et surréaliste, In His Own Write, puis A Spaniard in the Works. La critique de l'époque ne leur fait pas bon accueil, mais Christiane Rochefort traduit en français le premier sous le titre « En flagrant délire ».

Entre-temps, le fan club des Beatles travaille à fidéliser un réseau de fans à qui on concède des bonus comme des photos inédites et des disques hors commerce offerts à Noël : un Christmas Record sortira ainsi chaque année durant les fêtes, jusqu'en 1968. Brian Epstein intervient pour la partie organisation et George Martin pour la partie musicale. Dès le début des années 1960, George Martin fait à tout hasard enregistrer un album de musique symphonique inspirée des Beatles. Un autre, plus élaboré, suit bien plus tard pour le remplacer. Vers l'an 2000, un disque nommé Beatles Go Baroque et issu des pays de l'Est fait de même.

Passage à Paris (1964)

À l'avènement de leur gloire internationale, et donc en laissant de côté leurs prestations au Star-Club de Hambourg et au Cavern Club de Liverpool, c'est à l'Olympia de Paris et durant trois semaines (du 16 janvier au 4 février 1964), à raison d'un, deux ou trois shows quotidiens, soit 41 apparitions en tout[49], que les Beatles ont joué le plus longtemps au même endroit. Après un « tour de chauffe » au cinéma Cyrano à Versailles le 15 janvier, ils donnent leur premier spectacle à l'Olympia le lendemain. L'affiche est imposante et donne tout son sens au mot « Music-hall ». Daniel Janin et son orchestre, les Hoganas, Pierre Vassiliu, Larry Griswold, Roger Comte, Gilles Miller et Arnold Archer, acrobates, jongleurs, humoristes, chanteurs se succèdent sur la scène avant la deuxième partie du spectacle avec les trois têtes d'affiche au fronton du Boulevard des Capucines : Trini Lopez, Sylvie Vartan et les Beatles, passant à chaque fois en dernier.

Les passages des Beatles sont assez courts puisqu'ils ne jouent à chaque fois que huit titres : From Me to You, Roll Over Beethoven, She Loves You, This Boy, Boys, I Want to Hold Your Hand, Twist and Shout, Long Tall Sally[49]. La surprise pour eux, c'est que la salle est composée en majorité de garçons, et qu'ils n'entendent pas, pour une fois, les cris féminins stridents qui les accompagnent d'habitude[2]. Au fur et à mesure, et malgré quelques incidents techniques au début, les Beatles conquièrent leur public. Durant leur séjour à Paris, les jours de relâche leur permettent d'aller faire un tour aux studios Pathé-Marconi de Boulogne-Billancourt. Le 29 janvier, ils y enregistrent leurs deux titres en langue allemande : Komm, gib mir deine Hand / Sie liebt dich (I Want to Hold Your Hand et She Loves You). Le premier est entièrement enregistré, voix et instruments (en 14 prises), le second n'est qu'un ajout vocal sur leurs propres pistes instrumentales. Le même jour, ils mettent également en boîte un nouveau tube composé par Paul : Can't Buy Me Love[50].

C'est aussi à Paris que les Beatles apprennent qu'ils viennent de décrocher leur premier no 1 aux États-Unis : I Want To Hold Your Hand. Cette nouvelle provoque une grande scène de joie collective dans leur chambre du George-V ; Mal Evans raconte : « Quand je suis rentré dans la pièce je suis resté stupéfait. Debout sur un fauteuil, John prononçait une sorte de discours dont je n'arrivais pas à saisir un mot. George donnait des bourrades à Ringo et je me demandais encore ce qui se passait quand Paul me sauta sur le dos ! Ils étaient heureux comme des collégiens en vacances et, à la réflexion, je reconnais qu'il y avait de quoi[2]. » Pendant ce séjour, John Lennon et Paul McCartney poursuivent par ailleurs le travail de composition pour leur futur album, A Hard Day's Night; un piano a spécialement été installé à cet effet dans leur chambre de l'Hôtel George-V[51]. Le groupe posera également, pour le sculpteur David Wynn qui créera deux œuvres : leurs têtes, qu'il place une par-dessus l'autre, et des figurines du quatuor en spectacle avec leurs instruments. C'est la seule occasion où ils seront modèles pour un sculpteur[52].

À la conquête de l'Amérique (1964-1965)

« Nous savions que l'Amérique ferait de nous des vedettes mondiales ou nous détruirait. En définitive, elle nous a faits. »

— Brian Epstein[53]

Trois jours après leur dernière prestation à l'Olympia, une foule immense est à leurs côtés à l'aéroport londonien de Heathrow, au moment où ils s'embarquent pour le Nouveau Monde. De l'autre côté de l'Atlantique, c'est encore la foule — plus de 10 000 fans — qui les attend lorsqu'ils se posent sur le tarmac de l'aéroport international John-F.-Kennedy de New York, le 7 février 1964. Un événement majeur va secouer l'Amérique moins de 48 heures plus tard : plus de 73 millions de personnes (soit 45 % de la population) assistent en direct à leur première prestation télévisée, lors du Ed Sullivan Show diffusé sur CBS le 9 février. Une audience record pour l'époque, qui reste encore de nos jours une des plus élevées de l'histoire, hors retransmissions sportives. Certains médias iront jusqu'à dire que cet événement télévisuel a redonné le moral à l'Amérique encore profondément traumatisée, 77 jours après l'assassinat du Président Kennedy[54],[55].

Après un premier concert dans des conditions difficiles au Coliseum de Washington — la scène est au milieu de la salle, comme un ring, la batterie doit pivoter et les musiciens se retourner pour faire face à une partie ou à l'autre du public, le matériel fonctionne mal, etc. — le 11 février, un autre le lendemain au Carnegie Hall de New York, et un nouveau passage dans le Ed Sullivan Show en direct de Miami le 16 février, les « Fab Four » (en français les « quatre fabuleux ») rentrent au pays. L'Amérique est emportée par la Beatlemania, un rendez-vous est pris pour une première tournée de 26 dates à travers le pays, à guichets fermés, du 19 août au 20 septembre 1964[56].

C'est pendant cette tournée estivale des États-Unis que les Beatles rencontrent Bob Dylan, et que ce dernier leur fait essayer la marijuana pour la première fois[8]. Une découverte qui a une importance incontestable dans l'évolution de leur musique. La légende veut que Dylan ait pris le « I can't hide » (« je ne peux le cacher ») de I Want to Hold Your Hand pour « I get high » (« je plane ») et qu'il ne se soit ainsi pas gêné pour proposer un « reefer » aux Beatles[2].

L'histoire d'amour entre les Beatles et l'Amérique, où ils enchaînent les no 1 en 1964 et 1965, trouve un point d'orgue le 15 août 1965 en ouverture de leur seconde tournée de ce côté de l'Atlantique. Ce jour-là, ils sont le premier groupe de rock à se produire dans un stade, le Shea Stadium de New York, devant 56 000 fans déchaînés et dans des conditions singulières pour ce genre de spectacle dans une telle arène, sous les hurlements de la foule. Les Beatles se produisent seulement munis de leurs amplis Vox, et sont repris par la sono du stade, c'est-à-dire les haut-parleurs utilisés par les « speakers » des matches de baseball. Il en résulte que ni eux ni le public n'entendent clairement une note de cette prestation historique. Les documents filmés ce jour-là démontrent cependant que les Beatles arrivent à jouer, et que c'est John Lennon qui les empêche de se retrouver paralysés par l'événement en multipliant les pitreries, comme parler charabia en agitant ses bras pour annoncer un titre en se rendant compte que personne ne peut l'entendre, ou maltraiter un clavier avec ses coudes au moment de l'interprétation de I'm Down[2].

Les contrats signés en 1965 par les Beatles pour qu'ils se produisent dans les arènes américaines stipulent qu'ils refusent de jouer devant un public ségrégationniste. Déjà, en 1964, le groupe avait publiquement déclaré son refus de se produire en Floride tant que le public noir n'était pas en mesure de s'asseoir là où il le désirait[57].

Pionniers de la British Invasion, terme utilisé aux États-Unis pour y décrire la prédominance des groupes de pop rock anglais — parmi lesquels les Rolling Stones, les Who ou encore les Kinks — au milieu des années 1960, les Beatles sont abonnés aux premières places des charts américains jusqu'à la fin de leur carrière. Ils détiennent d'ailleurs toujours, aujourd'hui, un record absolu avec 209 millions d'albums vendus sur ce seul territoire[58]. « La musique n'a plus jamais été la même depuis lors » affirme la RIAA (Recording Industry Association of America)[59].

Cinéma et « œufs brouillés »

Le film A Hard Day's Night (dont le titre français est Quatre garçons dans le vent) permet d'aborder et comprendre ce qu'était la Beatlemania en 1964. La bande-son de ce faux documentaire humoristique réalisé en noir et blanc par Richard Lester, qui connaît un succès international, est aussi le troisième disque des Beatles (sorti en Angleterre le 10 juillet 1964 chez United Artists Records). Le titre a été accidentellement créé par Ringo Starr ; sortant à une heure avancée des studios, il a dit « It's been a hard day » (« cela a été une dure journée »), puis s'apercevant que c'était la nuit, a ajouté « …'s night » (« …de nuit[5] »). Il représente un tour de force de John Lennon, auteur et chanteur principal de 10 des 13 chansons. Il est à cette époque au sommet de sa prépondérance sur le groupe[5]. C'est le premier album des Beatles à ne comporter aucune reprise, tous les titres étant signés Lennon/McCartney. Il inclut notamment la première ballade portant réellement « la patte » de Paul McCartney, And I Love Her, ainsi que de nombreux futurs no 1. Encore une fois, deux éditions différentes sont réalisées pour l'Angleterre (Parlophone - 14 titres) et les États-Unis (Capitol - 11 titres).

Pressés de toutes parts, littéralement poussés vers les studios au milieu d'incessantes tournées, les Beatles sortent dans la foulée, le 4 décembre 1964, Beatles for Sale (titre évocateur : « les Beatles à vendre »), où ils se contentent de reprendre en studio leur répertoire scénique du moment en y incluant quelques nouvelles chansons, comme Eight Days a Week, I'm a Loser, Baby's in Black et No Reply ou une très ancienne comme I'll Follow the Sun. Le disque comprend donc six reprises de rock 'n' roll et sera livré avec une pochette, qui comme celle de With the Beatles[60] (et d'autres à venir) deviendra une des plus pastichées des décennies suivantes[61]. Au même moment, le titre I Feel Fine de John Lennon, publié en single le 27 novembre, est no 1 durant cinq semaines. Il démarre par un « feedback » de guitare ou effet Larsen, le premier du genre dans le rock, que l'on pourrait croire accidentel, alors que cet étonnant effet est délibéré. « Je défie quiconque de trouver la présence d'un feedback sur un disque avant I Feel Fine, à moins que ce soit un vieux disque de blues de 1922 » assure John Lennon[2].

La « Beatlemania » bat toujours son plein en 1965, lorsque sortent le film Help! — tourné par les Beatles dans les volutes de fumée de cigarettes très spéciales[2] — et le disque du même nom. Seule la moitié des titres de l'album fait partie de la bande-son du film dont Ringo Starr est la vedette, et trois chansons vont marquer l'histoire du groupe, autant de no 1 dans les charts. Help! d'abord, où John Lennon, il l'avoue plus tard, se met à nu en appelant au secours. Le succès, la célébrité, ne lui apportent aucune réponse, il est, dit-il, dépressif et boulimique, dans sa période « Elvis gros[2] ». Ticket to Ride ensuite, considéré par Lennon comme le titre précurseur du hard rock[2] avec ses effets de guitare, ses roulements de toms et sa basse insistante.

Yesterday enfin, la chanson mythique de Paul McCartney qu'il joue à tout son entourage, une fois composée sous le titre de travail Scrambled Eggs (« œufs brouillés ») se demandant sincèrement et interrogeant à la ronde pour savoir s'il a bien inventé cette mélodie ou si elle ne vient pas de quelque part, tant elle paraît évidente[62]. Elle devient la chanson la plus diffusée et la plus reprise du XXe siècle (près de 3 000 reprises). Yesterday et son fameux arrangement pour quatuor à cordes, suggéré et composé par George Martin en compagnie de l'auteur de la chanson qui pour la première fois, l'enregistre seul, sans les autres membres du groupe. Plus de 40 ans après, Paul mesure encore sa chance d'avoir rêvé cette chanson, de s'en être souvenu au réveil, qu'elle fut bien de lui, et qu'elle ait connu cet incroyable succès[63].

Tournant de Rubber Soul

Un soir d'avril 1965, un ami dentiste de George Harrison et John Lennon charge leur café, ainsi que ceux de leurs épouse Cynthia Lennon et compagne Pattie Boyd avec une substance pas encore illicite : le LSD[8],[64]. Ils découvrent donc cette drogue sans l'avoir voulu, mais John va en devenir un gros consommateur pour au moins les deux années suivantes. Tous vont l'essayer (McCartney, très réticent, est le dernier à en prendre, en 1966, mais le premier à en parler à la presse), et d'une façon générale, la musique et les paroles des Beatles vont encore évoluer sous l'influence de cette substance hallucinogène[8]. À l'automne 1965, ils enregistrent un album charnière dans leur carrière : Rubber Soul. Le titre est un jeu de mots à partir de rubber sole — semelle en caoutchouc —, soul music — la musique de l'âme — et plastic soul — âme influençable —. Les textes sont plus philosophiques, plus fouillés (la poésie de Lennon, l'influence de Bob Dylan déjà présente dans You've Got to Hide Your Love Away de l'album Help!), aux thèmes plus sérieux. Le disque est enregistré dans l'urgence, car il doit sortir pour Noël, en quatre semaines, du 12 octobre au 11 novembre 1965[39].

Leur musique est devenue plus élaborée, les techniques d'enregistrement en studio sont en progression, le temps qui y est passé également. Leur immense succès est la garantie pour eux d'une liberté de plus en plus grande dans la création et la possibilité de bousculer les codes en vigueur (par exemple les horaires, ou le simple fait de pouvoir se déplacer de la salle d'enregistrement à la cabine, devant la table de mixage) dans les austères studios d'EMI. « C'est à cette époque que nous avons pris le pouvoir dans les studios » note John Lennon[2].

Les locaux de ce qui s'appelle encore « studios EMI » (ils deviendront « Abbey Road » plus tard) fourmillent d'instruments en tous genres, jusqu'aux placards, et les jeunes musiciens, désormais intéressés par toutes les formes de musique, commencent à tester et à intégrer les sons les plus divers dans leurs chansons. « On aurait pu emmener un éléphant dans le studio pour peu qu'il produise un son intéressant » raconte Ringo Starr[2]. Rubber Soul se caractérise par deux ruptures : Nowhere Man est la première chanson des Beatles ne parlant pas de filles et d'amour ; il n'y a pas une seule reprise d'un quelconque standard du rock 'n' roll ou autre sur ce sixième disque des Beatles, et il n'y en aura plus jamais. George Harrison, qui vient de s'acheter un sitar car il est tombé amoureux de la musique indienne en écoutant les disques de Ravi Shankar, est amené à l'utiliser spontanément sur la chanson Norwegian Wood (This Bird Has Flown) de John Lennon. Grande première dans le rock, l'initiative de Harrison inspire Brian Jones dans la composition du riff de Paint It, Black des Rolling Stones quelques mois plus tard.

Les Beatles étaient au départ un groupe basé sur sa maîtrise de l'harmonie vocale — leur maîtrise de la polyphonie n'a pas été étrangère à leur succès et a presque fait oublier les précédents représentants américains du genre, les Four Seasons[f] —, œuvrant dans la plus grande économie de moyens ; en 1965, la recherche instrumentale devient prépondérante. Les harmonies vocales restent toutefois très présentes (Drive My Car, Nowhere Man, If I Needed Someone, The Word, Wait), tout comme diverses facéties, comme sur le pont de la chanson Girl de John Lennon, que McCartney et Harrison ponctuent par des « Tit tit tit tit » (« nichon » en anglais).

La compétition et l'émulation battent également leur plein entre les deux auteurs principaux du groupe : le jour de la publication de Rubber Soul (le 3 décembre 1965), sort également le 45 tours Day Tripper / We Can Work It Out. Le premier titre est de John (avec l'aide de Paul), le second de Paul (avec l'aide de John), et les deux compères se bagarrent pour figurer sur la face A du single, qui est le tube assuré. Il est alors décidé que ce seront deux faces A, lesquelles atteignent la première place des charts, et ce pour cinq semaines consécutives[g].

À l'époque, hors de leur « compétition interne », la plus sérieuse émulation pour les Beatles vient d'outre-Atlantique. En effet, si les Rolling Stones commencent tout juste à émerger en adoptant volontairement une attitude de mauvais garçons, ce sont les Beach Boys qui opposent les qualités les plus grandes en termes d'harmonies vocales, de recherches mélodiques et de techniques d'enregistrement. L'album Pet Sounds, conçu par Brian Wilson comme une réponse aux innovations de Rubber Soul, est d'ailleurs une source d'inspiration pour Revolver, le prochain album des Beatles. Les musicologues s'accordent généralement à dater la naissance de la « pop » de cette émulation entre les deux groupes en 1965-1966.

Demain ne sait jamais

À l'été 1966, leur album suivant, Revolver, sorti le 5 août 1966 en Angleterre, est de la même veine. John Lennon est au meilleur de sa forme, inspiré, innovant avec Doctor Robert, Tomorrow Never Knows, She Said She Said et dans I'm Only Sleeping, où le solo de guitare est passé à l'envers. Paul McCartney s'affirme en mélodiste talentueux avec Eleanor Rigby, For No One et Here, There and Everywhere. Il a aussi l'idée de la chanson Yellow Submarine pour Ringo Starr. And Your Bird Can Sing reprend et développe des effets de guitare qui n'apparaissaient que discrètement à la fin de Ticket to Ride. Le sitar indien, déjà entendu dans Norvegian Wood, a séduit George Harrison ; son admiration pour l'Inde — dont il ne se départira plus — devient évidente avec Love You To. Une autre chanson de George Harrison ouvre le disque, Taxman. La galerie de thèmes et de personnages s'élargit : un percepteur, une bigote solitaire, le sommeil et la paresse, le capitaine d'un sous-marin jaune, un docteur douteux, le Livre des morts tibétain… La pochette du disque est dessinée par leur ami Klaus Voormann.

Tomorrow Never Knows (« Demain ne sait jamais », encore un accident de langage signé Ringo Starr[5]), dernier titre de Revolver, est un cas particulier : joué sur un seul accord (le do), incluant des boucles sonores préparées par Paul, des bandes mises à l'envers, accélérées, mixées en direct avec plusieurs magnétophones en série actionnés par autant d'ingénieurs du son — une dizaine — envoyant les boucles à la demande vers la table de mixage, il ouvre l'ère du rock psychédélique et peut aussi être considéré comme le titre précurseur de la techno. Les prouesses de George Martin et des ingénieurs du son des studios EMI — à commencer par Geoff Emerick — vont jusqu'à répondre aux demandes extrêmes de John Lennon, désirant que sa voix évoque celle du Dalaï-lama chantant du haut d'une montagne. Ils élaborent cet effet en faisant passer la voix de John dans le haut-parleur tournant d'un orgue Hammond, le « Leslie speaker ». Celui-ci tourne sur lui-même pour donner au son de l'orgue un effet tournoyant, et le résultat donne à la voix de John l'impresion de surgir de l'au-delà[2].

« De tous les morceaux des Beatles, c'est celui qui ne pourrait pas être reproduit : il serait impossible de remixer aujourd'hui la bande exactement comme on l'a fait à l'époque ; le « happening » des bandes en boucle, quand elles apparaissent puis disparaissent très vite dans les fluctuations du niveau sonore sur la table de mixage, tout cela était improvisé. »

— George Martin, Summer of love, The Making of Sgt Pepper's

« Plus populaires que Jésus »

Une interview de John Lennon intitulée « Comment vit un Beatle ? » par la journaliste Maureen Cleave, une proche du groupe, paraît dans le London Evening Standard du 4 mars 1966. Les Beatles sont alors au sommet de leur popularité mondiale, et il déclare : « Le christianisme disparaîtra. Il s'évaporera, décroîtra. Je n'ai pas à discuter là-dessus. J'ai raison, il sera prouvé que j'ai raison. Nous sommes plus populaires que Jésus, désormais. Je ne sais pas ce qui disparaîtra en premier, le rock 'n' roll ou le christianisme […][65]. »

Ce qui passe complètement inaperçu au Royaume-Uni — et même ailleurs, dans un premier temps — finit par devenir un véritable scandale, quelques mois plus tard, aux États-Unis, dès lors que ces propos sont repris, amplifiés et déformés sur une station de radio de l'Alabama ; il y est suggéré que les disques des Beatles soient brûlés, en représailles de ces paroles jugées blasphématoires. La « Bible Belt » américaine ne tarde pas à mettre ces propos en application.

Paul McCartney tente bien de tourner l'affaire en dérision, en déclarant « Il faut bien qu'ils les achètent avant de les brûler[8] ! », mais le mal est fait, et le malaise profond. Ainsi, à l'aube de leur ultime tournée, le 11 août 1966 à Chicago, John Lennon est obligé de se justifier devant les médias américains : « Si j'avais dit que la télévision était plus populaire que Jésus, j'aurais pu m'en tirer sans dommage […] Je suis désolé de l'avoir ouverte. Je ne suis pas anti-Dieu, anti-Christ ou anti-religion. Je n'étais pas en train de taper dessus ou de la déprécier. J'exposais juste un fait, et c'est plus vrai pour l'Angleterre qu'ici [aux États-Unis]. Je ne dis pas que nous sommes meilleurs, ou plus grands, je ne nous compare pas à Jésus-Christ en tant que personne, ou à Dieu en tant qu'entité ou quoi qu'il soit. J'ai juste dit ce que j'ai dit et j'ai eu tort. Ou cela a été pris à tort. Et maintenant, il y a tout ça[66]… »

Arrêt des tournées

Jusqu'en 1966, les Beatles enchaînent, à un rythme très soutenu, des tournées, des compositions, des séances d'enregistrement et des sorties de singles et d'albums. Mais plus leur succès grandit, plus leurs prestations publiques se déroulent dans des conditions impossibles, dans des salles ou des espaces en plein air de plus en plus grands, alors que les moyens de sonorisation sont encore balbutiants, et surtout, sous les cris stridents de la gent féminine, qui couvrent complètement leur musique. Au point qu'ils ne s'entendent pas jouer et se rendent compte finalement que le public ne les entend pas non plus.

La différence entre leur production en studio, de plus en plus complexe, et ce qu'ils arrivent à délivrer sur scène, devient flagrante. Leur répertoire scénique reste quasiment le même au fil des années — des standards du Rock 'n' roll comme Rock 'n' Roll Music ou Long Tall Sally seront notamment joués jusqu'au bout —, et ils constatent les dégâts dès qu'ils s'attaquent à des titres plus récents, par exemple Nowhere Man ou Paperback Writer : au Budokan de Tokyo, fin juin, on voit George Harrison agiter la main en saluant le public pour le faire hurler, afin de couvrir le chœur a cappella de Paperback Writer qui sonne nettement faux… Ces concerts à Tokyo ayant déclenché une demande de 209 000 billets[67] se passent d'ailleurs dans une ambiance étouffante, les Beatles restant cloîtrés dans leur hôtel et bénéficiant de la plus grande protection policière jamais vue au XXe siècle pour un groupe ou un artiste, avec un dispositif (35 000 fonctionnaires mobilisés) de même ampleur que celui mis en place deux ans plus tôt pour les Jeux olympiques[68],[69].

Après cette série de concerts dans la capitale japonaise, les événements vont précipiter leur décision de mettre un terme définitif à ce que John Lennon considère comme « de foutus rites tribaux[2] ». À Manille, aux Philippines, ils passent tout près d'un lynchage, pour avoir malencontreusement snobé, à leur arrivée, une réception donnée en leur honneur par la redoutable Imelda Marcos, épouse du dictateur Ferdinand Marcos, la veille de leurs concerts du 4 juillet. Le groupe répondra qu'il n'avait reçu aucune invitation, ce qui n'empêchera pas la presse locale de se déchaîner ni les Philippins d'envoyer des menaces d'attentat et de mort. Toute protection policière leur est retirée lorsqu'ils repartent, une foule hostile les attend à l'aéroport, ils sont agressés, parviennent difficilement jusqu'à leur avion qui va rester bloqué sur la piste, le temps que leur manager Brian Epstein en soit débarqué pour aller se faire délester de la recette des quelque 100 000 billets vendus pour leurs deux concerts[2],[70],[71].

Cette énorme frayeur les décide déjà à tout arrêter, mais il leur reste des dates estivales à honorer aux États-Unis. Là-bas, ils subissent les conséquences de la tempête provoquée par les paroles de John Lennon à propos du christianisme. Ils reçoivent des menaces, notamment du Ku Klux Klan, et craignent réellement pour leur sécurité, alors qu'ils se produisent dans des stades dans des conditions qui restent détestables. Ils n'en peuvent plus. La dernière date de cette tournée, le lundi 29 août 1966, au Candlestick Park de San Francisco, onze titres interprétés en un peu moins de 35 minutes, sur une scène entourée de grillages, au milieu d'une pelouse où la chasse policière aux fans déchaînés bat son plein[72], devient leur dernier concert tout court. Seulement 25 000 billets ont été vendus pour 31 000 disponibles, ce qui a conduit la radio rock KYA, partenaire de l'opération, à organiser des jeux pour distribuer les billets restants[73].

« À Candlestick Park, on s'est sérieusement dit que tout ça devait s'arrêter. On pensait que ce concert à San Francisco pourrait bien être le dernier, mais je n'en ai été vraiment certain qu'après notre retour à Londres. John voulait laisser tomber plus que les autres. Il disait qu'il en avait assez », explique Ringo Starr. « Je suis sûr qu'on pourrait envoyer quatre mannequins de cire à notre effigie, et que les foules seraient satisfaites. Les concerts des Beatles n'ont plus rien à voir avec la musique. Ce sont de foutus rites tribaux », dit John Lennon. « C'était trop, toutes ces émeutes et ces ouragans. La « Beatlemania » avait prélevé sa dîme, la célébrité et le succès ne nous excitaient plus[2] », se remémorera George Harrison. L'arrêt des tournées marque une première fissure dans la carrière des Beatles, partant du principe qu'un groupe de rock 'n' roll qui ne joue plus sur scène n'est plus vraiment un groupe. D'ailleurs, tandis que John s'exclame « Mais qu'est-ce que je vais faire maintenant ? » — il partira en fait tourner le film How I Won the War à Almería en Andalousie, avec Richard Lester —, George déclare tout de go « Je ne suis plus un Beatle désormais ». Il faut que Paul McCartney entraîne tout le monde dans un nouveau projet pour redonner un second souffle au groupe, un nouveau départ, loin des foules hystériques. Un projet qui consiste à envoyer une autre formation, imaginaire, en tournée à leur place. Celle du « Club des Cœurs Solitaires du Sergent Poivre ».

Années studio (1967-1968)

Triomphe de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band

Adieu les tournées et les costumes « uniformes ». À la fin de l'année 1966, les Beatles s'installent quasiment à plein temps dans les studios EMI d'Abbey Road, et ils vont en exploiter toutes les possibilités. C'est le début de la période qui sera définie comme « les années studio ». Ils s'amusent à coller des bouts des chansons, à lancer des bandes de musique par terre et à les recoller au hasard, à passer des morceaux à l'envers (comme sur la chanson Rain), en accéléré, à mélanger de nombreux instruments, des violons, des instruments traditionnels, indiens, toutes sortes de claviers, ou même des orchestres. À tenter tout ce qui est artistiquement possible en s'affranchissant d'un fardeau (ils sont les Beatles et doivent en permanence se mesurer à l'image que leur public a d'eux) pour prendre l'identité d'une fanfare à la fois « Edwardienne » et complètement dans l'air du temps, qui souffle depuis la Californie. Ce concept est signé Paul McCartney.

L'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band est publié le 1er juin 1967 : ce disque est considéré par beaucoup comme leur chef-d'œuvre et sera reconnu comme la meilleure œuvre rock de tous les temps. D'autres y voient au contraire un album d'adieu (illustré par un massif fleuri où quatre Beatles tristes du musée de cire de Madame Tussauds semblent assister à leur propre enterrement, tandis que les quatre vrais Beatles sont donc devenus des musiciens de fanfare moustachus, et où une poupée à l'effigie de Shirley Temple annonce « Welcome the Rolling Stones »). Cet album marque en tout cas leur carrière et toute une génération. Pour répondre aux demandes et besoins des musiciens, George Martin et son équipe doivent aller de plus en plus loin. Ils inventent ainsi le « vari speed » qui permet de faire varier la vitesse de défilement de la bande (procédé qui est notamment utilisé sur Strawberry Fields Forever pour fondre deux prises différentes en une seule, ou sur Lucy in the Sky with Diamonds pour la voix de John Lennon) et le « reduction mixdown » : les quatre pistes d'un magnétophone — le maximum dont ils disposent à l'époque — sont réduites en une seule sur un autre appareil identique synchronisé, et trois nouvelles pistes sont ainsi libres. On peut multiplier ce procédé et obtenir jusqu'à seize pistes avant l'heure[74]. Pour la première fois dans l'histoire du rock, un groupe va passer un peu plus de cinq mois en studio, de fin novembre 1966 à avril 1967, pour construire son album.

Les fructueuses séances de Sgt Pepper's ont débuté par les enregistrements des titres Penny Lane — de Paul McCartney — et Strawberry Fields Forever — de John Lennon — où chacun traite de la nostalgie de son enfance à Liverpool. La maison de disques EMI et Brian Epstein pressent George Martin de sortir un single pour l'hiver, et ce dernier livre, à contrecœur, ces chansons, qui sont tout simplement celles qui sont les plus avancées[75]. En conséquence, ces deux titres (publiés en Angleterre le 13 février 1967) ne sont pas inclus dans l'album à venir. De manière anecdotique, ils n'atteignent pas le no 1 du palmarès britannique, et le producteur considère aujourd'hui la décision de les avoir isolés sur un single « double face A » comme une « épouvantable erreur[2] ». Toujours à l'avant-garde, les Beatles se mettent en scène pour le titre de John Lennon, Strawberry Fields Forever, cet hiver-là, dans un mini-film tellement innovant qu'on peut en faire le précurseur de tous les vidéo clips musicaux tels qu'on les connaît aujourd'hui[76]. L'écriture et la réalisation de Sgt Pepper's se poursuit intensément durant les quatre premiers mois de 1967. La collaboration Lennon/McCartney atteint encore des sommets. Ensemble, ils écrivent With a Little Help from My Friends pour Ringo Starr, créent She's Leaving Home à partir d'un fait divers, concoctent Getting Better, où l'optimisme de l'un (« It's getting better all the time / Ça va de mieux en mieux tout le temps ») est contrebalancé par le pessimisme de l'autre (« Can't get no worse / Ça ne peut pas être pire »). Enfin, un bout de chanson de John (« I read the news today oh boy… »), où il met en paroles une série de nouvelles lues dans la presse, accolé à une « ritournelle » de Paul (« Woke up, fell out of bed… »), le tout séparé par 24 mesures contenant un fameux glissando d'orchestre symphonique (clairement repris de Krzysztof Penderecki (Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima, 1960) et de Iannis Xenakis (Metastasis, 1955), donnent le titre A Day in the Life. Ils écrivent ensemble la phrase « I'd love to turn you on » (« J'aimerais te brancher ») qui fait scandale pour sa connotation « drogue » et provoque l'interdiction de la chanson sur la radio britannique.

Il est encore question de drogue, pour la plupart des observateurs de l'époque, avec le texte surréaliste — et surtout ses initiales (LSD) — de la chanson Lucy in the Sky with Diamonds. Mais John Lennon explique qu'il est en fait parti d'un dessin que son fils Julian, alors âgé de quatre ans, a ramené de sa classe de maternelle en lui expliquant que c'était sa copine Lucy O'Donnell, « dans le ciel avec des diamants[5] ». Le compositeur, qui cite aussi Lewis Carroll et son Alice au pays des merveilles[2] comme source d'inspiration, est le premier étonné de l'interprétation qui est faite de son titre.

L'héroïne joue un rôle dans le bannissement, à l'antenne, de deux autres chansons de l'album. D'abord Fixing a Hole, dont le titre peut laisser supposer que le chanteur se fait un « fix », puis Being for the Benefit of Mr. Kite!, entièrement composée, à partir d'une affiche de spectacle de cirque du XIXe siècle, par John Lennon[5], troisième et quatrième chansons du groupe à être interdites de radio, à cause du personnage « Henry the horse », « horse » signifiant héroïne en argot anglais. Ce sont bien sûr des interprétations totalement erronées de la part des « autorités compétentes »… Pour répondre aux demandes de Lennon, la production de cette dernière chanson entraîne de nouvelles prouesses techniques de la part de George Martin et de son équipe.

George Martin et les Beatles ont voulu faire de Sgt Pepper's un album-concept, en reliant certains morceaux, bien que les chansons n'aient aucun rapport entre elles, passées les deux du début (la chanson-titre et With a Little Help From My Friends). Pour unifier le tout, c'est Neil Aspinall, l'assistant du groupe, qui a l'idée de faire une reprise du morceau Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band comme avant-dernière piste de l'album. Ainsi, la fanfare du club des cœurs esseulés du Sergent Pepper accueille son public au début du spectacle — de l'album —, puis le salue à la fin, à travers le même morceau joué plus vite et dans une tonalité différente, en espérant que le show lui a plu. 40 ans plus tard, Paul McCartney reprend l'idée lors de sa tournée « Back in the U.S. » en 2002, en jouant la reprise de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band en avant-dernier morceau. L'album clôt avec A Day in the Life, tel un rappel, et se termine par trois trouvailles :

  • la longue décroissance — 47 secondes ! — d'un accord de piano[77] ;
  • un sifflement à 20 000 Hz, inaudible par l'homme et impossible à reproduire sur la plupart des électrophones de l'époque, mais dont John Lennon espère qu'il fera aboyer les chiens de ceux qui possèdent une bonne chaîne Hi-Fi[77] ;
  • un « jingle » sans fin sur le sillon intérieur[77], que ne pourront découvrir que les puristes de la Hi-Fi, ceux qui refusent d'avoir une platine à arrêt automatique en fin de disque — pour les autres, le bras se lèvera avant, ou juste au début.

Sgt Pepper's fait école et tout le monde (les Rolling Stones, Moody Blues, Aphrodite's Child, The Clouds, les Who, les Kinks, et bien d'autres) voudra aussi sortir son « album-concept », quand bien même Sgt Pepper's n'en est pas vraiment un, d'un point de vue strictement musical ; il aura suffi que ses auteurs le disent pour que cela soit une réalité. L'album fait date dans l'histoire de la musique pop rock : jamais un groupe n'avait disposé d'autant de temps, de moyens et de liberté pour enregistrer un album. les Beatles exploitent donc pleinement cette opportunité et George Martin joue bien sûr un rôle-clé dans l'exploration de nouvelles techniques. La pochette, très soignée et débordante de couleurs, a nécessité une centaine de lettres envoyées aux personnalités vivantes représentées, afin d'obtenir leur accord. Trois personnages en sont retirés « in extremis » : Hitler et Gandhi, au motif qu'ils indisposeraient le public britannique et au grand désespoir du très provocateur John. Et un troisième personnage, l'acteur Leo Gorcey, qui voulait bien figurer sur la pochette, mais à condition d'être rétribué. On juge plus simple de le faire disparaître. Cette pochette est, elle aussi, un événement. C'est la première fois qu'autant de soin est apporté au conditionnement du disque. Les paroles des chansons y sont incluses, pour la première fois également. Jusqu'ici, les pochettes se résumaient le plus souvent à une photo de l'artiste ; à partir de Sgt. Pepper's, la conception de la pochette devient un élément-clé (à la fois « marketing » et artistique) de la production d'un disque.

L'année suivante, Frank Zappa parodie la pochette avec l'album We're Only in It for the Money (« nous ne faisons ça que pour l'argent ») enregistré avec son groupe The Mothers of Invention.

Mort de Brian Epstein et premier échec

Le 25 juin 1967, les Beatles se produisent devant plus de 400 millions de téléspectateurs à travers le monde, à l'occasion de la toute première émission diffusée par satellite, Our World. En direct du studio 1 d'Abbey Road et en « Mondovision », ils interprètent une chanson spécialement composée par John Lennon pour l'occasion : All You Need Is Love[78]. Le triomphe est total. Le 45 tours publié le 7 juillet s'installe directement à la première place des charts et y reste trois semaines.

Le 24 juillet, paraît en pleine page dans The Times une pétition financée et signée par les quatre Beatles et leur manager intitulée « La loi interdisant la Marijuana est immorale en principe et inapplicable en pratique », un appel contre la prohibition en vigueur depuis l'instauration du Dangerous Drug Act en 1965[79],[80]. Mais c'est durant ce fameux « Summer of Love » (« l'été de l'amour ») sur fond de Sgt Pepper's que Brian Epstein est retrouvé sans vie dans sa maison, à 32 ans, à la suite d'une surdose de barbituriques, le 27 août. Les Beatles apprennent sa mort au retour d'un séminaire d'initiation à la méditation transcendantale avec Maharishi Mahesh Yogi à Bangor, au Pays de Galles, où chacun s'est vu délivrer un mantra. La disparition de leur manager les laisse totalement désemparés et marque une nouvelle fissure dans leur carrière[81],[8].

C'est également à la même époque que Paul McCartney prend clairement les rênes du groupe, un rôle laissé vacant par John Lennon dont l'ego se dissout sous l'effet du LSD. Bourreau de travail (« workaholic »), Paul est dès lors à l'origine de la plupart des projets, la majorité des no 1 des Beatles sont son œuvre, et il n'a de cesse de lutter contre la démobilisation progressive des autres membres du groupe. L'année 1967 se termine par l'éreintement critique de leur film Magical Mystery Tour, considéré à sa sortie (en fait, une diffusion télévisée sur la BBC à Noël) comme leur premier véritable échec. Un film tourné sans scénario — « mystérieux » même pour ses acteurs — et dont les séquences filmées des titres I Am the Walrus et Your Mother Should Know constituent les meilleurs moments. Le fait que les téléspectateurs britanniques l'aient vu en noir et blanc ne sert assurément pas sa cause. La bande-son, publiée sur un format « double EP » composé de 6 titres contient toutefois ces nouvelles perles que sont le très élaboré I Am the Walrus de John Lennon et The Fool on the Hill de Paul McCartney. Aux États-Unis, Magical Mystery Tour n'est pas un double EP, mais un album entier, sur lequel on retrouve compilés en face B les 45 tours publiés en 1967, comme les indissociables Strawberry Fields Forever/Penny Lane ainsi que All You Need Is Love et Hello, Goodbye. C'est cet album, finalement publié en 1976 au Royaume-Uni, qui intégrera la discographie officielle des Beatles à partir de la réédition de tout leur catalogue en CD au milieu des années 1980.

Les personnages du Walrus (tiré du livre De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll), de Lady Madonna et du Fool on the Hill, ainsi que Strawberry Fields, sont également repris en référence dans Glass Onion du double album blanc en 1968 — « The Walrus was Paul » (« le morse, c'était Paul ») chante John Lennon en se moquant de toutes les folles interprétations faites autour de ses textes…

Fondation d'Apple Corps

Lorsque les Beatles, désormais « orphelins » de Brian Epstein, apprennent que leur capital peut être soit investi dans la création d'une entreprise, soit dilapidé en impôts divers, ils choisissent la première solution, débouchant sur la naissance de leur compagnie Apple Corps.

Le nom, comme le logo, proviennent d'un célèbre tableau de René Magritte acquis par Paul McCartney. Apple est créée le 19 avril 1967, et ses premiers locaux ouvrent le 22 janvier 1968, avec ses divisions Apple Records (label sur lequel leurs disques seront désormais publiés), Apple Electronics, Apple Publishing, Apple Films et Apple Retail. En plus de couvrir les finances et les activités des Beatles, la compagnie est censée apporter de l'aide à tout artiste dans le monde qui voudrait lancer un projet artistique de valeur. Durant les deux dernières années d'existence du groupe, le résultat sera pour le moins contrasté. Des rêveurs et des utopistes tels que « The Fool », un groupe de jeunes dessinateurs de mode néerlandais, et « Magic Alex », alias Alex Mardas, feront perdre des milliers de livres aux Beatles[8].

L'Inde et le Maharishi

Les Beatles ont décidé de partir avec leurs épouses et amis dans le nord de l'Inde, à Rishikesh, rejoindre le Maharishi Mahesh Yogi, afin de recevoir son enseignement et approfondir leur expérience de la méditation transcendantale. Du 3 au 11 février 1968[39], avant de se rendre au pied de l'Himalaya, ils entrent en studio pour enregistrer quatre titres (Lady Madonna, The Inner Light, Hey Bulldog et Across the Universe) qui connaîtront des destins divers en termes de publication. Ce sont les deux premiers qui sont choisis pour être publiés en single, le 15 mars, durant l'absence du groupe. Lady Madonna, écrit par Paul, est no 1 au Royaume-Uni.

Mi-février, c'est le grand départ. les Beatles intègrent l'âshram du Maharishi. Ringo Starr reste deux semaines, Paul McCartney quatre, John Lennon et George Harrison huit[82]. Ce séjour se traduit notamment par une des plus fécondes périodes créatives de l'histoire du groupe, puisqu'une quarantaine de chansons sont composées sur place, qui rempliront la quasi-totalité de leur prochain album, et jusqu'à leurs disques solos, après leur séparation[5]. Avec des années de recul, chacun des quatre Beatles soulignera tout le bien que leur a fait cette expérience, ce repos spirituel loin de la folie qui les entourait dans le monde entier, et tout ce qu'ils en ont retiré[82], et tous resteront à long terme des adeptes de la méditation transcendantale. Sur le moment en revanche, leurs réactions sont mitigées et vont jusqu'au terrible ressentiment de John Lennon.

« Je ne suis resté que deux semaines », raconte Ringo Starr, qui compare l'āshram du Maharishi aux camps de vacance de son enfance[82]. « Je ne retirais pas ce que j'en espérais et la nourriture était impossible »[82]. Second membre du groupe à quitter Rishikesh, au bout d'un mois, Paul McCartney explique : « J'étais ravi, mais je me demandais comment les autres (John et George) allaient sortir de là. Ils sont revenus en racontant que le Maharishi avait dragué une jolie américaine blonde à cheveux courts »[82]. Il s'agit d'une rumeur concernant l'actrice Mia Farrow présente, comme une importante troupe d'occidentaux et d'amis du groupe, à ce séminaire au pied de l'Himalaya. À Rishikesh, en avril 1968, la possibilité que le « maître » ait des faiblesses coupables met John Lennon hors de lui. Il pense avoir « percé le bluff »[82] du Maharishi, quitte l'endroit sur le champ en compagnie de George Harrison[2] et compose la chanson accusatrice Sexy Sadie : « You made a fool of everyone / Tu t'es moqué de tout le monde ») où il présente le guru indien comme un imposteur[82].

Plus tard, le ressentiment envers le Maharishi s'estompe, George Harrison qualifiant ces « bruits, que les médias ont repris pendant des années au sujet du Maharishi, toutes ces conneries » comme une « pure invention »[82]. Quant à Lennon, il explique rester totalement favorable à la méditation, ajoutant : « Je ne sais pas à quel niveau se situe le maître, mais on a passé de chouettes vacances, on est revenus frais et dispos pour jouer les hommes d'affaires. (…) Je ne regrette rien à propos de la méditation. J'y crois encore et la pratique à l'occasion »[82]. Cet épisode a ouvert, du jour au lendemain, l'Occident à la méditation, au yoga et à la philosophie orientale, quasiment inconnus auparavant[83].

Yoko Ono et l'Album blanc

Cet hiver-là, John Lennon se rapproche de l'artiste d'avant-garde japonaise Yoko Ono, qui lui écrit quotidiennement lorsqu'il se trouve à Rishikesh… avec son épouse Cynthia. « J'ai rencontré Yoko avant de partir, j'ai eu beaucoup de temps là-bas pour réfléchir. Trois mois à ne rien faire d'autre que méditer et réfléchir. Je suis rentré à la maison et je suis tombé amoureux de Yoko. Cela a mis un point final à tout ça. Et c'est magnifique »[2] raconte Lennon. À son retour, le fondateur des Beatles consomme son amour avec Yoko et ne s'en sépare plus, délaissant Cynthia, la mère de son fils Julian qui n'a que cinq ans. Ils ne reverront quasiment plus John.

En mai, les Beatles entrent en studio pour enregistrer le double album blanc, dont le titre est tout simplement The Beatles, à partir du matériel majoritairement composé en Inde, sur le seul instrument dont ils disposaient, la guitare acoustique. Plusieurs chansons créées et jouées durant leur séjour, comme Dear Prudence et Julia de Lennon - sur lesquelles John met en pratique une nouvelle technique de picking, apprise de Donovan[84] - ainsi que Blackbird, Mother Nature's Son, I Will et Rocky Raccoon, de McCartney, apparaîtront sur le disque, jouées en solo par leur auteur ou enregistrées en formation réduite.

Selon leur habitude — publier des titres sur 45 tours qui ne sont pas inclus dans les albums — les Beatles sortent en août le single Hey Jude/Revolution enregistré durant les séances de l'album blanc, qui connaît de nouveau un grand succès, malgré la longueur tout à fait inhabituelle de Hey Jude — 7 minutes dont quatre sont une répétition en chœur et crescendo de « Na na na nananana, nananana, Hey Jude ». C'est une chanson de McCartney, divisée en deux parties distinctes, destinée au fils de John, Julian, qui est unanimement saluée, tandis que Lennon a tenu à délivrer un message politique en plein bouillonnement de la jeunesse occidentale — mai 1968 en France, notamment. Dans la version rock de Revolution — celle qui figure en face B du 45 tours — il dit : « But when you talk about destruction, don't you know that you can count me out / Si tu parles de destruction, ne compte pas sur moi », alors que dans la version blues, plus lente, qui figure sur l'album blanc, enregistrée plus tôt, il avait répété la deuxième partie de la phrase en rajoutant in à la suite du out (« ne compte pas sur moi/compte sur moi »). Lennon a expliqué que, encore indécis sur ce sujet, il avait préféré, dans un premier temps, considérer les deux options… Rock & Folk, dans son numéro consacré à cet album[85], qualifiera la version rapide d'un peu « réactionnaire » et se félicitera de la version lente, considérée comme tournant selon lui en dérision le dénigrement de l'idée de révolution.

Ces séances à Abbey Road sont tendues, la présence de Yoko Ono dans le studio, aux côtés de John, perturbe ses camarades. L'ambiance se dégrade. Chacun enregistre souvent séparément et se sert des autres comme « musiciens de studio » sur ses propres compositions. D'ailleurs, avant de coucher sur bande le titre qui ouvre cet album, Back in the U.S.S.R., Ringo Starr se met en congé du groupe. Les « Fab Four » continuent à enregistrer : Paul McCartney se met à la batterie — il en joue donc sur Back in the U.S.S.R. mais aussi sur Dear Prudence — et George Harrison à la basse.

Ce qu'en dit Ringo témoigne bien de l'atmosphère qui régnait lors de ces séances : « Je suis parti parce que j'éprouvais deux sentiments : celui de ne pas très bien jouer et celui que les trois autres étaient vraiment heureux, et que j'étais un étranger. Je suis allé voir John. […] Je lui ai dit : « Je quitte le groupe parce que je ne joue pas bien. Parce que j'ai l'impression de ne pas être aimé, d'être exclu. Alors que vous êtes tellement proches tous les trois ». John m'a répondu : « Je croyais que c'était vous trois qui étiez très liés ! » Je suis ensuite allé voir Paul et je lui ai dit la même chose. Paul m'a répondu « Je croyais que c'était vous trois ! » Je n'ai pas pris la peine d'aller voir George, j'ai dit : « Je pars en vacances ». J'ai pris les gosses et je suis parti pour la Sardaigne[2]. »

Lorsque Ringo Starr revient de Sardaigne, il découvre sa batterie couverte de fleurs dans le studio d'Abbey Road. Ils se resserrent dans un tout petit espace pour enregistrer en direct le Yer Blues de John Lennon[2], se déchaînent en interprétant Helter Skelter de Paul McCartney : on entend même Ringo hurler « J'ai des ampoules aux doigts ! » (« I've got blisters on my fingers »), à la fin du morceau. L'origine de cette chanson est à chercher dans un article d'un magazine musical, à propos du titre I Can See for Miles des Who. Cet article disait que ce titre était d'une « violence » inouïe. Paul décide, avant même d'avoir entendu la chanson en question, d'écrire un titre encore plus violent — il se rend compte plus tard, à l'audition de I Can See For Miles, que la revue exagérait quelque peu… La tension accumulée durant ces séances de l'été et automne 1968 retombe également lorsque George Harrison invite Eric Clapton, pour jouer le solo de guitare sur son titre While My Guitar Gently Weeps.

Publié le 22 novembre 1968, The Beatles est salué comme une grande réussite et connaît un immense succès commercial. Le public est cependant déconcerté par Revolution 9, un long collage sonore expérimental de neuf minutes, réalisé par John et Yoko. George Martin et les trois autres Beatles supplient John de retirer ce titre du disque, sans succès. Dans le genre expérimental, Lennon et Ono font encore plus fort en publiant, le même mois, leur album Unfinished Music No.1: Two Virgins, enregistré en mai 1968 le soir où ils consommèrent leur amour pour la première fois et où tous deux apparaissent nus sur la pochette[86].

Projet Get Back

Le 2 janvier 1969, les Beatles se retrouvent autour d'un nouveau projet initié par Paul McCartney : filmer et enregistrer des répétitions pour aboutir à une prestation en public, revenir aux origines, jouer « live » comme un vrai groupe de rock'n'roll, bannir tout ajout en studio, interdire le mot overdub ou les trucages en tous genres. De plus, le tout devra déboucher sur un film. Pourquoi ? Pour un futur show télévisé ? Pour montrer des répétitions avant un concert ? Pour que l'on voie les Beatles en train de créer un album ? Et si un concert doit être organisé, où et dans quelles conditions ? Le groupe a beaucoup de mal à se mettre d'accord sur les tenants et aboutissants du projet[2].

Les séances du projet « Get Back » — ainsi nommé d'après la chanson éponyme, qui aurait dû donner son titre à l'album en préparation — se passent mal. Les tensions initiées lors des séances de l'Album Blanc renaissent dans les froids studios de cinéma de Twickenham, à des heures matinales. La présence constante de Yoko Ono, à la limite de l'ingérence, n'arrange pas l'ambiance, tout comme le « dirigisme » de Paul. Devant des caméras tournant en continu, ils jouent de tout et de rien, beaucoup — une centaine de titres sont abordés, en quelques notes seulement pour certains — font le bœuf, jouant souvent mal et sans conviction[87]. John Lennon apparaît largement démobilisé, tandis que George Harrison est de plus en plus excédé. Après Ringo, c'est lui qui quitte le groupe, le 10 janvier, revenant 12 jours plus tard. Son ressentiment, sa frustration de rester, en tant que compositeur, à l'ombre du tandem Lennon/McCartney et de se voir fréquemment refuser des chansons qu'il aimerait voir placées sur les disques, ne cessent de grandir[87].

Les Beatles se rabattent ensuite sur leur propre studio, au 3 Savile Row, où est situé le siège de leur compagnie Apple. À l'initiative de George Harrison[88], ils s'adjoignent Billy Preston aux claviers et finissent par donner leur ultime prestation publique sur le toit de l'immeuble, le 30 janvier 1969. Mais elle est interrompue au bout de 42 minutes par la police, à la suite de plaintes pour cause de vacarme[89]. Les événements de ce mois de janvier 1969 figureront, un an plus tard, dans le film Let It Be, chronique de la dissolution d'un groupe. On y voit notamment George Harrison interpeller Paul McCartney : « OK, bon, je m'en fous. Je jouerai ce que tu veux que je joue, ou je ne jouerai pas du tout si tu ne veux pas que je joue. Je ferai tout ce qui pourra te faire plaisir. » Les kilomètres de bandes enregistrées en un mois sont, dans un premier temps, rangées dans un placard, tant les membres du groupe s'en montrent insatisfaits.

Le 4 mars 1969, l'ingénieur du son Glyn Johns est appelé par le groupe pour mixer un album à partir des bandes existantes. Johns compile alors plusieurs versions des chansons de ce futur disque, enregistrées live en studio et sur le toit de l'immeuble de leur compagnie, mais les Beatles rejettent l'ensemble de son travail. Il en sera tout de même issu le single Get Back/Don't Let Me Down, publié le 11 avril 1969. Le reste des bandes retourne sur les étagères.

Abbey Road, l'ultime réussite

Avec l'idée de ne pas rester sur cet échec, Paul McCartney contacte George Martin en lui proposant de faire un disque « comme avant ». « Comme vous étiez ? Avec John ? John est d'accord ? » demande le producteur, ce que le bassiste confirme[2]. les Beatles vont se réunir une dernière fois dans les studios EMI d'Abbey Road, durant les deux mois de l'été 1969, bien décidés à mettre de côté leurs dissensions, à tirer dans le même sens, afin de « sortir sur une note élevée ». Cependant, John Lennon rate le début des séances, le temps d'être soigné après un accident de voiture en Écosse[8].

Une collection de chansons, dont certaines ont été composées en Inde, enregistrées sous forme de démo à l'époque de l'album blanc, et/ou répétées en janvier 1969 pour le projet Get Back, sont retravaillées pour aboutir à l'album Abbey Road. Quoi de plus simple que de donner, à leur ultime œuvre commune, le nom de la rue — ils se font photographier sur le passage piéton, le 8 août, pour la pochette du disque — où sont situés les studios dans lesquels ils ont enregistré l'immense majorité de leurs chansons depuis sept ans ? Il aura toutefois été, un moment, question d'appeler cet album Everest, en raison de la marque de cigarettes fumées par Geoff Emerick[39].

Les titres d'Abbey Road évoquent les tracas et frustrations du moment, parlant d'argent qu'on n'arrive pas à obtenir, de dettes, de négociations juridiques (You Never Give Me Your Money de Paul McCartney), de poids à porter pour longtemps, de marteau d'argent qui s'abat sur la tête des gens dès que les choses vont mieux (Carry That Weight et Maxwell's Silver Hammer, Paul à nouveau), de retour du soleil après un hiver long, froid et solitaire (Here Comes the Sun, où George Harrison évoque les grands moments de tension au sein du groupe), ou encore d'un jardin sous-marin où « il n'y a personne pour nous dire ce que [nous] devons faire » (Ringo Starr dans Octopus's Garden).

C'est leur premier — et dernier — album entièrement réalisé en huit pistes, et également un des premiers dans l'histoire du rock où l'on entend du synthétiseur, un Moog en l'occurrence, acquis par George Harrison auprès de son créateur, Robert Moog[2]. Les harmonies polyphoniques, qui avaient rendu les Beatles célèbres, sont de retour et contribuent au succès d'Abbey Road, sorti le 26 septembre 1969 (c'est leur album le plus vendu après Sgt Pepper's). Leur sommet dans ce domaine est sans doute constitué par Because, titre que John Lennon a composé en entendant Yoko Ono jouer la Sonate pour piano no 14 de Beethoven, plus connue sous le nom de « sonate au clair de lune », qu'il lui demande de jouer à l'envers. Sur Because, les trois voix de John, Paul et George se superposent trois fois, soit une poignante harmonie à neuf voix, que l'on a pu entendre « a cappella » sur le disque Anthology 3 sorti en 1996 et, de nouveau sur Love en 2006.

La particularité d'Abbey Road est d'être constitué en partie de collages à partir de chansons ébauchées et inachevées. L'habitude fut prise de dire que la face A de l'album, qui s'ouvre sur Come Together et se referme sur I Want You (She's So Heavy) de John Lennon, reflète principalement son influence, tandis que la face B, qui contient le fameux « medley » long de 16 minutes, reflète celle de McCartney. George Harrison se montre toutefois très inspiré avec Here Comes the Sun et surtout Something, qui est son premier et son seul no 1 avec les Beatles.

Le medley, articulé autour du thème musical de You Never Give Me Your Money de Paul, et qui contient en son sein trois bouts de chansons de John (Sun King, Mean Mr. Mustard et Polythene Pam), est élaboré par George Martin et Paul McCartney. Mais, contrairement à beaucoup d'idées reçues émises postérieurement — et comme l'expliquent John Lennon et George Harrison — le groupe collabore dans son ensemble pour décider de l'ordre des morceaux, trouver de quoi remplir les mesures entre chacun, les enchaînements et les breaks[2].

L'apparente dernière plage du disque, qui clôture le medley, s'intitule The End et se termine par une inédite série de solos (Ringo à la batterie d'abord, puis Paul, George et John, tour à tour, à la guitare, trois fois, sur deux mesures chacun) et la fameuse phrase « And in the end, the love you take is equal to the love you make » (« et à la fin, tu reçois autant d'amour que tu en donnes »). La vraie dernière plage du dernier disque des Beatles, morceau caché par un « blanc » sur le sillon du 33 tours, est minuscule (Her Majesty) et parle d'une manière peu commune de la reine d'Angleterre. À l'origine, elle se situait au cœur du medley, entre Mean Mr. Mustard et Polythene Pam, et Paul McCartney avait demandé à l'ingénieur du son John Kurlander de la retirer. Mais ce dernier, à des fins de sauvegarde — la consigne était qu'aucun des enregistrements des Beatles ne devait être jeté à la poubelle — la place en fin de bande, après un blanc de 15 secondes, derrière The End, coupée net. Après avoir écouté le résultat, Paul donne son accord. N'étant pas créditée au dos de la pochette originale du 33 tours, Her Majesty est considérée comme la première chanson cachée (hidden track) de l'histoire du rock.

Le 20 août 1969, les Beatles complètent l'enregistrement du titre de John Lennon I Want You (She's So Heavy) : c'est la dernière fois qu'ils sont réunis tous les quatre en studio[5]. Même si le succès est toujours présent, même si cette ultime collaboration est « heureuse », selon les acteurs — car tous savent que c'est la dernière fois — le plaisir de jouer ensemble ne les attire plus. Les Beatles disent ici, pour de bon, adieu aux Beatles, en montrant une dernière fois l'aspect miraculeux de leur association. « Tout le monde a incroyablement bien travaillé. C'est pourquoi j'aime particulièrement cet album » dira George Martin[2].

« Paul est mort »

Paul McCartney est par ailleurs, au même moment, l'objet d'une incroyable rumeur, qui voudrait qu'il se soit tué dans un accident de voiture en novembre 1966 et aurait été remplacé par un sosie. Pour les partisans de cette thèse, tout est bon pour l'accréditer en 1969, grâce à plusieurs indices, dont ceux-ci :

  • À l'intérieur de la pochette de Sgt. Pepper's, McCartney porte un badge sur lequel on peut lire « OPD », ce qui donne bien sûr « Officially Pronounced Dead » (« officiellement déclaré mort »). En fait, ce n'est pas « OPD » qui est inscrit, mais « OPP », soit « Ontario Provincial Police » ! On pourra aller aussi jusqu'à poser un miroir devant les mots « LONELY HEARTS » au centre de la grosse caisse devant laquelle pose le groupe. Cela donne « 1 ONE I X HE ^ DIE », et bien sûr les folles interprétations qui vont avec cela. Enfin, au verso de la pochette, ses trois camarades sont de face et lui, de dos ;
  • La chanson Revolution 9, comme les neuf lettres de McCartney, et l'on entendrait nettement dans ce long collage sonore, œuvre de John Lennon et Yoko Ono, le bruit d'un accident de voiture… Les partisans de la thèse évoquée ici trouvent également de très nombreuses « preuves » de leurs allégations en passant Revolution 9 à l'envers… ;
  • La phrase « He blew his mind out in a car » (« Il s'est éclaté la cervelle dans un accident de voiture ») dans A Day in the Life. Lennon évoque en fait le jeune héritier des brasseries Guinness, Tara Browne, qui s'est tué à 21 ans au volant de sa Lotus Elan en décembre 1966 ;
  • La pochette d'Abbey Road constitue le point de départ de cette légende urbaine. Elle fourmille d'indices pour étayer le postulat délirant : Paul traverse le passage piéton pieds nus, comme les morts que l'on enterre en Inde. La Volkswagen blanche est immatriculée « LMW 28 IF » soit « Living-McCartney-Was 28 years old-If » (« McCartney aurait eu 28 ans s'il était vivant », ce qui ne peut pas vraiment concorder car McCartney avait 27 ans lorsque l'album Abbey Road est sorti), il tient sa cigarette de la main droite alors qu'il est gaucher, etc.
  • Les mots mystérieux de John Lennon à la fin de Strawberry Fields Forever. On[Qui ?] l'entendrait dire « I buried Paul » (« J'ai enterré Paul ») alors qu'il prononce en fait « cranberry sauce » (« sauce aux canneberges ») ;

La liste des indices est donc longue, et non exhaustive dans ce chapitre. Le canular, comme le tintamarre médiatique, est énorme. Paul McCartney finit par prendre l'affaire en mains pour apporter un cinglant démenti. Malgré tout, il existe encore presque cinquante ans plus tard des gens qui tentent de faire perdurer ce mythe. On[Qui ?] trouve par exemple des dossiers sur Internet avec analyses photographiques à l'appui[90].

Séparation (1969-1970)

Une fois les séances du disque Abbey Road achevées, et alors que le single Something / Come Together va occuper partout la tête du palmarès — tandis que le 33 tours restera 17 semaines no 1 en Angleterre à partir du 4 octobre —, John Lennon, de retour d'un concert au Toronto Rock and Roll Revival Festival avec le Plastic Ono Band naissant, annonce aux autres Beatles qu'il quitte définitivement le groupe lors d'une réunion chez Apple, le 20 septembre 1969[91], en réponse à Paul McCartney qui, dans une ultime tentative de relance, propose de repartir en tournée dans des petites salles[2]. Ils conviennent que cette nouvelle doit rester secrète, compte tenu des enjeux commerciaux (renégociation des contrats de distribution avec EMI au Royaume-Uni et Capitol Records aux États-Unis). Les Beatles se sont sévèrement disputés autour du nom de leur nouveau manager, entre Allen Klein, soutenu par Lennon, Harrison et Starr, et Lee Eastman, avocat, père de Linda, la femme de Paul. Klein, que Paul déteste, sera leur dernier manager.

Pour couronner le tout, ils perdent également la propriété de tout leur catalogue de chansons. Northern Songs était en effet détenu à 51 %, soit la majorité des parts, par Brian Epstein à travers sa société NEMS. Sa famille, une fois ce dernier disparu, et leur éditeur Dick James, administrateur de Northern Songs depuis les débuts en 1963, décident de vendre à l'empire ATV, en 1969, sans que les Beatles ne puissent rien faire[2]. Un déboire qui pèse aussi de tout son poids dans l'ambiance délétère menant à la dissolution du groupe. C'est ce catalogue détenu par ATV que Michael Jackson rachète pour 47,5 millions de dollars[92] en 1985.

La toute dernière session d'enregistrement des Beatles se déroule en l'absence définitive de John Lennon. Elle a lieu les 3 et 4 janvier 1970 avec le titre de George Harrison I Me Mine[5], et on entend ce dernier, en introduction de la version publiée sur le disque Anthology 3, lâcher une plaisanterie à ce sujet : « You all will have read that Dave Dee is no longer with us, but Mickey and Tich and I, just like to carry on the good work that's always gone down in number two », ce qui signifie : « Vous aurez tous lu que Dave Dee n'est plus avec nous, mais Mickey, Tich et moi apprécions de poursuivre le bon travail qu'on a toujours fait au [studio] numéro deux » ; ces noms faisant référence à un groupe britannique populaire du moment, Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick and Tich. Quatre mois s'écouleront encore sans aucune activité musicale commune, avant que la séparation ne soit rendue publique.

En mars, à l'initiative d'Allen Klein, et avec les accords de John Lennon et George Harrison[2], les bandes enregistrées en janvier 1969, ce qui deviendra l'album Let It Be, sont confiées au producteur américain Phil Spector. Lequel ajoute chœurs féminins, arrangements de cordes, effets sonores à ces chansons qui devaient rester « brutes ». En entendant le résultat sur son titre The Long and Winding Road, Paul McCartney, qui n'a pas été consulté, pique une énorme colère. Il expédie une lettre adressée à Allen Klein chez Apple dont les derniers mots sont : « Ne refaites plus jamais ça[2] ! » Cela ne retire rien au succès de cet album publié le 8 mai 1970, et des chansons Get Back, Let It Be et The Long and Winding Road, toutes no 1 des deux côtés de l'Atlantique.

Le 10 avril 1970, peu de temps avant la sortie de Let It Be produit par Spector, Paul McCartney sort son premier album solo, McCartney, et annonce à travers un communiqué de presse (en fait, une « interview » dans The Daily Mirror où il fait les questions et les réponses[93]) inséré dans les pressages « promotionnels » de son disque solo qu'il ne fait plus partie du groupe à la suite de « désaccords sur les plans personnel, financier et artistique[5] ». Il rompt donc lui-même le secret et s'attribue la séparation, ce qui aura le don d'outrer ses camarades, surtout John Lennon qui ne lui pardonnera jamais cette attitude qu'il interprète comme un simple coup publicitaire dans le but de faire vendre l'album McCartney.

« Je n'avais pas l'intention que ce communiqué signifie que je quittais le groupe. C'est un gros malentendu. Quand j'ai vu les unes des journaux, j'ai juste pensé : « Christ, qu'ai-je fait ? » Et maintenant, on y est. Je n'ai pas quitté les Beatles. Les Beatles ont quitté les Beatles, mais personne ne veut être celui qui dira que la fête est terminée », se justifie Paul à chaud[2]. Ringo Starr déclarera de son côté : « Oui, j'étais dans les Beatles. Oui, nous avons fait des grands disques ensemble. Oui, j'aime ces gars. Mais c'est la fin de l'histoire. » « J'ai fondé les Beatles et je les ai dissous, c'est aussi simple que cela », dira plus tard John Lennon[2].

Après séparation (depuis 1970)

Années 1970

Les quatre membres du groupe publient chacun un album solo en 1970. Ils disposent alors d'un grand nombre de chansons déjà composées, et pour certaines ébauchées et répétées en groupe, voire enregistrées, depuis le séjour en Inde et les séances de l'album blanc.

George Harrison sort un triple album nommé All Things Must Pass puis organise, le 1er août 1971 au Madison Square Garden de New York, le Concert for Bangladesh, avec à ses côtés Bob Dylan, Eric Clapton, Ravi Shankar, Billy Preston et Ringo Starr. Paul McCartney, quant à lui, commercialise son premier disque solo au titre éponyme, puis Ram, avant de fonder Wings en 1971. Starr publie en 1973 l'album Ringo, qui comprend des titres composés et interprétés par chacun des ex-Beatles, mais séparément. A l'exception d'une jam session enregistrée en 1974 mais jamais officiellement publiée (en), Lennon et McCartney n'ont jamais plus été en studio ensemble.

John Lennon sort des singles engagés (Give Peace a Chance, Instant Karma!, Power to the People) et un album live (Live Peace in Toronto), suivis de l'album studio John Lennon/Plastic Ono Band, puis de l'album Imagine contenant la chanson éponyme qui devient un succès mondial. Dans cet album, il apostrophe son ex-collègue dans le titre How Do You Sleep? (« Comment dors-tu ? »)[h]. McCartney lui répond dans le premier disque de Wings, Wild Life, avec la chanson Dear Friend : « Are you afraid or is it true? » (« As-tu peur ou est-ce vrai ? »).

Fin décembre 1970, McCartney intente un procès à ses trois camarades afin de mettre un terme définitif à l'entité juridique Beatles, et d'empêcher Allen Klein, toujours manager du groupe, de faire main basse sur l'argent que celui-ci continuait à gagner[94]. La dissolution juridique du groupe sera finalement prononcée en 1975. Curieusement, lorsqu'il s'agira pour Paul et John de jouer, chacun de son côté, au jeu du « qui a fait quoi ? » sur les plus de 200 titres cosignés Lennon/McCartney, ils se montreront globalement d'accord, à de très rares exceptions près (notamment In My Life et Eleanor Rigby) entre ce qui est à 100 % de l'un, à 100 % de l'autre, à 50-50, à 60-40 ou à 80-20.

Dans les années 1970, la question du retour des Beatles reste toujours d'actualité. En février 1976, six années après leur séparation, un promoteur pop de Los Angeles, Bill Sargent, leur propose, pour un seul concert d'un minimum de vingt minutes retransmis à travers le monde, la somme de cinquante millions de dollars[95],[96]. Les Beatles refusent. Sept mois plus tard, le 20 septembre 1976, un autre promoteur, Sid Bernstein, leur offre publiquement 230 millions de dollars pour un concert de charité[97],[98]. Fin de non-recevoir. Plus jamais, par la suite, un artiste ne se verra proposer de tels montants astronomiques pour un seul concert. À ce sujet, Paul McCartney précise, en septembre 2009: « En fait, nous en avons beaucoup discuté. Et nous nous sommes toujours dits que si nous le faisions, ce ne serait peut-être pas génial, alors que la carrière des Beatles l'avait été. Et même si les offres étaient astronomiques, et qu'il y avait des gens pour nous dire : « On vous payera tant pour le faire », nous nous sommes mis d'accord sur le fait que la boucle était bouclée et qu'il y aurait quelque chose de pas juste là-dedans »[99],[100]

Pendant cette décennie, et les autres qui suivront, les Beatles restent un groupe très populaire. En 1973, Apple Records sort les deux fameuses compilations, le Red Album (1962-1966) et le Blue Album (1967-1970). Sur les pochettes de ces doubles albums, les Beatles posent en 1963 dans les étages des locaux d'EMI (même pose que sur leur premier disque, Please Please Me), et sont dans la même position en 1969 : c'est la photo qui avait été prise pour l'album Get Back, en préparation au début de l'année. Les compilations rouge et bleue atteignent des sommets en matière de ventes, permettant à toute une génération — celle qui succède aux « baby boomers » et était encore un peu trop jeune pour vivre la Beatlemania — de découvrir leur musique à travers un choix de titres très judicieux. Ce sont les deux doubles compilations posthumes les mieux vendues du XXe siècle.

Capitol Records, qui a hérité des droits de publication des chansons du quatuor anglais, publie trois albums thématiques (Rock 'n' Roll Music, Love Songs et Reel Music) et une compilation des meilleurs succès (20 Greatest Hits) mais le plus important est l'album live, The Beatles at the Hollywood Bowl, produit par George Martin et publié en avril 1977, enregistré lors de concerts donnés à Los Angeles en 1964 et 1965, qui ne sera remastérisé qu'en 2016 en complément au film The Beatles: Eight Days a Week réalisé par Ron Howard.

Années 1980

Si le rêve de voir les Beatles se produire ensemble perdure, un drame y met un terme définitif : John Lennon, revenu à son métier de musicien après cinq années de retrait de la vie publique, est assassiné à 40 ans, au pied de son appartement du Dakota Building à New York, le 8 décembre 1980 par un déséquilibré à qui Lennon avait signé un autographe quelques heures plus tôt. Dès lors, George Harrison aura ce trait d'humour : « les Beatles ne se reformeront pas tant que John Lennon restera mort » («… there won't be a Beatles reunion as long as John Lennon remains dead.»).

Entre-temps, sont publiés en 1988, à la suite de la première réédition des albums des Beatles en format CD, deux disques que l'on peut considérer comme indispensables pour qui voudrait posséder la discographie complète des Beatles : les Past Masters, Volume One et Volume Two. Là, sont recensées, entres autres, toutes les faces A et B des 45 tours publiés entre les albums, et qui n'y figuraient donc pas. Cela va de From Me to You et She Loves You à Don't Let Me Down et The Ballad of John and Yoko en passant par I Feel Fine, Day Tripper, We Can Work It Out, Hey Jude ou Revolution.

Années 1990

Depuis que les droits des chansons du groupe sont rapatriés par Apple Records, le label continue de publier des albums du groupe. Une compilation des prestations des Beatles sur la radio nationale britannique, Live at the BBC est sortie en 1994 (et sera suivie en 2013 par On Air - Live at the BBC Volume 2).

Mais le projet le plus important porte le nom d' Anthology. Il réunit Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr (qu'on surnomme pour le coup les « Threetles ») et leur producteur George Martin avec trois doubles albums sortis entre 1994 et 1996, un documentaire télévisé de près de six heures (disponible aujourd'hui en coffret DVD) et un livre (traduit en français en 2000). Chaque double album, publié chronologiquement, propose des versions alternatives de leurs chansons, des versions « live », des documents sonores rares, des prises différentes, des essais, des expériences — comme n'entendre que les violons d' Eleanor Rigby, ou que les voix de Because — sans oublier quelques chansons inédites restées dans les cartons. Pete Best, qu'on peut entendre sur une dizaine de titres, vient de prendre sa retraite et peut enfin profiter monétairement de sa participation au groupe; des redevances lui reviennent. Il reformera le Pete Best Combo et fera des tournées qui l’emmènera dans plusieurs pays. Le clou de la collection demeure la présence de deux nouvelles chansons. Il s'agit, au départ, des démos Real Love et Free as a Bird, écrites et enregistrées sur cassette par John Lennon durant sa période de retrait de toute activité publique. À la demande de McCartney, Yoko Ono confie ses bandes aux autres Beatles survivants pour qu'ils puissent y ajouter leurs voix et leurs instruments, le tout produit par Jeff Lynne.

Années 2000

Si les Beatles ont été consacrés 5es meilleurs vendeurs d'albums aux États-Unis durant les années 1990, la décennie suivante les verra terminer en première place (en fonction des ventes générées par la réédition de tout leur catalogue remasterisé) ou en deuxième position avec plus de 28 millions d'albums vendus avant le 9 septembre 2009[101].

Le groupe entre donc dans le nouveau millénaire avec une autre compilation, 1, où figurent les 27 chansons des Beatles ayant atteint la première place des ventes en Grande-Bretagne et aux États-Unis entre 1963 et 1970. Bien que cette compilation soit parue 30 ans après la séparation des Beatles, c'est à ce jour l'album le plus rapidement écoulé de tous les temps. Publié le 13 novembre 2000, il s'est vendu à 13,5 millions d'exemplaires dans le monde, dans son premier mois de commercialisation[102].

George Harrison est diagnostiqué d'un cancer de la gorge en 1997. À la suite de traitements et d'une opération, sa santé semble se rétablir. Par contre, le 30 décembre 1999, un homme souffrant de troubles mentaux entre par effraction dans sa maison et l’assène d'une quarantaine de coups de couteau[103]. Il survit à l'attaque brutale mais, le plus jeune des Beatles, décède le 29 novembre 2001 à Los Angeles à 58 ans, d'un cancer généralisé[104].

Le 18 novembre 2003, Paul McCartney fait publier le disque Let It Be... Naked (c'est-à-dire « nu ») avec l'accord donné juste avant la mort de Harrison et avec celui de Yoko Ono. Débarrassé de toute la production de Phil Spector, permettant donc d'entendre ces chansons enregistrées en direct sans aucun ajout en studio, ce disque s'accorde avec le projet original. L'ordre des morceaux est modifié par rapport au Let It Be original et Don't Let Me Down de John Lennon y est inclus. Pour dramatiser le double objectif d'un retour aux sources et d'une simplicité voulue, sa pochette reprend les négatifs noir et blanc des photos de Let It Be à l'exception de celle de Harrison.

On publie aussi, une fois de plus sous la houlette de George Martin, aidé cette fois par son fils Giles, le disque Love[105] qui sort en novembre 2006. Il s'agit d'un « patchwork » de la musique des Beatles, fait de titres remixés et de « mash-up » (plusieurs chansons emmêlées), préparé au départ pour le spectacle donné par le Cirque du Soleil au Mirage de Las Vegas.

Concernant la restauration du film Let It Be, tant attendue par les fans, Paul McCartney et Ringo Starr s'opposent à ce que le film soit à nouveau lancé sur le marché. En effet, les deux seuls membres des Beatles toujours vivants estiment que cette réédition n'apportera rien de plus au public que de leur montrer le côté sombre de toute cette aventure. Ni l'un ni l'autre ne seraient à l'aise avec l'idée de publiciser un film montrant les Beatles en train de se taper sur les nerfs les uns les autres. En résumé, il est fort peu probable que tout cela soit un jour diffusé, au moins du vivant de Paul et de Ringo.

La remastérisation, maintes fois repoussée, du catalogue complet des Beatles est disponible depuis le 9 septembre 2009 en CD[106]. La publication des quatorze albums studio — les douze albums originaux, la bande originale du film Yellow Submarine, plus les deux Past Masters désormais réunis en un seul album — constituent un important dépoussiérage et une amélioration notable par rapport à l'austère réédition CD de 1987[107],[108]. La date de commercialisation choisie (09/09/09) n'est pas un hasard; on peut le rattacher au célèbre « number nine » entendu dans le montage sonore Revolution 9 de John Lennon et Yoko Ono, sur l'« album blanc ». Le jeu vidéo The Beatles: Rock Band est commercialisé simultanément à la sortie du boîtier[106].

« Chaque coffret CD propose la réplique des pochettes originales des albums britanniques, ainsi que des livrets complets contenant de nouvelles notes historiques en compagnie d'informations sur les enregistrements, et des photos rares. Pour une période de temps limitée, chaque CD contiendra aussi un court film documentaire sur chaque album. […] Les albums ont été remastérisés par une équipe d'ingénieurs, dédiée aux studios Abbey Road sur une période de quatre ans, utilisant une technologie de pointe en même temps que les équipements de studio de l'époque, afin de précautionneusement maintenir l'authenticité et l'intégrité des enregistrements analogiques originaux. Le résultat de ce processus laborieux est le catalogue de la plus haute fidélité depuis les publications originales », explique la compagnie Apple[106].

La mise en vente du catalogue remastérisé se présente sous la forme de deux coffrets : 14 albums en stéréo, et 11 albums en mono. Seuls les disques en stéréo sont vendus à l'unité. Pour écouter les Beatles dans la forme sonore où tous les albums ont été conçus jusqu'en 1968, il faut donc se procurer le coffret mono entier pour un prix d'environ 235 euros en Europe[109]. Les premiers chiffres de vente, une semaine après la commercialisation du catalogue, font apparaître un formidable succès commercial, entraînant le retour du groupe au sommet des charts des deux côtés de l'Atlantique (2,25 millions de copies vendues en 5 jours[110]), tandis que les distributeurs font face à des ruptures de stock. C'est l'album Abbey Road qui devance toutes les autres œuvres du groupe en tête des ventes et des classements[111],[112]. Moins de cinq mois après la parution de ces remasterisations, environ 13 millions d'albums ont déjà été vendus[113].

Années 2010

Depuis le 16 novembre 2010, tout le catalogue Beatles est disponible en téléchargement légal sur iTunes[114]. C'est la conclusion du différend judiciaire entre Apple Corps et Apple computer qui a duré près de 30 ans pour s'achever sur un accord à l'amiable en avril 2007, et dont on attendait qu'il débouche sur la mise en ligne des titres et des albums du groupe phare des années 1960. Un peu moins de trois ans plus tard, c'est désormais chose faite. Le lancement du catalogue « dématérialisé » sur Internet a été précédé d'une annonce sur iTunes le 15 novembre : « Demain est un jour que vous n'oublierez jamais. Revenez demain pour découvrir une annonce exceptionnelle » avec quatre horloges indiquant l'heure du lancement, en Californie, à New York, à Londres et à Tokyo, soit précisément 16h00 le 16 novembre 2010 heure de Paris[115]. L'ironie de cette affaire veut que le catalogue de chaque Beatle en solo soit depuis longtemps disponible.

Style musical et influences

L'analyse de la musique des Beatles fut l'une des premières occurrences d'analyse musicologique de pop / rock[116].

Influences

« Rien ne m'a vraiment touché jusqu'au jour où j'ai entendu Elvis. S'il n'y avait pas eu Elvis, il n'y aurait pas eu les Beatles[2]. »

— John Lennon

Les membres des Beatles se sont nourris de diverses influences musicales, à commencer par le rock'n'roll américain d'Elvis Presley, Carl Perkins, Chuck Berry et Little Richard[117]. En avril-mai 1962 , alors en résidence avec les jeunes Beatles au Star-Club de Hambourg, ce dernier leur donne des conseils techniques pour mieux interpréter ses chansons[118]. Ils sont également influencés par d'autres auteurs-compositeurs américains comme Buddy HollyEddie CochranRoy Orbison[119] ou les Everly Brothers[120], ainsi que par le blues et le rock noir-américain.

En début de carrière, ils s'inspirent d'autres rockers britanniques comme Cliff Richard ou The Shadows. Même après avoir rencontré le succès, le groupe continue à incorporer diverses influences de groupes ou artistes contemporains. A mesure que les Beatles introduisent davantage d'expérimentation dans leurs compositions, se fait sentir l'influence de la poésie folk de Bob Dylan, de l'éclectisme de Frank Zappa et de groupes américains plus proches de leur style, comme The Byrds et The Lovin' Spoonful[121]. Enfin, les recherches mélodiques des Beach Boys semblent avoir influencé les albums psychédéliques du groupe : Paul McCartney a été fortement impressionné par leur album de 1966, Pet Sounds. Évoquant le leader du groupe californien, George Martin déclara : « Personne n'eut autant d'influence sur les Beatles que Brian Wilson »[122].

En dehors de la musique rock, les Beatles sont également influencés par la musique folk galloise, les grands compositeurs classiques et contemporains et la musique indienne. Le virtuose de sitar Ravi Shankar, avec qui George Harrison a étudié durant six semaines en Inde à la fin 1966, exerça une influence déterminante sur les derniers albums du groupe[123].

Genres musicaux abordés

Inspirés à faire de la musique grâce à Lonnie Donegan et le skiffle, les Beatles ont débuté dans un style musique beat, typique du rock'n'roll des années 1950, contribuant à forger le Merseybeat (du nom du fleuve Mersey traversant Liverpool). Au fil de leur carrière, les Beatles ont exploré de très nombreux genres et sous-genres musicaux, élargissant les frontières de la notion de musique pop. La porte s'ouvre toute grande lorsque ce « boy band » publie Yesterday accompagné d'un quatuor à cordes qui devient un succès intergénérationnel.

Plusieurs chansons se situent au croisement de plusieurs influences : un exemple remarquable est la chanson You Know My Name (Look Up the Number) qui mêle le rock, la samba et le jazz[124]. La chanson Till There Was You, tiré d'une comédie musicale et placée sur leur deuxième album, annonce également leur refus de s'enfermer dans un genre. Les comptines All Together Now ou Yellow Submarine n'appartiennent à aucun genre défini.

Du fait de cette diversité d'influences et d'instruments utilisés, les compositions des Beatles mélangent fréquemment musique tonale et modale.

Rock

Beaucoup de titres des débuts, comme I Saw Her Standing There, sont emblématiques du rock'n'roll des années 1950 et du rhythm and blues. Leurs premiers succès, comme Love Me Do, constituent une adaptation britannique du rock'n'roll américain. Cette influence reste prégnante tout au long de leur carrière, par exemple avec I'm Down, au style de Little Richard, ou Back in the U.S.S.R., une pastiche du Back in the U.S.A. de Chuck Berry.

Des titres peuvent être apparentés à la musique country notamment les chansons chantées par Ringo Starr (Act Naturally, What Goes On et sa composition, Don't Pass Me By), dont la voix et le registre vocal donnent aux chansons un accent country rock. La chanson Rocky Raccoon écrite et chantée par McCartney emprunte aussi ce style. Les Beatles s'inspirent des sons de musique folk avec You've Got to Hide Your Love Away, Norwegian Wood ou Blackbird.

Les Beatles se sont peu à peu ouverts à différents sous-genres du rock, qui préexistaient parfois mais qu'ils ont contribué à enrichir. Le rock psychédélique, en vogue aux États-Unis depuis le milieu des années 1960, est présente dès l'album Revolver avec le titre Tomorrow Never Knows. L'album suivant, Sgt. Pepper et la compilation américaine Magical Mystery Tour, appartiennent au genre psychédélique, avec des morceaux emblématiques tels que Lucy in the Sky with Diamonds, I Am the Walrus, Strawberry Fields Forever et All You Need Is Love. Quant à la sophistication des arrangements musicaux, par exemple A Day in the Life où un orchestre est utilisé, elle annonce le rock progressif alors en cours d'élaboration.

L'« album blanc », paru en 1968 avec sa trentaine de chansons disparates, comporte diverses incursions dans les sous-genres du rock : le blues rock avec Revolution 1; ou encore le hard rock avec Helter Skelter, qui fait partie des premiers morceaux du genre[125].

Sur Abbey Road, on prend des accents de funk rock avec Come Together.

Musique afro-américaine

Les Beatles ont également été influencés par la musique afro-américaine, dans toutes ses composantes. Ils ont repris des chansons de groupes vocaux féminins (The Shirelles, The Cookies et The Donays) ou de Chuck Berry, Little Richard, Arthur Alexander et plusieurs autres artistes afro-américains.

When I'm Sixty-Four évoque la musique de bastringue à tendance jazz, avec la présence de deux clarinettistes. Martha My Dear et Lady Madonna, avec leurs parties au piano, se rattachent au ragtime, genre précurseur du jazz. Le groupe aborde également le blues classique avec Yer Blues et la soul avec Don't Let Me Down.

Musiques du monde

George Harrison rencontre des musiciens indiens sur le plateau du film Help! et c'est le coup de foudre; le guitariste débute aussitôt son apprentissage du sitar qu'on entendra sur Norwegian Wood. Cette influence se retrouve dans ses titres Love You To, Within You Without You et The Inner Light. Plusieurs instruments indiens sont entendus sur certaines chansons du disque « Sgt Pepper ».

Le groupe aborde aussi le boléro cubain dans And I Love Her et le ska jamaïcain dans Ob-La-Di, Ob-La-Da.

Musique classique

George Martin, le producteur des Beatles, a une formation de musicien classique et réalise de nombreux arrangements orchestraux. Dans Yesterday on entend un quatuor à cordes tandis que sur Eleanor Rigby, c'est un sextuor à cordes qui accompagne le chanteur. Pour Strawberry Fields Forever, A Day in the Life et I Am the Walrus, entres autres, un orchestre est utilisé pour enrichir les arrangements et dans Penny Lane, il est fait usage d'instruments à vent, en particulier la trompette piccolo dont le solo est joué par David Mason. Le solo de piano-forte de In My Life, joué par Martin lui-même, est accéléré au mixage ce qui lui donne des allures de clavecin et rappelant la musique baroque. La chanson Good Night, quant à elle, est totalement orchestrale avec harpe, violons, vents et chœurs[126].

Musique expérimentale

Les années 1966 à 1968 témoignent d'une volonté accrue d'expérimentation, tendant parfois jusqu'à la musique sérielle. L'influence de Yoko Ono conduit à la production d'une chanson en collages sonores, Revolution 9 et d'une chanson longtemps inédite, What's The New Mary Jane (en), inclue dans l'album Anthology 3, qui visent à créer une ambiance psychédélique aux accents de musique expérimentale, bien que Paul McCartney s'y soit déjà essayé par le passé avec, entre autres, son « mythique » Carnival of Light. Harrison s'y met aussi avec des titres comme Only a Northern Song et Blue Jay Way, bien que celles-ci soient plus structurées musicalement.

Sur Tomorrow Never Knows, la mélodie est rattachée à un bourdon en do, emprunté à la musique indienne, et contient selon certains musicologues la première rythmique techno de l'histoire de la musique[127].

Héritage

Influence sur la culture populaire

La marque laissée par les Beatles sur la jeunesse des années soixante est indélébile; la longueur des cheveux chez les garçons, la philosophie « Peace and Love », l'apparition de la contre-culture hippie, etc[128]. Bien qu'il est faux de croire que le groupe ait initié ces changements culturels, ils étaient, en quelque sorte, les porte-étendards des bouleversements de la société. Même la folie de la Beatlemania n'était pas inédite ; par exemple, la listzomanie en 1840, les bobby-soxers de Frank Sinatra exactement un siècle plus tard ou les fans d'Elvis Presley dans la décennie 1950. Mais, avec le « baby boom, l'avènement de la télévision et la possibilité de voyager en avion de ligne, le phénomène Beatles fut le premier à connaitre une envergure globale dans ce nouveau monde devenu plus petit. Un demi siècle plus tard, leur musique est encore présente et leur image toujours représentative de cette décennie marquante.

Impact sur la musique

Les Beatles ont exercé une grande influence sur la musique populaire occidentale. Tout d'abord, ils ont popularisé la structure du groupe de rock à « deux guitares, une basse et une batterie », avant de se détacher totalement de cette formule en utilisant une très large palette d'instruments. Par ailleurs, après avoir commencé par interpréter des standards du rock'n'roll, les Beatles ont imposé le fait pour un groupe d'interpréter ses propres compositions. Un grand nombre sont aujourd'hui devenues des classiques du rock et de la pop, et plusieurs d'entre elles figurent parmi les plus interprétées au monde[i]. Un certain nombre de ces reprises sont d'ailleurs devenues de grands succès[129].

De nombreux groupes et artistes, notamment anglo-saxons, revendiquent l'influence des Beatles : Prince, Michael Jackson, Tears for Fears, Oasis, Drake Bell, U2, The Korgis, Radiohead, The Verve, Coldplay, The Kinks, Travis, Keane, Genesis, Bee Gees, Pink Floyd, ELO, The Alan Parsons Project... Outre ces artistes inspirés par l'œuvre des Beatles existent également de nombreux cover bands, qui se sont fait une spécialité de reprendre leur répertoire en les imitant le plus fidèlement possible, jusque dans l'habillement et la coiffure. C'est le cas de The Rabeats, des Afterbeats, Bea Trips, Britles, Beatles History, The Return ou encore des Fab Faux.

Impact sur l'industrie discographique

Dans le monde du rock, ce sont les Beatles qui ont redéfini la conception des albums pour en faire des ensembles cohérents, c'est-à-dire reflétant une véritable démarche artistique, plus qu'un empilement de chansons. On peut dater cette genèse avec Rubber Soul en 1965. Jusque là, c'était le format single ou 45 tours qui primait dans l'industrie du disque. Les Beach Boys répondent à Rubber Soul avec Pet Sounds, les Beatles vont encore plus loin avec Revolver et l'année suivante avec Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band : c'est la naissance d'une nouvelle notion, celle d'album-concept, dans la lignée de Freak Out! de Frank Zappa sorti un an plus tôt. Au-delà de la musique, c'est ce qui l'entoure, cette pochette particulièrement soignée, qui s'ouvre, qui est munie des paroles imprimées au dos et d'une planche d'accessoires à découper, qui révolutionne l'industrie du disque.

En 2011, le groupe prête son nom et sa musique pour la cause du téléchargement légal de la musique en ligne avec une vidéo intitulée Why Music Matters[130].

Reprises, adaptations et parodies

Les chansons des Beatles ont fait l'objet d'adaptations par milliers dans le monde entier et dans presque toutes les langues, y compris en français et dans toute la francophonie[131]. Elles ont aussi été conjuguées dans tous les styles musicaux, et des albums entiers de reprises — instrumentales, A cappella ou chantées — leur sont consacrés, comme le Reggae Tribute to the Beatles enregistré par des chanteurs jamaïcains, le Tropical Tribute to the Beatles avec des artistes d'Amérique latine, ou encore Basie On The Beatles (1970) et Basie's Beatle Bag (1998), par Count Basie, pour le jazz[j].

Le groupe The Punkles en a fait des versions Punk, Beatallica s'est évertué à mélanger leurs compositions avec celles du groupe Metallica, le Beatles Rumba Band en fait des reprises rumba, tandis que le DJ Danger Mouse a mixé des samples du double blanc avec la voix du rappeur Jay Z sur The Grey Album et que les Easy Star All-Stars publient, en avril 2009, une reprise intégrale de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band en reggae.

Les chansons du groupe ont souvent été entendues dans la bande musicale de films soit en versions originales (comme When I'm Sixty-Four dans The World According to Garp[132]) ou en reprises (Here Comes the Sun par Sheryl Crow pour le film Bee Movie[133]). Plusieurs films n'utilisent que des airs des Beatles en guise de bande originale, comme I Am Sam de Jessie Nelson. Le titre du film, voire l'intrigue, peuvent aussi s'en inspirer directement. C'est le cas, bien sûr, du Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band de Michael Schultz ou de Across the Universe réalisé par Julie Taymor[132]. D'autres encore racontent leur histoire, comme I Wanna Hold Your Hand de Robert Zemeckis, Backbeat de Iain Softley ou encore Nowhere Boy de Sam Taylor-Wood.

Plusieurs émissions de télévisions utilisent les chansons des Beatles. Ainsi, l'émission Va Savoir, présentée par Gérard Klein sur La Cinquième, était exclusivement constituée de musiques du quatuor de Liverpool, mais on se souvient plus facilement du générique, le fameux Magical Mystery Tour. De même, l'éphémère Les enfants de John, également sur la Cinquième, avait pour générique Revolution.

Michael Jackson fera une reprise de Come Together pour son film Moonwalker et l'intègrera, des années plus tard, dans son double album HIStory.

Le groupe Oasis, très inspiré par les Beatles, a repris I Am the Walrus sur scène et l'a inclus sur sa compilation The Masterplan. Le groupe Tears for Fears a produit un pastiche des Beatles avec la chanson Sowing the Seeds of Love en 1989.

Starr, McCartney et Harrison ont chacun été invités dans des épisodes du dessin animé Les Simpson, ce dernier dans l'épisode qui est calqué sur la carrière du groupe[134]. Tout au long de la série, on voit de nombreuses allusions au groupe britannique.

Les Beatles reviennent en personnages de bande dessinée. Ils font une apparition dans l'album Astérix chez les Bretons, et la femme d'Ordralfabétix, le poissonnier, s'appelle Iélosubmarine. Les auteurs Yves Sente et André Juillard ont utilisé la première rencontre de John Lennon et de Paul McCartney pour une scène du tome La Machination Voronov, publié en 1999, de la série de bande dessinée Blake et Mortimer[135].

Publiée en 2012, la bande dessinée Liverfool de Gihef et Vanders (Emmanuel Proust éditions), retrace l'histoire du premier manager des Beatles Allan Williams. De plus, la vie de Brian Epstein sera contée dans The Fifth Beatle, une bande dessinée qui sortira le 19 novembre 2013 chez Dark Horse Comics, écrite par l'écrivain et producteur de théâtre américain Vivek Tiwary et illustrée par Andrew Robinson. Elle sera ensuite porté à l'écran par Bruce Cohen (American Beauty, Harvey Milk)[136].

Les Beatles ont également été abondamment parodiés. En la matière, l'une des plus célèbres et des plus réussies, à laquelle George Harrison a apporté son concours, est certainement le pastiche des Rutles, avec Paul Simon et Mick Jagger qui y jouent leur propre rôle, dans le film All You Need Is Cash. Les pastiches des chansons sont autant de clins d'œil aux « tics » musicaux de leurs modèles — Ouch! imité de Help!, Cheese and Onions qui a des accents d'A Day in the Life, Piggy in the Middle évoquant I Am the Walrus, Doubleback Alley qui est le cousin de Penny Lane, etc.

Les Bidochons, pour leur part, ont déformé les textes de leurs chansons dans l'album Quatre Beadochons dans le Vent. Les Beatles apparaissent aussi sous les traits des Mosquitoes lors d'un épisode de l'émission jeunesse américaine Gilligan's Island (Les Joyeux naufragés). Dans la version originale en anglais, les personnages s'appellent Bingo, Bango, Bongo et Irving. Le groupe américain The Monkees, originellement des personnages d'une émission de télévision de la chaîne NBC, est aussi un pastiche des Beatles.

Les visuels du groupe ont été également allègrement copiés, comme la pochette de Sgt. Pepper pastichés par Frank Zappa dans We're Only in It for the Money (et, en France, par l'album Beadochons) ou celle d'Abbey Road, reproduite par les Red Hot Chili Peppers sur The Abbey Road E.P., et Paul McCartney lui-même pour son album (Paul Is Live). Le rappeur Kanye West parodie également ce lieu pour la pochette de son Late Orchestration, un live enregistré aux mêmes studios.

Tourisme, monuments et lieux dédiés

Angleterre

La ville de Liverpool a développé diverses activités touristiques autour de la carrière des Beatles. Un rapport du conseil municipal de 2016 indique qu'un emploi sur cent est directement ou indirectement lié au groupe[137]. Sur l'Albert Dock, le musée The Beatles Story (en) leur est consacré. Les lieux emblématiques du groupe, tels que le Cavern Club, Strawberry Field (en), Penny Lane, ou encore les maisons d'enfance de McCartney à Forthlin Road et de Lennon sur Menlove Avenue, se visitent en circuit organisé. En 2007, un luxueux hôtel à thème, le Hard Day's Night Hotel, a ouvert ses portes[138].

Chaque année, fin août, est organisé l'International Beatles Week Festival[139]. L'aéroport de la cité portuaire est devenu en 2002 le Liverpool John Lennon Airport. Enfin, le 4 décembre 2015, cinquante ans jour pour jour après leur dernière prestation dans leur ville natale, est inauguré un ensemble de statues de bronze des Beatles sur la rive du fleuve Mersey, près des bâtiments Pier Head[140]. Offertes à la ville par le Cavern Club, ces statues de 1,2 tonne et mesurant 2 mètres, sont l'œuvre du sculpteur Andy Edwards[141].

À Londres, des circuits sont organisés pour visiter les lieux où ont vécu et travaillé les Beatles, notamment le passage pour piétons d'Abbey Road[142].

Le 18 novembre 2015, à Plymouth dans le comté du Devon, est dévoilée une sculpture à l'endroit où les membres du groupe posèrent pour une photo en 1967, assis dans l'herbe du parc Plymouth Hoe, devant la tour Smeaton. Des traces de leurs postérieurs, de leurs jambes, de leurs pieds et de leurs mains, moulées avec du cuivre sont installées, à l'endroit exact afin que les passants puissent s'y asseoir pour reproduire cette célèbre photographie de David Redfern (en), prise pendant le tournage du film Magical Mystery Tour[143].

Hambourg

À Hambourg, au croisement de Grosse Freiheit et de la Reeperbahn — à mi-distance entre le Top Ten Club et le Kaiserkeller, deux clubs où les Beatles se produisirent au tout début des années 1960 — une Beatles-Platz a été inaugurée en septembre 2008[144]. Au centre de cette place, le groupe est représenté par cinq silhouettes métalliques (avec Stuart Sutcliffe, un peu à l'écart), tandis que le batteur est stylisé de façon que l'on puisse aussi bien reconnaître Pete Best, qui officiait avec le groupe à l'époque, que Ringo Starr, qui ne le rejoignit à partir des deux derniers passages dans la ville allemande. Le musée « Beatlemania », aménagé sur cinq étages au cœur de la Reeperbahn, est ouvert de 2009 à 2012.

Reste du monde

On trouve des statues et des musées sur les Beatles partout dans le monde, et notamment à La Havane (Cuba)[145], à Lima (Pérou)[146], à Iekaterinbourg et Samara (Russie)[147],[148], à Houston (Texas)[149] ou encore à Oulan-Bator (Mongolie)[150], en Pologne[151], en Écosse[152] ou à Brescia (Italie)[153].

Par ailleurs, John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr ont chacun deux étoiles sur le Walk of Fame de Hollywood Boulevard à Los Angeles : l'une en tant que membre des Beatles, et l'autre pour honorer leur carrière solo respective[154].

En 2017, à Houston au Texas, des statues des Beatles tels qu'ils étaient vers la fin des années 1960, ont été créées par David Adickes. Hautes de dix mètres, les statues seront en place pour au moins un an et ensuite vendues pour 350000$US[155].

Autres hommages

Le 9 janvier 2007, la Royal Mail a émis, deux séries de timbres-poste célébrant l'apport des Beatles à la culture populaire britannique. Six timbres reprennent l'image des pochettes des disques Please Please Me, Help!, Revolver, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, Abbey Road et Let It Be et quatre autres sur lesquels figurent des objets de collections de l'époque de la Beatlemania[156]. Au fils des ans, plusieurs autres pays, tels les États-Unis[157], le Tchad[158] et le Burkina Faso[159], ont aussi créés des timbres où figurent la thématique des Fab Four. Le paléontologue Yves Coppens a donné le nom de Lucy au spécimen de l'Australopithecus afarensis qu'il a découvert, en 1974 en Éthiopie, parce qu'il écoutait la chanson des Beatles Lucy in the Sky with Diamonds en répertoriant les ossements[160]. Des astronomes de Harvard ont aussi surnommée « Lucy » l’étoile BPM 37093 en référence à cette chanson[161] car cette naine blanche possèderait un énorme cristal de diamant comme noyau[162]. Le lundi 4 février 2008, la NASA a par ailleurs diffusé la chanson Across the Universe à travers la galaxie, pour fêter le 40e anniversaire de son enregistrement. La chanson voyagera à la vitesse de la lumière pour une durée totale de 431 ans, avant d'atteindre sa destination finale, l'étoile polaire[163].

De nombreux hommages sont rendus aux Beatles lors des Jeux Olympiques de Londres 2012, et notamment lors des cérémonies d'ouverture, Paul McCartney faisant chanter Hey Jude par tout le Stade olympique (dont le public reprend aussi en chœur All You Need Is Love le 4 août[164],[165]) et de clôture, où les chansons Because, Here Comes the Sun et I Am the Walrus sont interprêtées par différents artistes. On voit aussi apparaître durant ce spectacle des taxis en papier journal, référence directe au vers « Newspaper taxis appear on the shore / waiting to take you away » de la chanson Lucy in the Sky with Diamonds.

Les Beatles font partie des artistes récompensés par un Grammy d'honneur pour l'ensemble de leur carrière (Lifetime Achievement Award). Il leur sera remis par la Recording Academy en janvier 2014[166].

Produits dérivés

Le même jour que l'édition remastérisée du catalogue complet sur CD, une autre société, MTV Games, met en vente The Beatles: Rock Band. Ce jeu vidéo a été imaginé par Dhani Harrison et commercialisé avec l'accord de Paul McCartney, Ringo Starr, Yoko Ono et Olivia Harrison qui ont aussi participé à sa conception. Décliné pour les consoles PlayStation 3, Xbox 360 et Wii, il s'agit d'un jeu de rythme permettant jusqu'à six joueurs de participer à ce groupe virtuel. Giles Martin, qui avait déjà travaillé avec son père George sur l'album Love, est responsable de la production musicale. C'est la première fois que Apple Corps autorise l'utilisation de la musique des Beatles pour un jeu vidéo. Un mois et demi après, les ventes aux États-Unis atteignent les 595 000 exemplaires[167].

Cursus universitaire

L'université Hope de Liverpool a inauguré, en septembre 2009, un cursus de maîtrise (anglo-saxonne) en arts, dédié au groupe, pour étudier son impact et son influence sur la musique populaire et la société en général[168],[169]. « Plus de 8 000 ouvrages ont été écrits sur les Beatles mais il n'y a jamais eu d'études académiques sérieuses et c'est ce que nous allons faire », explique Mike Brocken, directeur des études à l'université Hope. « Les Beatles ont eu une telle influence sur la société, pas seulement avec leur musique, mais également dans le domaine de la mode avec leurs vestes sans col ou leurs vêtements psychédéliques... Quarante ans plus tard, c'est le bon moment. Liverpool est le meilleur endroit pour étudier les Beatles. Il s'agit assurément de la première maîtrise sur les Beatles dans ce pays et je dirais probablement la première dans le monde »[170]. Le cours est intitulé « les Beatles, musique populaire et société », il débute en septembre et dure 12 mois à temps complet ou 24 mois à temps partiel[171].

Records établis

Au cours d'une carrière discographique longue de seulement huit années, les Beatles ont établi bon nombre de records de ventes. Voici une liste non exhaustive de records que les Beatles ont établi durant leur carrière.

Albums

  • Plus grand nombre de disques vendus estimé par EMI à plus d'un milliard, tous supports confondus à travers le monde.
  • Les Beatles détiennent le plus grand nombre d'albums numéro 1 au niveau international: 37 albums[172].
  • Aux États-Unis, les Beatles détiennent avec la superstar de la musique country Garth Brooks, le plus grand nombre d'albums certifiés « diamant » (plus de 10 millions d'exemplaires vendus). Ils sont au nombre de six : Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, l'album Blanc, Abbey Road, The Beatles 1962–1966, The Beatles 1967–1970, et 1[173].
  • Aux États-Unis, les Beatles détiennent avec Elvis Presley le plus grand nombre d'albums certifiés multi-platine : 24 albums[174].
  • Aux États-Unis, les Beatles sont le groupe musical qui détient le record d'albums certifié platine (plus d'un million d'exemplaires vendus): 39 albums[174].
  • Aux États-Unis, les Beatles détiennent le record d'albums ayant atteint la première place : 19 albums (14 albums pendant leur carrière 1964-1970 et 5 albums parus après leur carrière 1971-2009)
  • Au Royaume-Uni, les Beatles détiennent le record d'albums ayant atteint la première place : 15 albums. (11 albums pendant leur carrière 1963-1970 et 4 albums parus après leur carrière 1971-2009)[175].
  • Aux États-Unis, plus grand nombre de semaines passées à la première place des ventes (132).
  • Au Royaume-Uni, plus grand nombre de semaines passées à la première place des ventes (174).
  • Plus grand succès durant la première semaine de vente pour un double album, avec 855 473 exemplaires du disque Anthology 1 écoulés aux États-Unis entre le 21 et le 28 novembre 1995.
  • La compilation 1 des Beatles parue en novembre 2000 est devenu au niveau international, le disque grand format le plus rapidement vendu de l'histoire de l'industrie discographique: 3,6 millions d'exemplaires vendus en une seule semaine et plus de 12 millions d'exemplaires vendus en trois semaines[176]. Il a depuis sa parution, franchit le cap des 31 millions d'exemplaires vendus[177].

Singles

  • Les Beatles ont obtenu plus de no 1 dans le monde que n'importe quel autre groupe ou artiste, notamment 23 en Australie et aux Pays-Bas, 22 au Canada, 21 en Norvège, 20 aux États-Unis[178], 18 en Suède et 17 au Royaume-Uni[179].
  • Ils détiennent :
    • d'une part le plus grand nombre de chansons ayant atteint la première place des charts internationaux
    • d'autre part la meilleure moyenne de chanson numéro 1 par année.
  • Les Beatles ont réussi à placer 66 chansons numéro 1 à travers le monde, dont 64 au cours de leur carrière, soit une moyenne de 8 chansons numéro 1 par an[172].
  • Dans les « charts » britanniques et américaines, John Lennon et Paul McCartney sont les auteurs les plus « couronnés » de l'histoire, avec 32 no 1 aux États-Unis pour McCartney et 26 pour Lennon (dont 23 furent écrits ensemble) ; 29 pour Lennon et 28 pour McCartney au Royaume-Uni (dont 25 en collaboration).
  • Durant la semaine du 4 avril 1964, les chansons des Beatles étaient aux cinq premières places du classement du Billboard aux États-Unis. Personne n'avait jamais réalisé un tel exploit auparavant, et personne ne l'a fait depuis lors. Les chansons étaient dans l'ordre Can't Buy Me Love, Twist and Shout, She Loves You, I Want to Hold Your Hand, et Please Please Me. La semaine suivante, 11 avril 1964, 14 chansons des Beatles figuraient dans le Billboard Hot 100.
  • Ils détiennent un autre record dans ce « Billboard Hot 100» : le fait d'avoir placé trois titres l'un derrière l'autre à la première place : en 1964, Can't Buy Me Love (5 semaines) détrôna She Loves You (2), qui avait supplanté I Want to Hold Your Hand (7), soit pour un total de 14 semaines d'affilée.
  • La plus rapide vente de single de tous les temps est également à mettre à leur crédit : 250 000 copies d'I want to Hold Your Hand vendues en trois jours aux États-Unis, un million en deux semaines, 10 000 exemplaires écoulés par heure durant les 20 premiers jours, dans la seule ville de New York.
  • Yesterday est la chanson la plus reprise de l'histoire de l'industrie musicale. Le Livre Guinness des records recense plus de 3 000 versions enregistrées. C'est aussi la chanson la plus diffusée de l'histoire internationale de la radio.
  • En « précommandes », le record est de 2,1 millions pour Can't Buy Me Love (940 225 copies vendues le jour de la sortie).
  • Au Royaume-Uni, les Beatles détiennent le record de singles vendus à plus d'un million d'exemplaires. Cinq singles : She Loves You, I Want To Hold Your Hand, Can't Buy Me Love, I Feel Fine, We Can Work It Out / Day Tripper[180].
  • Le 13 juin 1965, c'est-à-dire avant la publication de l'album Help! et de la chanson Yesterday, Northern Songs, la maison d'édition des Beatles, révélait que 1 337 reprises de leurs chansons avaient déjà été enregistrées, après seulement 32 mois de carrière discographique du groupe de Liverpool.

Prestations

Ils ont également établi le record d'audience à la télévision aux États-Unis (hors retransmissions sportives) avec plus de 70 millions de téléspectateurs assistant à leur prestation dans le Ed Sullivan Show sur CBS le 9 février 1964[181].

En se produisant au Shea Stadium de New York le 15 août 1965, les Beatles établirent un nouveau record du monde d'assistance (environ 56 000 spectateurs) et de rentabilité. Ce fut la première fois dans l'histoire de la musique populaire qu'un groupe ou un artiste se produisit dans un stade. Le spectacle a été filmé et présenté à la télévision en 1966 au Royaume-Uni et en 1967 aux États-Unis[182]. En 2016, une version restaurée a été présentée en salle en supplément à la sortie du documentaire The Beatles: Eight Days a Week.

Ils furent aussi le premier groupe musical à jouer au Budokan de Tokyo, jusqu'ici exclusivement réservé aux arts martiaux. Fin juin 1966, les cinq spectacles en trois jours, ont attiré plus de 10 000 spectateurs à chaque fois[181].

Le 25 juin 1967, les Beatles jouent All You Need Is Love dans l'émission Our World, retransmise en direct dans le monde entier. Entre 400 et 700 millions de téléspectateurs ont assisté à cette prestation[39].

Membres

Les Fab Four

A l'été 1956, John Lennon fonde un groupe de skiffle, The Quarrymen, avec des amis de son lycée. En juillet 1957, il recrute Paul McCartney, puis accepte en février 1958 l'arrivée d'un ami de celui-ci, George Harrison[183]. Au départ, tous trois jouent de la guitare, mais les rôles se répartissent dès 1961 avec Lennon à la guitare rythmique, Harrison à la guitare solo et McCartney à la basse qui remplace Stuart Sutcliffe le bassiste original du groupe. Le quatrième membre, Richard Starkey, dit Ringo Starr, est recruté plus tard : il ne tient la batterie qu'à partir de l'été 1962, en remplacement de Pete Best[184].

Si, pour les premiers albums du groupe, les quatre musiciens s'en tiennent généralement à leurs instruments respectifs, ils ne tardent pas à diversifier leur palette musicale, jouant de toutes sortes de claviers, percussions, instruments divers, et allant parfois jusqu'à inverser les rôles. C'est ainsi Paul McCartney qui se charge du solo de Taxman à la place de George Harrison[185], et il joue également de la batterie dans quelques chansons comme Back in the U.S.S.R.[186]. À l'inverse, il arrive à Lennon ou à Harrison de tenir la basse, comme dans Helter Skelter ou Two of Us. Lennon et McCartney jouent, seuls, de tous les instruments dans The Ballad of John and Yoko[187]. Les membres du groupe adoptent également de nouveaux instruments : Paul McCartney, qui joue également du piano, est un des premiers à utiliser le mellotron fin 1966. George Harrison introduit la guitare électrique à 12 cordes dans l'album A Hard Day's Night et joue de plusieurs instruments indiens, notamment le sitar, dans plusieurs chansons à partir de 1965. Il est également un pionnier de l'utilisation du synthétiseur dans le rock, dans l'album Abbey Road[188].

Les quatre membres des Beatles chantent en solo. En règle générale, Lennon, McCartney et Harrison interprètent leurs propres compositions. Au niveau des chœurs, le chanteur principal est accompagné par les deux autres, sans compter les harmonies à deux ou trois voix, voire jusqu'à virtuellement neuf voix comme dans la chanson Because. Jusqu'au disque Help!, Harrison chante d'une à trois reprises de standards du rock ou de chansons composées par le duo Lennon/McCartney, mais introduit dès le deuxième album une de ses propres compositions, Don't Bother Me. Quant à Starr, il interprète une reprise ou une composition de Lennon/McCartney sur chaque album, à l'exception de A Hard Day's Night et Let It Be où il ne chante pas. Il est également l'auteur de deux chansons du répertoire du groupe[189].

Anciens membres

  • Pete Best (né le 24 novembre 1941) a été le batteur du groupe de 1960 à 1962, durant les séjours des Beatles à Hambourg et leurs concerts au Cavern Club de Liverpool. Au mois d'août 1962, alors que le groupe décroche auprès de George Martin et du label Parlophone son premier contrat d'enregistrement, il est évincé du groupe et remplacé par Ringo Starr[190]. Par la suite, sa carrière ne décollera jamais, lui valant de passer à la postérité comme l'homme qui a raté de peu le succès[191]. Il doit attendre 1995 et la publication du disque Anthology 1 pour pouvoir obtenir une rétribution financière d'environ quatre millions de livres, pour sa contribution aux enregistrements publiés sur cet album[192].
  • Stuart Sutcliffe (23 juin 1940 - 10 avril 1962), ami peintre de John Lennon, est le premier bassiste des Beatles. Sans véritablement maîtriser son instrument, il participe aux premières tournées du groupe à Hambourg, avant de reprendre ses études d'art en septembre 1961. Il meurt prématurément d'une hémorragie cérébrale[193] avant que le groupe ne connaisse le succès international[194]. John Lennon, très marqué par cette disparition, y fait allusion dans plusieurs chansons, dont In My Life (1965).

Membres additionnels

Durant leur carrière, les Beatles ont parfois fait appel à de nombreux musiciens de studio, qu'il s'agisse de musiciens classiques jouant des cuivres et des instruments à cordes (par exemple dans Yesterday ou Penny Lane)[195], ou même d'orchestres symphoniques entiers pour des chansons comme A Day in the Life ou plusieurs titres d'Abbey Road[196]. Leur producteur et arrangeur George Martin joue fréquemment du piano et des claviers sur leurs albums. Il arrive aussi que des proches se joignent occasionnellement au groupe, comme Nicky Hopkins, Eric Clapton et Brian Jones[197].

Parmi les musiciens ayant entouré les Beatles, Jimmy Nicol est le seul à être monté sur scène avec eux en pleine Beatlemania, au mois de juin 1964. Alors que Ringo Starr est hospitalisé en urgence, Nicol est chargé de le remplacer à la batterie pour une dizaine de concerts durant une tournée en Europe puis en Océanie[198].

Billy Preston (1946-2006) est quant à lui le seul musicien à avoir participé à toutes les séances en studio d'un album du groupe (Let It Be) ; il est d'ailleurs crédité comme musicien additionnel[199]. Il participe également au concert sur le toit de l'immeuble Apple en janvier 1969[199].

Le « cinquième Beatle »

Au cours du temps, un grand nombre de personnes ont pu prétendre au titre de « cinquième Beatle », à commencer par les quatre musiciens qui ont joué avec eux en concert : le bassiste Stuart Sutcliffe, les batteurs Pete Best et Jimmy Nicol, et Billy Preston pour son travail aux claviers sur l'album Let It Be[199]. S'y ajoute également l'artiste et bassiste Klaus Voormann, ami du groupe depuis leurs séjours à Hambourg, qui a souvent joué avec eux durant leurs carrières en solo et a contribué à plusieurs travaux du groupe, notamment la conception de la pochette de l'album Revolver, qui remporta un Grammy Award[200].

Sont également cités Neil Aspinall, road manager du groupe de ses débuts à 1963, devenu leur assistant personnel et enfin le président d'Apple Corps durant quarante ans, mais aussi Derek Taylor, leur attaché de presse et confident. George Harrison a déclaré que Taylor et Aspinall étaient sans contestation les deux « cinquièmes » Beatles[201]. Certains, plus éloignés du groupe, se sont vus attribuer le titre pour d'autres raisons. Le journaliste Ed Rudy s'est ainsi surnommé « le cinquième Beatle » pour avoir été le seul journaliste à accompagner le groupe durant sa première tournée américaine et en avoir tiré de nombreuses interviews. Le disc-jockey Murray Kauffman (dit Murray the K), également proche du groupe durant leur première tournée et fervent défenseur de leurs disques, assure en direct avoir été intronisé « cinquième Beatle » par George Harrison lui-même. Il s'est avéré par la suite qu'il n'en était rien. Enfin, le footballeur George Best, joueur britannique emblématique dans les années 1960, acquiert un tel statut, à l'époque, qu'il se fait humoristiquement surnommer ainsi[202].

Deux personnes sont généralement considérées comme le « cinquième Beatle » pour leur rôle dans la carrière du groupe. Paul McCartney a déclaré au sujet de Brian Epstein, manager des Beatles de 1962 à sa mort en 1967, qui a façonné leur image et décroché leurs premiers contrats au Royaume-Uni, que « si quelqu'un a été le cinquième Beatle, c'était Brian »[203]. Enfin, George Martin est fréquemment qualifié ainsi pour avoir engagé les Beatles sur son label Parlophone, en 1962, et avoir été leur producteur du début à la fin de leur carrière. Il a également joué des claviers dans de nombreuses chansons, contribué à leur éveil musical et à l'introduction de nouveaux instruments dans leur musique. Il a aussi écrit la plupart des arrangements, parmi lesquels ses partitions pour Eleanor Rigby ou All You Need Is Love[204].

Discographie

Voici la liste des albums, singles et maxis de pièces inédites officiels publiés en Angleterre par les Beatles entre 1962 et 1970 en plus de quelques autres enregistrements notables. Dans les autres pays, les albums pouvaient être édités différemment, surtout pendant les années avant Sgt. Pepper's. D'autres albums et singles furent publiés après leur séparation; on retrouve plus bas une courte liste de ces albums les plus notables. Aujourd'hui, toutes les chansons qui ne paraissaient pas sur leurs 33 tours originaux sont maintenant disponibles sur les CD Past Masters ou sur la version augmentée du disque Magical Mystery Tour.

Albums studio

Il s'agit des 33 tours Parlophone (puis Apple) publiés au Royaume-Uni (et aussi en Italie[205], en Grèce[206], aux Pays-Bas [207], dans les pays scandinaves[208],[209],[210],[211], en Inde[212], etc.) et dans certains autres pays, sous l'étiquette Odeon (en Allemagne[213], en France[214], en Espagne[215], en Argentine[216], etc.[k]) où le standard était de 14 chansons par album. Jusqu'à Revolver, ils furent redécoupés pour les États-Unis où le standard du label Capitol Records était de 11 chansons par album seulement, donnant naissance à d'autres titres d'albums : Meet the Beatles!, Something New, Yesterday and Today, etc. D'autres labels, comme Musart Records au Mexique[217] publieront aussi des versions raccourcies.

  • Please Please Me (22 mars 1963)
  • With the Beatles (22 novembre 1963)
  • A Hard Day's Night (10 juillet 1964)
  • Beatles for Sale (4 décembre 1964)
  • Help! (6 août 1965)
  • Rubber Soul (3 décembre 1965)
  • Revolver (5 août 1966)
  • Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (1er juin 1967)
  • The Beatles (« White Album ») (22 novembre 1968)
  • Yellow Submarine (17 janvier 1969)
  • Abbey Road (26 septembre 1969)
  • Let It Be (8 mai 1970)

EP

Au début de leur carrière et jusqu'en 1966, plusieurs EP reprenant des chansons déjà publiées ont été commercialisées, mais un seul contenait des pièces inédites. En 1967, le double Magical Mystery Tour fut publié pour accompagner la sortie du téléfilm éponyme. La maison de disques Capitol Records y rajoutera cinq autres chansons et ce 33 tours sera publié aux États-Unis et ailleurs. À partir de 1976, cette version augmentée sera finalement commercialisée en Angleterre et intégrera éventuellement la discographie officielle[218].

  • Long Tall Sally (19 juin 1964)
  • Magical Mystery Tour (8 décembre 1967)

Singles britanniques

Les singles sont présentés suivant l'ordre « Face A / Face B ». Les singles accompagnés du symbole « 2ƒA » sont des singles « double face A ». L'astérisque dénote une chanson qui se retrouve aussi sur un album ou EP et le symbole ≈ dénote une version différente d'une chansons parue sur un 33-tours.

  • Love Me Do / P.S. I Love You* (5 octobre 1962)
  • Please Please Me* / Ask Me Why* (11 janvier 1963)
  • From Me to You / Thank You Girl (11 avril 1963)
  • She Loves You / I'll Get You (23 août 1963)
  • I Want to Hold Your Hand / This Boy (29 novembre 1963)
  • Can't Buy Me Love* / You Can't Do That* (20 mars 1964)
  • A Hard Day's Night* / Things We Said Today* (10 juillet 1964)
  • I Feel Fine / She's a Woman (27 novembre 1964)
  • Ticket to Ride* / Yes It Is (9 avril 1965)
  • Help!* / I'm Down (23 juillet 1965)
  • We Can Work It Out / Day Tripper (3 décembre 1965) (2ƒA)
  • Paperback Writer / Rain (10 juin 1966)
  • Yellow Submarine* / Eleanor Rigby* (5 août 1966) (2ƒA)
  • Strawberry Fields Forever / Penny Lane (17 février 1967) (2ƒA)
  • All You Need Is Love* / Baby, You're a Rich Man (7 juillet 1967)
  • Hello, Goodbye / I Am the Walrus* (24 novembre 1967)
  • Lady Madonna / The Inner Light (15 mars 1968)
  • Hey Jude / Revolution (30 août 1968)
  • Get Back / Don't Let Me Down (11 avril 1969)
  • The Ballad of John and Yoko / Old Brown Shoe (30 mai 1969)
  • Something* / Come Together* (31 octobre 1969) (2ƒA)
  • Let It Be / You Know My Name (Look Up the Number) (6 mars 1970)

Divers

Quelques autres chansons ou enregistrements seront publiés parallèlement aux disques officiels britanniques.

  • Komm, gib mir deine Hand / Sie liebt dich - Single publié en Allemagne (5 mars 1964)
  • Bad Boy - Chanson inédite parue sur l'album américain Beatles VI (14 juin 1965)
  • Across the Universe - Version originale parue sur un album caritatif intitulé No One's Gonna Change Our World (en) (12 décembre 1969)
  • The Beatles Christmas Records - Collection de flexi discs humoristiques, plus ou moins improvisés, offerts aux abonnés du fan club.

Compilations notables et albums posthumes

Depuis la séparation du groupe, plusieurs disques ont été commercialisés, certains avec du contenu inédit.

  • Hey Jude (titré The Beatles Again en France) (1970)
  • The Beatles 1962–1966 et 1967–1970 (1973)
  • Past Masters (1988)
  • Live at the BBC (1994) et On Air - Live at the BBC Volume 2 (2013)
  • Anthology 1 (1995), 2 (1996) et 3 (1996)
  • Yellow Submarine Songtrack (1999)
  • 1 (2000) et 1+ (2015)
  • Let It Be... Naked (2003)
  • Love (2006)
  • The Beatles: Live at the Hollywood Bowl (2016)

Filmographie

Films officiels

  • A Hard Day's Night (6 juillet 1964)
    • En tant qu'acteurs. Film musical.
  • Help! (29 juillet 1965)
    • En tant qu'acteurs. Film musical.
  • Magical Mystery Tour (26 décembre 1967)
    • En tant qu'acteurs et producteurs. Téléfilm musical.
  • Yellow Submarine (6 juin 1968)
    • En tant que producteurs. Film d'animation.
  • Let It Be (20 mai 1970)
    • En tant qu'acteurs et producteurs. Documentaire.

Documentaires notables

  • ''The Compleat Beatles'' (en) (1982) : Ce documentaire, produit par Patrick Montgomery et avec Malcolm McDowell à la narration, explore la carrière des Fab Four à travers de nombreuses interviews de proches et collaborateurs[219].
  • The Beatles Anthology (1995) : Documentaire qui raconte l'histoire des Beatles par l'entremise d'entrevues des membres du groupe et des gens de leur entourage.
  • How the Beatles Rocked the Kremlin (2009) : Documentaire réalisé par Leslie Woodhead qui examine l'influence des Beatles sur la jeunesse et la société derrière le rideau de fer[220].
  • Good Ol’ Freda (2013) : Réalisé par Ryan White, ce documentaire raconte la carrière des Beatles vécue par la responsable du fan club du groupe, Freda Kelly[221].
  • The Beatles: Eight Days a Week (2016) : Construit à partir d'images des archives d'Apple et de séquences inédites récupérées de fans de partout dans le monde, ce film, réalisé par Ron Howard, traite principalement des tournées du groupe à partir des spectacles au Cavern Club de Liverpool en 1962 jusqu'à leur dernier concert au Candlestick Park de San Francisco en 1966[222].

Autres

Série d'animation

  • The Beatles est une série de dessins animés, diffusée aux États-Unis, faisant intervenir les quatre Beatles dans leur précédent style, c'est-à-dire sans moustaches ni lunettes. Les voix des personnages n'avaient plus rien en commun avec celles des Beatles, leur accent de Liverpool ayant été considéré comme difficilement compréhensible par le public américain. Chaque épisode comportait une chanson des « vrais » Beatles[223].

Vidéographie

  • Au cours de leur carrière, des films promotionnels ont été tournés pour promouvoir certaines de leurs chansons. Ceux-ci ont été compilés dans la réédition de luxe du disque 1 publié le 6 novembre 2015. Cette collection comprend aussi plusieurs clips créés à la suite de la séparation du groupe[224].

Films biographiques

  • 1994 : Le film Backbeat, de Iain Softley, raconte les débuts des Beatles lors de leurs séjours à Hambourg en 1960-61.
  • 2009 : Le film Nowhere Boy, de Sam Taylor-Wood, traite de l'adolescence de John Lennon et de la genèse de sa carrière musicale.

Films de fiction

  • 1978 : Le film I Wanna Hold Your Hand de Robert Zemeckis raconte les mésaventures d'adolescents qui tentent d'assister à la prestation des Beatles au Ed Sullivan Show lors de leur première tournée américaine.
  • 2000 : Le téléfilm Two of Us, produit par Michael Lindsay-Hogg et mettant en vedette Jared Harris dans le rôle de John Lennon et Aidan Quinn sous les traits de Paul McCartney, se déroule le 24 avril 1976, au moment où les deux ex-Beatles passent une journée ensemble à New York.
  • 2007 : Le film Across the Universe, de Julie Taymor, est une comédie musicale rythmée par 33 titres des Beatles, qui conte une histoire d'amour des années 1960 entre Jude (interprété par Jim Sturgess), jeune ouvrier de Liverpool venu aux États-Unis à la recherche de son père, et Lucy (interprété par Evan Rachel Wood), belle blonde dont le frère est un étudiant en révolte de Princeton.

Notes et références

Notes

  1. Cinq albums différents publiés entre 1995 et 2006 ont atteint le no 1 des palmarès britannique et américain.
  2. Le 15 octobre 1960, Lu Walters, bassiste du groupe Rory Storm and The Hurricanes, invite Ringo Starr, le batteur de ce groupe, accompagné de Lennon, McCartney et Harrison, pour enregistrer la chanson Summertime chez Akustik, un studio amateur de Hambourg. Cet enregistrement 78 tours est aujourd'hui disparu.
  3. Un album, qui comprend 12 à 14 chansons, rapporterait 6 ou 7p.
  4. Paul McCartney, également excellent batteur, remplace Starr sur Back in the U.S.S.R., Dear Prudence et The Ballad of John and Yoko.
  5. C'est la raison pour laquelle cette chanson n'est pas incluse dans l'album 1 publié en 2000.
  6. Le E.P. Yesterday fut d'ailleurs édité avec chaque membre du groupe chantant une des chansons
  7. Le palmarès hebdomadaire de la BBC ne jouait que l'un des deux titres, en alternance chaque semaine avec l'autre. Day Tripper y fut donc diffusé trois fois et We Can Work It Out deux seulement. Il aurait été suicidaire pour tout autre groupe de disperser ainsi l'attention de son public sur deux chansons nouvelles en même temps.
  8. Il dit, à propos de son ex-ami : « The only thing you done was Yesterday » (« La seule chose que tu as faite, c'était Yesterday », jeu de mots entre « hier » et le titre de la chanson no 1 en 1965) et « Those freaks was right when they said you was dead » (« Ces maboules avaient raison de dire que tu étais mort »)
  9. C'est notamment le cas de Yesterday dont on compte plus de 3000 versions.
  10. Voir The Beatles tribute albums pour une liste des albums hommages.
  11. Odeon publiera des versions différentes de ces disques au Japon.

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Sources

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Liens externes

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