Marillion

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Marillion est un groupe de rock néo-progressif britannique fer de lance du renouveau du « rock progressif », né en 1979 sous le nom de Silmarillion — nom emprunté à un roman de J. R. R. Tolkien, auteur du Seigneur des anneaux. Le nom est vite raccourci à Marillion, tandis que le groupe s'éloigne peu à peu de toute référence « folklorique » (à l'imaginaire tolkiéniste, au rock progressif des années 1970) pour développer une identité propre, caractérisée par les textes alambiqués, la voix et la prestation scénique du chanteur Fish, puis de son successeur Steve Hogarth et crée le style dit « rock néo-progressif » avec d'autres formations telles que Pallas, Pendragon, IQ, Twelfth Night.

Facilement qualifiée à ses débuts de « clone de Genesis », la recherche mélodique qui caractérise le groupe et la complexité des morceaux dépassant souvent les 8 à 10 minutes, alliée au charisme de son chanteur Fish lui valent les grâces du public. Le succès de Marillion, d'abord essentiellement cantonné au Royaume-Uni, s'étend à l'Europe entière conquise en 1985 par le single Kayleigh extrait de l'album Misplaced Childhood, album-concept à caractère autobiographique. Cette première période culmine en 1987 avec le très réussi Clutching at Straws, qui se solde par le départ de Fish. À partir de 1989, une seconde période voit la mise en œuvre d'un son parfois plus pop-rock, parfois plus sombre (Brave, en 1994). La troisième période débute en 1997, tandis que le groupe se sépare d'EMI pour passer en autoproduction et développer avant tout le monde un modèle de financement participatif original, les fans pré-finançant désormais les albums et tournées du groupe. C'est une période en demi-teinte d'un point de vue commercial, mais très riche musicalement, malgré un aspect parfois inabouti et incompris (Radiat10n, marillion.com), dépassé par les derniers albums du groupe et en particulier l'album-concept Marbles sorti en 2004, Sounds That Can't Be Made en 2012 ou F.E.A.R en 2016. Marillion connait ainsi avec ses derniers albums un retour en grâce auprès d'un public élargi, lui permettant, après des années d'underground, de renouer avec le succès. Avec des ventes estimées à plus de 15 millions d'albums, Marillion est aujourd'hui un groupe totalement indépendant, qui a su, à travers Internet, s'affranchir du soutien des médias officiels et des maisons de disque ou distributeurs pour composer et diffuser sa musique, dans une totale liberté d'écriture.

Membres du groupe et formation

Membres

Membres importants:

  • Fish (chant 1979-1988)
  • Steve Hogarth (chant 1988-aujourd'hui)
  • Pete Trewavas (basse et chant additionnel 1981-aujourd'hui)
  • Steve Rothery (guitare 1979-aujourd'hui)
  • Mark Kelly (claviers 1981-aujourd'hui)
  • Mick Pointer (batterie 1979-1983)
  • Ian Mosley (batterie 1984-aujourd'hui)

Membres secondaires:

  • Andy Ward (ex-Camel, batterie début 1983)
  • Jonathan Mover (batterie, octobre 1983)
  • John Martyr (batterie mars-octobre 1983)
  • Brian Jelliman (claviers 1979-1981)
  • Doug Irvine (basse et chant 1979-1980)
  • Diz Minnit (basse 1981)

Formations

Première formation stable :

Formation actuelle :

  • Steve Hogarth (chant)
  • Steve Rothery (guitare)
  • Mark Kelly (claviers)
  • Pete Trewavas (basse)
  • Ian Mosley (batterie)

Evolution

Historique

Première période (période Fish)

Débuts et premiers succès (1979-1981)

Le groupe est fondé en 1979 à Aylesbury, une petite ville au Nord-Ouest de Londres dans le Buckinghamshire par le batteur Mick Pointer et le bassiste Doug Irvine. Ils sont très vite rejoint par le claviériste Brian Jelliman et le guitariste Steve Rothery. Le groupe ne s'appelle pas encore Marillion mais Silmarillion[note 1] et ne joue pour l'instant que des compositions instrumentales, faute de n'avoir pas encore de chanteur, bien que Doug Irvine prête de temps à autre sa voix. Silmarillion enregistrera au milieu de l'année 1980 deux K.7. démo mélant titres chantés et instrumentaux ("The Haunting of Gill House", "Herne the Hunter", "Scott's Porridge" et "Alice" en différentes versions), uniquement utilisées comme support interne de travail et non diffusées en dehors du groupe [note 2]. En décembre 1980, un jeune chanteur écossais fatigué d'enchaîner les emplois sans lendemain, Derek William Dick alias Fish, passe une audition devant les membres de Silmarillion[note 3]. Sa voix et son charisme impressionnent les musiciens qui décident de l'engager. Il améliore très vite le répertoire et propose de changer le nom de la formation en Marillion. Entre temps, le bassiste Doug Irvine, fatigué de rester à végéter, quitte le groupe l'année suivante. Il sera remplacé par Diz Minnit, un vieil ami de Fish. Ce Marillion new-look donne son premier concert officiel avec Fish au micro le 15 mars 1981 au pub The Red Lion, Bicester, Oxfordshire, devant une soixantaine de personnes[1]. Marillion édite alors rapidement son premier vrai enregistrement audio: The Roxon Tape, une K7 démo de 3 titres de 15 minutes (He knows you know, Garden Party, et Charting the Single) produite par Les Payne. Initialement tirée à 400 exemplaires uniquement à des fins de support promotionnel envers la presse et les maisons de disques, cette démo sera ensuite diffusée plus largement et vendue 1,25 £ (équivalent de 5 euros à l'époque) à la sortie des concerts aux fans dont le nombre ne cesse de croître. Elle décroche une critique de 19 lignes dans le numéro d'août 1981 du célèbre magazine anglais Sounds, ce qui constitue officiellement la toute première référence à Marillion dans la presse musicale[2]. Ironiquement, la démo sera toutefois refusée par la totalité des labels ciblés, y compris EMI[3]. Diz Minnit et Brian Jelliman imitent alors très vite Doug Irvine: malgré des concerts de plus en plus remarqués, ils quittent en effet le groupe en 1981 et sont remplacés par Pete Trewavas et Mark Kelly (ex-Chemical Alice) [4]. Avec une formation enfin stabilisée, Marillion n'a pas encore sorti d'album qu'il remplit déjà les salles de concerts sur Aylesbury et la scène londonienne où les prestations se multiplient.

1982 : Saliva Tears Tour, signature EMI et premier single

Afin d'étendre sa renommée, Marillion monte le Saliva Tears Tour en 1982, qui comprend près d'une centaine de dates dans tout le Royaume-Uni, dont 30 concerts en Écosse[note 4]. La tournée commence à Londres le 3 janvier par un concert au Marquee, le club mythique de Wardour Street, alors moyennement rempli. Mais le bouche-à-oreille fonctionne à plein régime, la presse flaire un phénomène (le groupe décroche une première chronique de concert "sympathique" quoiqu'un brin condescendante dans Sounds[5], Marillion étant présenté comme un groupe d'étranges baba-cools surgis du passé, et est invité au Friday Rock Show sur la BBC[6]), et un succès croissant va accompagner cette tournée, ce qui pousse E.M.I. à signer Marillion au cours de l'été 82. Le Saliva Tears Tour se terminera ainsi par un retour triomphal à Londres, fin novembre par un concert à The Venue à guichets fermés, le groupe venant de sortir son tout premier single Market Square Heroes[7]. Marillion avait édité entre temps une seconde K.7. démo 3 titres, The B.B.C Session (Three Boats Down, Forgotten Sons, The Web) en support de cette première vraie tournée nationale. Le magazine Sounds, encore lui, à l'issue d'un concert du groupe à Glasgow sera le premier à prédire alors un avenir brillant à Fish et à sa troupe, et ce malgré leurs tenues de scène dreadfully corny (lit. "horriblement ringardes": les musiciens étaient alors vêtus de grandes capes, façon secte apocalyptique)[8]. C'est cette tournée et les échos favorables dans la presse musicale britannique qui amènera les organisateurs du Reading and Leeds Festivals 1982 à prendre le risque de programmer Marillion, du jamais vu pour un groupe qui n'avait toujours pas le moindre disque dans les bacs. Le tout jeune Marillion se produit alors avec les jeunes loups de la scène heavy metal du moment (MSG, Iron Maiden, Manowar, Y&T, Twisted Sister, Mama's Boys) sans pourtant être rejeté par le public[9]. C'est à l'occasion de ce concert très remarqué à Reading au mois d'août 82, devant plus de 45 000 personnes, que Fish annonce la signature du groupe chez EMI[note 5] En novembre 1982 donc, le groupe sort enfin son premier single 2 titres, suivi par une version étendue (Maxi 45 tours ou 12-inches à l'époque): Market Square Heroes contenant trois chansons[10] (Market Square Heroes, Three Boats Down From The Candy et surtout Grendel, une suite musicale de 17 minutes). Les premières critiques sont plutôt bonnes même si le disque est catalogué « hard rock », un malentendu lié au concert de Reading et au fait qu'avec Sounds, c'est surtout le magazine de heavy-metal Kerrang! qui est le premier à les repérer et à les soutenir en Grande-Bretagne[note 6](si Market Square Heroes fait une entrée timide dans les charts britanniques en 60e position, le single atteint rapidement la 4e place au classement interne du magazine, et Marillion, qui n'a toujours sorti aucun véritable album, fera même la couverture de Kerrang! en novembre 82, constituant ainsi sa première Une historique dans la presse musicale[note 7],[11]). Le succès est tel que Marillion devra encore rajouter trois concerts londoniens consécutifs, sold-out cette fois, au Marquee de Londres pour clôturer définitivement le Saliva Tears en décembre 1982[12].

Le premier album : Script for a Jester's Tear, 1983

Après avoir sorti quelques autres singles, le groupe sort en 1983 son premier album, Script for a Jester's Tear, qui atteindra la 7e place dans les charts britanniques, un score remarquable étant donné l’hermétisme des textes et la complexité structurelle des morceaux (mis à part le single He knows you Know, les morceaux affichent une durée moyenne peu commerciale de 8 à 9 minutes), alors que la mode est soit à la NWOBHM (new wave of british heavy metal, portée par des groupes comme Iron Maiden, Def Leppard ou Saxon), soit à la New Wave alors naissante[13]. La pochette, dessinée par Mark Wilkinson, accentue le côté théâtral de l'album. Les premières critiques sont tout d'abord assez valorisantes pour le groupe, certains n'hésitant pas à dire que Marillion a créé un nouveau style : le rock néo-progressif. D'autres voient le groupe comme la relève du rock progressif. Un peu agacé par les comparaisons au Genesis des années 70's, Fish finira par téléphoner à Peter Gabriel pour lui demander son avis - lequel le félicitera pour ce premier album les encouragera à continuer[14]. Mais très vite les critiques, dévalorisantes cette fois-ci, fusent. Les premières viennent de la part de la presse musicale qui ne voit en Marillion qu'une « pâle copie » de Genesis avec un répertoire encore trop modeste pour tenir la route en concert[15]. En France, le magazine Rock & Folk est particulièrement virulent, et n'aura de cesse, jusqu'en 1987, de démolir systématiquement les disques du groupe, accusé d'être un « Genesis du pauvre »[16],[17],[18] (le magazine Les Inrockuptibles se chargera de prendre la suite dans les années 1990, Marillion ne répondant pas aux critères du musicalement correct en vigueur dans ce journal[19]). Il est vrai que la voix de Fish ressemble beaucoup à celle de Peter Gabriel et que le titre Grendel ressemble étrangement à la chanson Supper's Ready de Genesis, et que la théâtralisation du jeu de scène de Fish rappelle le Genesis des premières années. Avec le recul, Mark Kelly expliquera du reste que ces critiques n'étaient sans doute pas toutes injustifiées[20]. Les autres critiques viennent de la bourgeoisie anglaise qui n'apprécie guère la chanson Garden Party qui parodie la haute société et le petit monde universitaire de Cambridge[21]. Malgré ces critiques, et à la suite de la sortie de son premier album, Marillion se permet le luxe de jouer à guichets fermés trois soirs de suite à l'Hammersmith Odeon, la salle mythique londonienne (équivalent du Zénith parisien à l'époque), nouvelle preuve de l'incroyable engouement que suscite la troupe de Fish auprès du public. 1983 est également l'année des premières apparitions de Marillion sur la télévision anglaise: un mini-concert est filmé en studio pour l’émission Oxford Road Show sur la BBC 2, et Fish donnera sa première interview sur Channel 4. Marillion donne son premier concert hors du Royaume-Uni le 21 mai 1983 à Mannheim (Allemagne de l'Ouest), pour un festival en plein air en compagnie de Gary Moore, Men At Work et avec Chris de Burgh en tête d'affiche. À la suite de la tournée au Royaume-Uni, Mick Pointer se fâche avec le reste de la troupe. Il est aussitôt remplacé par Andy Ward (ancien batteur du groupe Camel), sans réelle audition, sa renommée étant jugée suffisante. Marillion part alors en tournée aux États-Unis et au Canada au mois de juillet 83. Cette première tournée sera désastreuse au vu des réactions du public américain. Andy Ward, qui venait d'arriver au sein du groupe, sera bientôt congédié pour addiction alcoolique. Il est alors remplacé par John Martyr (Marillion alignera pendant une courte période deux batteurs sur scène, Andy Ward et John Martyr aux percussions). Le groupe retourne en Europe fin août pour se refaire une santé en jouant à Liverpool et surtout au festival de Reading, mais cette fois-ci en partageant le haut de l'affiche avec Black Sabbath.


Le second album Fugazi et conquête de l'Europe, 1984.

Le 12 mars 1984, Marillion sort son second album: Fugazi. L'album marche encore mieux que le premier sauf au Royaume-Uni où les ventes seront un peu inférieures mais tout de même atteignant la 4e place dans les charts. L'album plaira également aux amateurs de hard rock grâce à des morceaux très incisifs comme le hit Assassing et Punch And Judy[13]. Sur les derniers concerts de la tournée européenne de Fugazi, Marillion joue chaque soir sur scène une chanson à tiroir de plus de 15 minutes que Fish présente comme Misplaced Childhood - side 1. Il s'agit en fait du triptyque Kaykeigh / Lavender / Heart of Lothian avec des paroles et des arrangements légèrement différents de la version définitive qui paraîtra sur l'album suivant[note 8]. Cette habitude de tester certains titres en live avant de les enregistrer en studio témoigne du fait que Marillion était avant tout un groupe de scène. Diverses versions d'Incubus et Assassing ont ainsi été jouées sur la fin de la tournée Script (le fameux Farewell to '83 Tour) avant de se retrouver sur l'album Fugazi[note 9]. Ce second album donne lieu à la première tournée européenne (le groupe n'avait encore effectué que quelques participations à des festivals durant l'été 1983 en support de Script). Une série de dates est programmée en Allemagne, Hollande, Suisse, Suède et Danemark. C'est le 11 avril 1984 que Marillion donne son premier vrai concert en France, à l'Eldorado de Paris[note 10]. Le mini-live Real-to-Reel enregistré en Angleterre et au Canada au cours du Fugazi Tour sort à l'initiative d'EMI, essentiellement pour enrayer la profusion de bootlegs ou disques pirates live, au Royaume-Uni. De façon assez inattendue, ce mini-Live est un énorme succès auprès du public et renforce considérablement la popularité du groupe en touchant de nouveaux fans partout en Europe[note 11]. La tournée Fugazi à peine achevée, une nouvelle mini-tournée européenne est organisée en support de Real-to-Reel, dont pour la première fois en France plusieurs concerts en province (Strasbourg, Nancy, Brest, Nantes, Lyon et Clermont-Ferrand, quelques fans présents au sound-check assistant à la reprise de la totalité de Relayer de Yes par le groupe). À Paris, le concert initialement prévu au Casino de Paris est finalement reprogrammé à l'Espace Balard, d'une plus grande capacité, en novembre 1984, et sera partiellement diffusé sur la bande FM. L'Europe du Sud (Espagne, Portugal, Italie) est enfin visitée.

Le début de la reconnaissance mondiale : l'album Misplaced Childhood, 1985.

En 1985, après s'être associé au prestigieux producteur Chris Kimsey (producteur des Rolling Stones et Johnny Hallyday, entre autres), le groupe sort Misplaced Childhood, son album le plus connu. L'album atteint la 1re place des charts britanniques notamment grâce aux chansons Kayleigh, Lavender et Heart Of Lothian. Un tel succès n'était pas vraiment prévisible car il s'agit d'un album-concept sur l'enfance a priori difficile d'accès. La presse américaine fait l'éloge de l'album, le considérant comme « le meilleur album-concept de la décennie »[22]. Misplaced Childhood entre au Top-50 du Billboard américain (47° position), ce qui constitue, aujourd'hui encore, leur plus grand succès discographique outre-Atlantique[23].

Le groupe change véritablement de stature avec cet album, et commence alors une série de tournées de plus en plus conséquentes avec une logistique désormais imposante[note 12]. Marillion acquiert véritablement le statut de stars au Royaume-Uni, où le groupe volera presque la vedette au groupe ZZ Top lors du festival des Monsters of Rock de Castle Donington, pourtant consacré traditionnellement au hard rock, Marillion se produisant alors entre Metallica et Bon Jovi[24]. L'année 1985 sera donc l'année de la consécration pour Marillion qui connaîtra dès lors un succès international. Le groupe s'envole pour sa première tournée au Japon. 1985 est également l'année de la seconde vraie tournée française (Mulhouse, Lyon, Toulon, Nice, Toulouse). En novembre, Marillion joue pour la première fois au Zénith à Paris, devant une foule extatique. La presse musicale française, prise de court, semble enfin découvrir ce groupe, capable de remplir le Zénith dans sa configuration maximale et y rassembler 7 500 fans avec un soutien promotionnel minimaliste de la part d'EMI France. Le magazine mensuel Best avec Hervé Picart et le magazine de hard rock Enfer Magazine ouvrent désormais régulièrement leurs pages à Marillion[note 13], contribuant à accroître l'assise des fans en France[25]. Il est à noter toutefois que la popularité de Marillion en France, même à son plus haut niveau (1985-1990), sera toujours en deçà de celle qui est la sienne dans d'autres pays européens tels la RFA ou les Pays-Bas. Marillion tourne habituellement sur une demi-douzaine de dates en France, quand des tournées de 10 à 15 concerts sont régulièrement organisées en Allemagne ou au Benelux, une différence toujours marquée aujourd'hui. Le groupe effectue en 1986 une mini-tournée européenne de dix dates coïncidant avec quelques festivals d'été, le Welcome to The Garden Party Tour (Milton Keynes, Mannheim, Berlin, Milan, etc.) qui, pour beaucoup, représente la quintessence de leur art[22]. Marillion entre sur scène avec Garden Party puis joue la totalité de Misplaced Childhood sans interruption, avant d'enchaîner tous leurs morceaux standards. En France, le groupe joue ainsi avec Level 42 et Queen à l'Hippodrome de Vincennes le 14 juin 1986, devant plus de 40 000 personnes. Au Milton Keynes Bowl, ce sont plus de 60 000 fans qui se réunissent pour supporter le groupe en tête d'affiche, et ce concert reste encore aujourd'hui la référence du Marillion au sommet de sa gloire[26],[note 14].

L'album Clutching at Straws et premières tensions, 1987.

Des tensions commencent à apparaître dans le groupe, Fish étant de plus en plus considéré comme le leader par la presse, les musiciens étant relégués au rang de backing-band. EMI pousse par ailleurs Marillion à retourner rapidement en studio, pour profiter de l'incroyable succès de Misplaced Childhood, l'album restant dans le top-ten de la plupart des charts européens en 85/86[27]. Les premières sessions sont toutefois conflictuelles et une première mouture de l'album passe aux oubliettes (il faudra attendre 12 ans pour qu'EMI ressorte ces premières bandes à l'occasion de la réédition du catalogue du groupe). Cette première version avortée n'apaise pas les tensions à l'intérieur de Marillion. C'est pourtant dans cette période instable que la formation accouche finalement dans la douleur de son 4e album. Clutching at Straws sort en 1987, après des sessions d'écriture et de maquettage particulièrement agitées au studio de Barwell Court puis Brighton Road, le groupe enchaînant les nuits de beuveries et de consommation de stupéfiants[28]. C'est un album plus sombre, et sans doute également plus rock et plus accessible que le précédent que vient de sortir Marillion[29],[30]. L'album se place seconde meilleure vente après Misplaced Childhood, toutes périodes confondues, ce qui fait dire à Fish, dans un grand moment de clairvoyance, "Nous sommes là pour de nombreuses années encore !". Pour la première fois, un sixième musicien est crédité sur l'album, la choriste Tessa Niles, et Clutching at Straws devient rapidement disque de platine en France (120 000 copies), leur plus grosse vente à ce jour dans l'hexagone. Les radios françaises, NRJ en tête, vont même jusqu'à diffuser le single Incommunicado en boucle.

À la fin de juin 1987, le groupe démarre une mini-tournée en Europe continentale qui débute par 5 dates en Pologne et qui culmine le 19 juillet par un concert en Allemagne, devant une foule estimée à plus de 20 000 personnes, près du site mythique de la Lorelei. Ce dernier concert fait l'objet d'un enregistrement et sort en vidéo en 1988. Cinq dates sont prévues en France (Zénith de Paris, Antibes, Toulon, Annecy, Marseille), un sixième concert à Lyon en plein air est annulé du fait d'une météo désastreuse. À la surprise générale et à la grande perplexité de beaucoup de fans, une choriste américaine, Corri Josias accompagne Marillion sur scène et assure les chœurs féminins de Clutching at Straws ainsi que sur quelques autres titres historiques de la set-list tel Fugazi. Fish, le dernier célibataire de la troupe, se marie selon la tradition écossaise en juillet 1987 avec Tamara, la figurante qui jouait dans le clip Kayleigh. Marillion retourne en Amérique pour une série de concerts qui rencontrent un succès croissant, même si leur popularité aux États-Unis n'égale pas celle qui est la leur en Europe, et n'est en rien comparable à celle d'autres jeunes groupes britanniques comme U2 qui eux remplissent déjà les stades à cette même époque. Marillion pour sa part joue essentiellement dans les clubs de la côte Est, réputée plus intellectuelle[31], et au Canada, avant de rentrer en Europe.

La consécration internationale malgré les fissures - Marillion remplit Bercy.

De retour en Angleterre, le groupe sort coup sur coup le single Warm Wet Circles/White Russian (live), qui se classe à la 23e place des charts, ainsi qu'une biographie intitulée Market Square Heroes et la vidéo Live At Lorelei. Le groupe recommence une tournée européenne qui débute le 3 novembre par trois concerts au Wembley Arena dont le dernier est un concert de charité devant les membres de la famille royale anglaise, le Prince Charles les félicitant en loge à l'issue du concert. Pour ce même concert, Marillion est rejoint par des invités comme Bruce Dickinson ou Nicko McBrain d'Iron Maiden. Le groupe part ensuite pour la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Norvège, la Suède, l'Allemagne, et la France pour finir par des concerts en Angleterre et en Écosse. Le 14 décembre 1987, Marillion remplit pour la première et probablement unique fois de sa carrière le Palais omnisports de Paris-Bercy (17 000 personnes, son plus grand concert en France en tête d'affiche), concert diffusé en direct sur RTL par Francis Zégut dans l'émission RTL-Live.

Épuisé par les 77 concerts donnés en 1987, les tensions dans le groupe deviennent très fortes, mais le succès est tel que des dates de concerts sont rajoutées. Fish connaît en parallèle des problèmes de santé (largement dévoilés dans le morceau autobiographique Torch Song sur l'album Clutching at Straws), et se voit recommandé par les médecins de lever le pied, sous peine de perdre définitivement sa voix. Le management du groupe, en accord avec les quatre autres musiciens, maintient toutefois la totalité des dates prévues (une trentaine) sur le premier semestre 1988, ce qui contribue à isoler un peu plus Fish du reste de la troupe[note 15],[32]. En janvier 1988, EMI, sous la pression du fan-club anglais The Web dont les membres se ruinent à acheter des inédits en faces B des singles, sort B-Sides Themselves, une compilation des chansons non-incluses dans les albums. Les concerts sont de plus en plus rapprochés, le groupe tourne dans les îles Anglo-Normandes et au Luxembourg.

Le groupe participe le 4 avril au Printemps de Bourges, ce qui constituera la dernière apparition de Marillion avec Fish sur une scène Française, situation assez ironique car c'est également à Bourges que le groupe aurait donné de façon improvisée son premier mini-concert en France, en avril 84[note 10]. Fish sans Marillion, accompagné entre autres de Mark Kelly, Phil Collins, Midge Ure chante le 11 juin 1988 la chanson Kayleigh devant l'immense foule qui s'est réunie à Wembley pour fêter l'anniversaire du leader sud-africain Nelson Mandela. Une semaine plus tard, le groupe au complet s'envole pour donner un concert devant 95 000 personnes à Berlin-Est, une prestation diffusée en direct sur la télé est-allemande. Ce concert reste aujourd'hui encore la plus grosse audience du groupe en tête d'affiche, un record à nuancer par le fait qu'avant la chute du Mur de Berlin, n'importe quel concert de rock prenait l'allure d’événement et rassemblait systématiquement 100 000 personnes[33]. Le succès de Marillion depuis Misplaced Childhood et leur statut de stars devient de plus en plus difficilement gérable du fait de la pression que cela génère désormais. Fish confessera plus tard : « À partir de 1985, nous avons été envoyés dans l'hyper-espace [ … ] l'idée même qu'il fallait qu'on écrive un nouvel album et les responsabilités que cela impliquait me tordait le ventre de panique. »[28]

Le départ de Fish, 1988.

Début juillet, le groupe cesse tout concert et s'enferme dans un château écossais à Dalnaglar, dans les Highlands, pour travailler sur un nouvel album, Vigil In A Wilderness Of Mirrors. Le 23 juillet 1988, Marillion donne un concert à Saint Andrews en Écosse pour le projet caritatif Fife Aid, sous un véritable déluge[note 16],[34]. Aucun des 25 000 spectateurs présents ne se doute encore qu'ils assistent là au dernier concert de Marillion avec Fish au micro[note 17]. Le groupe retourne très vite en studio. Mais le chanteur et le reste des musiciens ne s'entendent décidément plus sur le plan musical et surtout relationnel, si bien que le 15 septembre 1988, Marillion annonce officiellement via un communiqué de presse commun, mais manifestement rédigé en fait par E.M.I., tant les termes employés sont éloignés de la réalité de la situation relationnelle au sein du groupe[note 18]. Fish poursuivra désormais une carrière en solo. Il faudra attendre 2003, et quinze ans d'apaisement des tensions pour que Fish dévoile dans une interview au Edinburgh Evening News, que la principale motivation de son départ n'était pas de nature artistique, mais liée à un conflit avec le management de John Arnisson qui touchait 20 % des recettes des concerts, ce qui le conduisait à organiser pour Marillion des tournées de plus en plus gigantesques et intensives, sans se préoccuper de l'état physique et moral des membres du groupe. Fish confesse qu'à ce rythme, son avenir inéluctable avec Marillion aurait sans doute consisté à le retrouver un jour mort d'overdose dans une grande maison d'Oxford – quitter le groupe avait été pour lui un ultime réflexe de survie[36]. Le très méconnu Tux-On, simplement sorti en face-B du single Sugar Mice en 1987 et racontant la gloire naissante, depuis les clubs locaux jusqu'aux stades, la déchéance et enfin le suicide d'une star du rock, relève à cet égard probablement de l'écriture cathartique. Dans une interview donnée en 2009, Mark Kelly confirmera que les dissensions artistiques étaient finalement mineures lors du départ de Fish, et que c'est essentiellement sur le plan relationnel que la situation était devenue ingérable. Selon le même Mark Kelly, leur management et E.M.I auraient été plus inspirés en fait de leur accorder en 1988 une année sabbatique pour recharger leurs batteries plutôt que d'enchaîner les concerts et les enfermer finalement dans un studio au beau milieu de nulle part[note 19], ce huis clos rendant le split inévitable[37]. Fish expliquera en 1999 que les paroles de "That Time of the Night", rédigées après une n-ième nuit de beuverie pendant les sessions de Clutching at Straws, contenaient clairement l'annonce de sa prochaine démission du groupe[note 20].

Un dernier double album live, largement remixé en studio et un peu boudé des fans[note 21], est hâtivement sorti par la maison de disques: The Thieving Magpie (un clin d’œil à La Gazza Ladra de Rossini qui servait d'entame aux concerts des dernières tournées Misplaced Childhood puis Clutching[note 22]), qui fait le bilan de sept années exceptionnelles qui ont marqué la scène européenne et toute une génération de fans. Marillion a démontré sur cette période que produire une musique qui va à l'encontre des standards commerciaux de l'époque peut être néanmoins commercialement viable pour une major-company, et que tourner le dos au formatage des chansons de 3 à 4 minutes n'est pas incompatible avec le remplissage des salles. Il n'est pas sûr que Radiohead puis Muse aient pu exploser comme ils l'ont fait dans les années 2000 et 2010 si Marillion et Fish n'avaient pas fait cette démonstration fondatrice dans les années 1980 [38].

"Marillion - Vocalist Required"

En septembre 1988, Marillion se produit en Hollande, à l'invitation du fan-club néerlandais Freaks, pour un premier concert instrumental à Rotterdam, puis à Utrecht en novembre, le chant étant alors assuré par Peter Trewavas qui jusqu'alors n'intervenait que sur certains vocaux de Fugazi, et qui confirme à cette occasion qu'il avait effectivement fait le bon choix en décidant de devenir bassiste, et non pas chanteur. Le mois suivant, Marillion donne un concert privé à Liverpool au Royaume-Uni à l'initiative du fan-club anglais The Web avec Dave Lloyd, le chanteur de Rage, une prestation jugée guère convaincante, mais le groupe explique qu'il s'agissait là d'un dépannage amical. Marillion cherche à recruter par simple petite annonce (Marillion - vocalist required) dans le magazine Melody Maker[39] son nouveau chanteur[note 23]. Des dizaines de K.7. parviennent au groupe, et une série d'auditions est organisée par E.M.I. avec les prétendants qui systématiquement tentent de singer Fish, y compris vestimentairement, alors que Marillion conscient de la nécessité de tourner la page cherchait un vrai nouveau chanteur, et non pas une improbable doublure. C'est finalement Darryl Way[40] de Curved Air qui oriente les musiciens sur un jeune chanteur-claviériste qu'il connait bien et dont le groupe, The Europeans (en), vient de spliter. Tout juste papa, ce chanteur envisage de laisser tomber la musique pour devenir laitier et subvenir aux besoins de sa famille, avec une profession stable et rassurante[41]. C'est ainsi que Steve Hogarth rejoint finalement Marillion après une audition improvisée dans le garage de Pete Trewavas[42]. Malgré le talent indéniable de Steve Hogarth, le groupe ne réussira toutefois jamais à retrouver l'immense succès des années précédentes. Du fait du statut charismatique de son premier chanteur, Marillion connaît dès lors d'incessants débats entre les pro-Fish et les pro-Hogarth, comme ceux de Genesis avec le départ de Peter Gabriel, dernier clin-d’œil aux similitudes entre ces deux groupes.

Symbolique de Marillion avec Fish

Les pochettes de premiers albums de Marillion ont toutes été dessinées par l'illustrateur anglais Mark Wilkinson. Elles ont en partie contribué à la popularité du groupe. Visuellement très élaborées, elles mettent en scène des personnages imaginaires créés par Fish.

Le premier personnage créé est le Jester (« Bouffon » en anglais). Cher à Fish, il représente l'artiste/interprète/auteur, maître du mensonge et de l'illusion, vêtu d'habits très colorés et portant un bonnet à grelot. Certains lui trouvent une ressemblance avec Fish. Le Jester est présent sur les pochettes des albums et singles suivants:

  • Market Square Heroes (1982) où il se cache derrière un masque de théâtre[43] ;
  • He Knows You Know (1983) où il déchire son masque[44] ;
  • Script for a Jester's Tear (1983) où il joue du violon avec une plume blanche[45] ;
  • Garden Party (1983) où il parodie un aristocrate anglais[46] ;
  • Punch And Judy (1984) où il boxe une marionnette[47] ;
  • Fugazi (1984) où il est allongé, comme mort, sur un lit[48] ;
  • Freaks (1988) où, tel un chef d'orchestre, il semble commander un orage[49].

Le deuxième personnage est le Child (« l'Enfant » en anglais). Il apparaît vers 1985, date à laquelle Marillion sort son 3e album intitulé Misplaced Childhood et dont le thème principal est l'enfance. Il est vêtu d'un habit rouge, similaire à ceux des tambours de l'armée (le garçon ayant servi comme modèle n'est autre que le fils des voisins de Mark Wilkinson). The Child est présent sur les pochettes suivantes:

  • Kayleigh (1985) où il dessine un cœur sur un mur[50] ;
  • Lavender (1985) où il dépose sur la tête d'une petite fille une couronne d'herbes[51] ;
  • Heart Of Lothian (1985) où il porte un tambour[52] ;
  • Misplaced Childhood (1985), sans doute la pochette la plus connue, où le Child porte sur son bras une pie[53] ;

Le dernier personnage est Torch, un écrivain alcoolique raté en manque d'inspiration. Il est présent sur les pochettes suivantes:

  • Sugar Mice (1987), son visage derrière un verre à coktail[54] ;
  • Incommunicado (1987) où la ressemblance avec Fish est frappante, même si c'est Jack Kerouac (Sur la route, préfigurateur des clochards célestes et influence majeure de Fish comme romancier) qui est mis en valeur sur la pochette de l'album Clutching at Straws. Ian Mosley s'est également prêté comme modèle (le débat relatif à l'identité réelle de l'ange de la pochette n'est pas tranché, mais il s'agit très probablement de Mosley sur le single Incommunicado, le tour-book et les affiches de concert/T-shirts de la tournée)[55] ;
  • Clutching at Straws (1987)[56].

Après le départ de Fish et avec l'arrivée du nouveau chanteur Steve Hogarth, tous ces symboles et personnages disparaissent. Il subsiste néanmoins quelques références à cette imagerie sur le premier album du groupe sans Fish, nommé Seasons End.

Seconde période (période Hogarth)

Continuité & Changements (1989-1996)

Alors que les fans et la critique sont dans l'expectative, Marillion sort Seasons End à la fin de l'année 1989, un album qui à la surprise générale s'avèrera un succès complet. Sans se renier musicalement ("Berlin" et "The Space" entrent immédiatement dans la liste des classiques progressifs du répertoire du groupe), Marillion arrive à se renouveler dans la continuité, mais beaucoup des compositions ont été écrites du temps de Fish (lors de la réédition de Clutching at Straws en double-CD par EMI en 1999, Marillion ressort les bandes des sessions de l'album enregistré en 1987 mais jamais sorties, et les fans découvrent alors un curieux mélange de bouts de musique de Seasons End sur lequel Fish chante parfois les paroles de son propre premier album solo Vigil in a Wilderness of mirrors). Steve Hogarth, le nouveau chanteur que tout le monde attend au tournant, s'impose vocalement, tant sur l'album que sur scène, comme un chanteur magnifique, sans doute moins charismatique que Fish mais au registre vocal bien plus étendu et flexible. La seule baisse de qualité patente réside dans les textes, que beaucoup jugent désormais bien loin de la poésie symbolique de Fish. Marillion du reste n'hésite pas à faire appel à un parolier externe sur ses disques, nouveau coup dur pour le fan-core historique qui voit là une trahison de l'esprit Marillion. La tournée Seasons End est toutefois un énorme succès en Europe et en Amérique du Sud, et la popularité de Marillion semble alors intacte malgré le départ de Fish[57]. Seasons End reste à ce jour le dernier disque de Marillion primé par la British Phonographic Industry, le syndicat du disque anglais. L'album est certifié disque d'or au Royaume-Uni (soit plus de 100 000 exemplaires vendus, Script et Misplaced étant pour leur part certifiés disques de platine avec plus de 300 000 copies vendues chacun en Angleterre[58] !). C'est à cette période qu'apparait le premier fan-club français de Marillion, Blue Angel, une structure d'abord totalement indépendante qui sera rapidement reconnue par Marillion et E.M.I. France[note 24].

Le groupe enchaîne alors avec Holidays in Eden en 1991. Cet album marque un tournant assez pop dans le style du groupe, bien que cette tendance ne soit pas nouvelle (tels Kayleigh et Lavender, fers de lance du succès du groupe auprès d'un très large public au Royaume-Uni). Le choix de Chris Neil comme producteur (Céline Dion, Bonnie Tyler, A-Ha, Cher), appuyé par E.M.I., n'est sans doute pas étranger dans cette nouvelle orientation musicale. Même les morceaux les plus ambitieux musicalement du groupe ne s'articulent plus vraiment autour des ruptures de rythme chères au rock progressif du Marillion des années 1980, mais plutôt autour de rythmes lents, voire contemplatifs, qui vont en crescendo avant d'exploser. Paradoxalement, Holidays in Eden présente les caractéristiques musicales attendues avec Season's end au moment de l'arrivée de Steve Hogart et son passé pop avec les groupes The Europeans et How we Live. Si ces deux albums étaient sortis dans un ordre inversé, il est probable que la critique et les fans auraient unanimement salué le spectaculaire redressement artistique de Marillion après le départ de son leader charismatique. À l'exubérance de Fish succède la rage contenue de Steve Hogarth, et le changement n'est finalement pas si radical, l'évolution musicale du groupe se faisant toujours avec une certaine cohérence. Malgré cela, beaucoup de fans ne voient pas d'un bon œil le nouveau style du groupe dévoilé par cet album. Certains n'acceptent pas la nouvelle orientation pop de Holidays in Eden, et d'autres vont même jusqu'à reprocher au groupe de tout faire pour renier le passé[59] dont le changement du logo et l'abandon de toute la symbolique des pochettes dessinées par Mark Wilkinson (en l'occurrence, la pochette de Holidays est pourtant considérée à ce jour comme l'une des plus belles du groupe, et il est à noter que Marillion avait déjà abandonné son célèbre logo emblématique sur Clutching at Straws, alors que Fish était encore dans le groupe). Il est difficile aussi pour beaucoup de fans de faire le deuil des textes de Fish[note 25].

Il est probable que le polissage manifeste de Holidays in Eden constitue alors une tentative pour prendre enfin pied sur le marché américain, où Marillion ne peut se prévaloir que d'un succès d'estime en jouant essentiellement dans des clubs, faute de programmation radio ou de passage sur MTV. Pete Trewavas racontera plus tard comment E.M.I., obsédé par la nécessité de sortir au moins trois singles diffusables en radio sur cet album, dépêchait régulièrement Nick Garfield du département A&R ("Artists and Repertoire" des cadres désignés pour vérifier que la création d'un artiste colle bien avec le catalogue d'une maison de disque et atteindra en vente les projections faites par le département marketing) pendant les sessions d'écriture pour s'assurer que le « message » était bien passé[60]. Cela s’avérera être une grave erreur de calcul, car le groupe avec Holidays in Eden se coupe de la base la plus loyale et historique de ses fans en Europe, sans pour autant changer de stature aux États-Unis, où il continue à jouer dans des clubs de moyenne capacité. Lors d'un concert au Ritz à New York, Marillion fait une fleur en offrant sa première partie à des fans ayant monté un groupe alors quasi-inconnu, Dream Theater, qui explosera au niveau international et remplira les stades du monde entier deux ans plus tard[61]. Par ailleurs, les relations entre Marillion et l'ancien chanteur Fish se dégradent de plus en plus, et la presse se délecte de cet affrontement en critiquant au passage les deux parties[62].

Mid-90's: Les albums Brave et Afraid Of Sunlight

Marillion revient au concept-album en 1994 avec le très ambitieux Brave, entièrement enregistré sur studio mobile installé au château de Marouatte dans le sud-ouest de la France, et album inspiré d'un fait divers relatif à la découverte d'une adolescente errant sur un pont autoroutier[note 26]. L'idée de l'album vient de la rencontre de deux chansons alors en projet, Living With The Big Lie (écrite par Steve Hogarth) et Runaway (écrite par John Helmer). Steve Hogarth se rend compte que les deux chansons évoquent un même sujet, dit teenage angst (le mal-être adolescent), et fait le lien avec ce fait divers. Il décide de l'extrapoler en imaginant ce qui a pu se passer avant l'arrivée de cette jeune fille sur le pont. Finalement, il s'agit d'une œuvre complexe, très sombre, la musique du groupe venant accompagner et rehausser les textes, et dont la réalisation a conduit Marillion a ne donner aucun concert en 1993, une année blanche pour la première fois de sa carrière. C'est un album-concept dont la trame narrative est parfois opaque, mêlant intimement différentes voix auxquelles Steve Hogarth prête la sienne  : celle de la jeune fille, celle de son amant, celle du narrateur extérieur. Sombre, intimiste et hanté, Brave représente encore aujourd'hui pour beaucoup le chef-d’œuvre inégalé de Marillion de la période Steve Hogarth, voire de Marillion tout court[63]. L'album entre au classement des 20 meilleurs albums de 1994 du magazine britannique Raw[64], et Brave sera, près de 10 ans après sa sortie, salué rétrospectivement comme l'un des 30 meilleurs albums des années 1990 par le magazine Classic Rock. Parfois mal compris et surtout peu poussé par E.M.I. qui commence à réaliser que Marillion ne sera jamais un super-group aux États-Unis, l'album sera toutefois un semi-échec commercial, même s'il atteint en 1994 la dixième place à l'UK Album Chart, le classement des ventes en Grande-Bretagne, constituant ainsi la dernière apparition de Marillion dans le Top-10 outre-manche. En avril 1994, le groupe donne trois soirs d'affilée trois concerts à La Cigale à Paris, le second concert étant enregistré pour la partie "Brave" du futur double-live Made Again Live qui sortira en 1996. Brave servira également de support à un court-métrage éponyme mis en scène par le cinéaste sud-africain Richard Stanley, vidéo qui elle aussi sera un échec commercial.

Afraid Of Sunlight est la dernière collaboration de Marillion avec EMI en 1995. Il s'agit encore d'un album concept, non pas axé autour d'une même trame narrative, mais autour d'une unique trame thématique : celle des dangers du succès (ironie peut-être involontaire en cette période où le groupe amorce une lente mais nette descente dans son succès commercial). Steve Hogarth y démontre son talent à se mettre dans la peau d'un autre personnage, ne parlant jamais mieux de lui-même que lorsqu'il parle des autres (de Brian Wilson dans Canibal Surf Babe, de Donald Campbell dans Out Of This World). La musique du groupe y est moins sombre que dans Brave, s'apparentant à de la pop « intelligente » ou « ambitieuse », voire de « pop prog » (par analogie avec le « rock progressif »). Le groupe y affirme surtout son intention de ne pas se laisser enfermer dans une catégorie musicale quelconque, intention qui est plus nettement affirmée dans les albums suivants. Malgré ses grandes qualités et de bonnes critiques (le disque entre même au palmarès des 50 meilleurs albums de l'année 1995 pour le très branché magazine anglais Q[65]), Afraid of Sunlight, peu promu par EMI, est un nouvel échec commercial et marque le début de la baisse inexorable de la popularité de Marillion auprès du public. Le groupe joue une dernière fois au Zénith à Paris en octobre 1995, avant, pendant ses tournées ultérieures, de devoir se rabattre sur des salles plus confidentielles (le Bataclan, le Café de la Danse, Le Trabendo, ou l'Élysée Montmartre). La tendance est identique en Angleterre (à Londres, Marillion joue désormais au Forum ou au Sheperd Bush Empire et non plus à l'Hammersmith ou au Wembley Arena).

Marillion & Internet: le premier modèle de financement participatif.

Le groupe quitte donc EMI après Afraid of Sunlight. Marillion avait pensé le faire plus tôt, lors de la préparation de Brave, mais avait finalement décidé d'aller au bout de son contrat (sept albums, faible taux de royalties et non renégociable)[66]. Le groupe crée alors Racket Records, son propre label indépendant (qui ne s'occupe que de Marillion), et est distribué pendant un temps par Castle Communications. À partir de 2001, le groupe est toujours en autoproduction, mais retire la distribution à Castle Communications pour la confier de nouveau à EMI. N'étant pas dépendant d'EMI pour la production de ses albums, ou pour les relations avec ses fans, le groupe sort donc vainqueur de cet échange parfois difficile à suivre.

À partir de 1997 le groupe rencontre un succès plus confidentiel avec This Strange Engine, selon les standards de la musique radio- et télé-diffusée en heavy rotation (matraquage), mais suffisamment important pour le garder sur les rails et lui assurer une indépendance de création enviée par nombre de groupes à travers le monde[41]. Le groupe développe, à partir de cette période, une stratégie de communication plus directe avec ses fans, leur véritable force, par le biais d'Internet. Marillion (notamment sous l'impulsion de Mark Kelly, le plus geek des cinq membres) a ainsi été le premier groupe de classe internationale - bien avant RadioHead, pourtant habituellement considéré à tort comme pionnier en la matière[67]- à comprendre, anticiper et s'approprier les nouveaux moyens de communications disponibles via le Web de façon à toucher directement son public[41],[note 27]. Ils n'hésitent pas à faire appel financièrement à ceux-ci, d'abord pour l'organisation d'une tournée américaine après la sortie de l'album This Strange Engine (l'initiative de collecte de fonds avait été lancée par un fan américain, et largement suivie via les listes de diffusion sur internet), pour pouvoir produire l'album Anoraknophobia (2001), ou encore pour constituer un budget promotionnel pour l'album Marbles (2004). Nombre de fans se prêtent de bonne grâce à cette forme de soutien direct[68], qui de plus donne le plus souvent droit à une version collector de l'album, spécialement réservée aux pré-commandes. Plus de 18 000 personnes ont par exemple pré-commandé Marbles, permettant ainsi à Marillion de s'auto-produire avec une certaine visibilité financière[69]. Le groupe se distingue également en décidant de s'affranchir du soutien d'une boite de management dédiée (la toute-puissante société de John Arnisson, qui a pourtant accompagné Marillion depuis 1983) afin d'exercer un contrôle plus direct encore sur tous les aspects de sa destinée. Marillion monte enfin un site web exemplaire d'interaction avec son public qui lui permet d'établir une relation quasi-symbiotique avec les fans, appelés à prendre une part de plus en plus active dans certains événements tel que la planification des tournées où même le contenu de certains matériels. Marillion multiplie ainsi en marketing-direct les matériels audio et vidéo, accessibles uniquement via son site Web. Le groupe édite ainsi les live from the Front Row (lit., « enregistrés de la fosse ») permettant de télécharger des dizaines d'enregistrements en public « bruts de décoffrage » puisque captés à la console de mixage pendant les concerts[note 28]. Marillion édite également via le Racket Club et son site web une multitude de supports vidéos. La commercialisation en ligne en 2003 de la vidéo Before First Light - Live at Marillion Weekend 2003 moins de 48 h après la tenue du concert constituera un exploit qui vaudra à Marillion son entrée dans le Livre Guinness des records. Au-delà de l'aspect strictement musical, Marillion aura ainsi été la première formation à instituer et pérenniser un mode de fonctionnement révolutionnaire car totalement autonome. Ce mode de fonctionnement qui vise, grâce à internet, à court-circuiter un maximum d'intermédiaires entre le groupe et son public, a fait aujourd'hui de très nombreux émules au point de devenir un nouveau schéma de développement alternatif cité en exemple dans l'industrie du rock[70]. Au-delà de la sphère musicale, ce modèle appelé financement participatif (ou production communautaire) est désormais plébiscité dans le domaine associatif, économique et même politique.

Une recherche permanente de nouveauté musicale

Durant cette période (1997-2003), les albums de Marillion sont par certains côtés plus novateurs que les productions récentes du groupe, mais cette recherche déçoit une partie des fans de la première heure, par manque d'une réalisation ou d'une maturation suffisante. This Strange Engine en 1997, s'il semble respecter les fondamentaux de Marillion, n'arrive pas à décoller et donne la fâcheuse impression d'un groupe dans une impasse. Conscient de ce risque, Marillion se dégage alors de toute contrainte stylistique et va où le porte son inspiration du moment, avec des résultats malheureusement très inégaux et souvent décevants. Radiat10n (1998) en est un exemple, avec des compositions notamment gâchées par une production de très mauvaise qualité (le producteur Dave Meegan ne participe d'ailleurs pas à cet album, et le groupe procédera en 2013 à une ré-édition de Radiation avec un bien meilleure mise en son).

marillion.com (1999), confirme cette tendance du groupe à vouloir se renouveler et essayer de nouvelles directions, mais l'album peine à convaincre en s'enlisant dans des compositions très éloignées des productions antérieures. Beaucoup de fans déjà déçus par Radiat10n lâchent définitivement le groupe avec cet album considéré comme un Holidays in Eden raté[71]. Steve Hogarth achève de se couper avec les premiers fans en déclarant à cette époque que selon lui, l'ancien Marillion est bel et bien mort et enterré, et que le groupe aurait été plus inspiré de changer de nom lors de son arrivée en 1989 pour éviter tout malentendu ultérieur[72]. Pourtant, cette fois-ci, le son est à la hauteur, et la présence de Steven Wilson (leader du groupe Porcupine Tree), qui a participé au mixage et à la production de certains titres, se fait parfois entendre.

Anoraknophobia sort en 2001 après les mal-aimés Radiat10n et marillion.com, et c'est un album plus rassurant pour le public. Il est pourtant encore plus novateur que les deux précédents, le groupe essayant des sonorités et des compositions qui lui sont inconnues, sans pour autant se détourner totalement du son Marillion. La forte cohérence de cet album est en partie due au travail de Dave Meegan, producteur consciencieux et véritable chef d'orchestre du groupe en studio, capable de faire recommencer une prise autant de fois que nécessaire, ou de renvoyer Steve Hogarth retravailler ses paroles. Les décisions se font le plus souvent de manière démocratique, mais le groupe apprécie ce jugement un peu plus extérieur et non complaisant. Finalement Anoraknophobia est sans doute l'album le plus atypique dans la discographie de Marillion[73].

Cette période, assez inégale d'un point de vue artistique, correspondra à une nette réduction de voilure pour Marillion, qui voit ses ventes d'albums s'effondrer, y compris en Grande-Bretagne[74] (de plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, les ventes de disques passent désormais à quelques dizaines de milliers d'unités[note 29]) et doit réduire drastiquement le nombre et l'ampleur de ses prestations scéniques pour ne plus se concentrer que sur quelques concerts très ciblés avec une équipe technique réduite, loin des tournées européennes de dizaines de dates des années fastes où Marillion se produisait avec un light-show somptueux et un matériel apte à sonoriser des salles de 10 000 places[note 30]). Ainsi en 2003, 2005 et 2006, Marillion ne se produira que ponctuellement lors de festivals d'été ou de conventions organisées par les fan-clubs (les fameux "Marillion Week-End"). Ian Mosley dira à cette même époque, non sans humour "Sometimes I feel like we're like Pink Floyd on a budget (laughter)" (lit. "parfois j'ai l'impression qu'on est Pink Floyd, mais sans un rond (rires)")[75].

L'album-concept Marbles, 2004.

Après trois ans d'attente, un double album d'une durée d'1h40 et constitué de 15 titres sort en 2004, Marbles. Les compositions variées, s'enchaînent avec beaucoup de fluidité et rappellent toutes les périodes de la carrière de Marillion, y compris par moments les plus anciennes. Le facteur liant de Marbles est la dissémination de petits morceaux de transitions intitulés Marbles I, II, III et IV.

D'une grande homogénéité, Marbles (accompagné d'une campagne marketing financée par les fans[76]) reconquiert à la cause du groupe une partie des fans de la première heure, ainsi qu'un certain nombre de nouveaux venus. Il est ponctué de temps forts comme les désormais classiques Invisible Man, Neverland et Ocean cloud, tous trois d'une cohérence étonnante, peut-être la plus grande réussite du groupe dans ce type de format d'une quinzaine de minutes[77]. L'album existe aussi dans une version édulcorée (moins de titres, et un ordre différent), destinée à la vente au grand public. La tournée de support de Marbles semble renouer également avec l'ambiance magique et baroque du early-Marillion, et cet album a indéniablement servi de signal au retour au bercail d'une partie des premiers fans, déboussolés par les quatre dernières réalisations du groupe et les errements musicaux passés. D'excellentes critiques accueillent Marbles[78], et le single You're gone entre directement à la 7e place dans les charts britanniques, un score que Marillion n'avait plus atteint depuis 1987 et Incommunicado[79]. Pour la première fois également depuis bien longtemps, une vraie tournée mondiale de près de 70 dates est organisée (Royaume-Uni, Irlande, Europe continentale, Mexique, États-Unis et Canada).

L'ère planante: Somewhere Else et Hapiness is the Road

En avril 2007 sort Somewhere Else, un album à la fois plus aérien et plus dynamique qui rompt avec la mélancolie de l'album précédent et se tourne vers une approche radicalement moins progressive, au risque de prendre à contre-pied les fans récemment reconquis avec Marbles. Pour redonner du souffle à sa musique et surtout revenir à une certaine spontanéité qui les caractérisait à leurs débuts, Marillion ne travaille plus sur Somewhere Else avec leur producteur Dave Meegan mais avec Mike Hunter. Ce dernier parvient à redonner de l'énergie créatrice au groupe en les poussant à travailler live. Somewhere Else ressemble à l'album d'une renaissance réussie: le groupe y joue comme au temps de ses débuts avec Steve Hogarth au chant, offrant un son moderne, très riche et très organique.

Marillion impose alors plus clairement une image pop, dans la catégorie des Radiohead, avec son style propre. Avec ce disque il intéresse surtout à nouveau les médias. Chaque nouvelle sortie du groupe provoque autant d'engouement que de réactions négatives, le public de Marillion désormais diversifié se forgeant des attentes très différentes[80]. Vingt ans exactement après la sortie de Clutching at Straws, Somewhere Else redonne de la visibilité au groupe. Pour cet album, Marillion décide selon son propre aveu de "laisser les fans tranquilles" et de ne pas avoir recours à leur soutien pour en financer la production, une décision essentiellement assumée par Mark Kelly désireux de ne pas "abuser de leur générosité"[81], et qui paradoxalement sera parfois mal perçue par les fans qui se sentiront un peu exclus de la genèse de l'album[82]. Fort de ses expériences heureuses sur Internet, Marillion décide toutefois de ne pas sortir de single sous forme de CD. Le 26 avril 2007 sort donc sur les plateformes de téléchargement légal, See It Like A Baby le premier extrait de Somewhere Else qui, lui, sort le 9 avril 2007[83]. Le succès est enfin au rendez-vous puisque les médias se remettent à parler de Marillion en des termes élogieux et que des radios comme RTL2, FIP, ou Ouï FM retiennent le single dans leur playlist. Marbles puis Somewhere Else marquent en effet le retour d'une relative popularité de Marillion en Europe[84]. Curieusement, la presse semble redécouvrir ce groupe qui n'a pourtant jamais cessé de tourner et de composer des albums, et Marillion, du fait de sa longévité et de la qualité artistique de ses deux dernières réalisations, regagne l'estime du milieu rock et du public. Opportunisme ou clin d’œil sympathique, le batteur-fondateur Mick Pointer monte en 2008 (date du 25e anniversaire de la sortie de Script for a Jester's Tear) le projet Script for a Jester's Tour[85], avec une série de concerts reprenant la totalité du répertoire du Marillion de 1983, avec Brian Cummings au micro (dont la ressemblance physique, vocale et scénique avec le Fish du début des années 1980 est évidente). Cette formation (qui intègre aussi des musiciens d'Arena ou Nick Barrett de Pendragon à la six-cordes) se produit depuis occasionnellement, essentiellement dans des festivals consacrés au rock progressif dans la tradition des Tributes. Le 9 septembre 2008, Marillion sort l'album Happiness is The Road, double album qui marque un retour à l'esprit conceptuel de Marbles, avec des sonorités très atmosphériques. Le groupe part en tournée européenne, avant de donner un concert sold-out à Paris à l'Olympia, le 16 février 2009. Le groupe refait appel à ses fans pour cet album dans une campagne de pré-commande via internet, non pas par réelle nécessité, mais plutôt car cela correspond désormais à une demande des fans qui veulent se sentir investis dans la préparation de l'album[86].

Un peu agacé par les références perpétuelles au Marillion des années 1980, le groupe édite essentiellement en direction de la presse une compilation téléchargeable gratuitement intitulée "Crash Course" (lit. "cours de rattrapage intensif") destinée à remettre les pendules à l'heure en faisant découvrir son nouveau matériel. Mark Kelly jugera plus tard cette campagne "un peu prétentieuse" et modifiera alors son message envers la presse musicale[87]. Ce sentiment d'incompréhension mutuelle entre Marillion et les journalistes n'est toutefois pas l'apanage des années 2000 : les fréquentes allusions à Genesis dans les années 1980 eurent également pour effet de nourrir un certain ressentiment du groupe envers la presse. Déjà en 1987, Fish déclarait "Nous ne sommes pas à la mode - nous sommes nous-mêmes et si vous voulez vraiment nous qualifier de quelque chose, alors vous n'avez qu'à dire que nous sommes Marillionesques"[88]. Le groupe n'a, au moins sur ce plan là, jamais changé de discours.

Le 2 octobre 2009, le groupe sort un album studio acoustique, L=M (pour Less is More), nouveau virage à 180° en s'éloignant du concept et des sonorités qui avaient fait son succès. Il s'agit d'une sélection de chansons des précédents albums, revisitées avec des instruments et des arrangements acoustiques. Cet album est toutefois globalement mal perçu par les fans, y compris les inconditionnels de la période Steve Hogarth[89]. Une tournée européenne a lieu à la fin de l'année 2009, acoustique également. Le 2 avril 2012, le groupe a officiellement lancé l'opération de précommande de son nouvel album, suivant une technique désormais bien rodée auprès de son following et parfaitement orchestrée sur le net.

Sounds That Can't Be Made : le retour aux fondamentaux, 2012.

Sounds That Can't Be Made sort en septembre 2012 et constitue le 17e album de Marillion. On apprendra rétrospectivement que la préparation de ce disque généra des tensions amenant le groupe au bord de la rupture définitive. Marillion entre en effet en studio au Portugal pour maquetter ses premières compositions, trop précocement par rapport à la maturation des idées musicales et du matériel disponible et dans un contexte de problèmes familiaux pour Steve Hogarth, entraînant de vives dissensions. Le groupe arrête alors le projet, part en tournée, notamment en support de Deep Purple, avant de se retrouver à Bath au studio Real Worlds de Peter Gabriel, dans une bien meilleure ambiance, ainsi qu'au Racket Club pour finaliser l'album. [90] Malgré une genèse tourmentée donc, le disque recueille dès sa sortie des critiques élogieuses, y compris auprès de la presse musicale grand public pourtant prompte par le passé à descendre le groupe, et même dans certains médias généralistes comme le Huffingtonpost, The Guardian voire en France Paris Match[91] - au-delà du contenu musical, c'est du reste souvent la constance de Marillion et sa capacité à survivre à toutes les modes qui sont désormais saluées unanimement[92]. Musicalement, Sounds That Can't Be Made revient à un certain formalisme stylistique qui était celui du groupe au début dans la première partie des années 1990 ("Season's End" et surtout Afraid of Sunlight, alors que les critiques établissent plutôt une filiation avec le "Marbles" de 2004), avec un album équilibré entre trois epics progressifs et plages plus concises et pop. Ce nouvel album est en cela représentatif des diverses facettes musicales du Marillion de l'ère Hogarth[93]. Le complexe "Gaza" en ouverture apparait comme le titre emblématique de cet album[94], même s'il est loin de faire l'unanimité chez certains fans, d'un point de vue musical[95] ou relativement aux paroles[96]. Le groupe sur cet album a par ailleurs fait un effort notable pour redynamiser sa musique, tournant le dos aux rythmes contemplatifs de leur dernières réalisations sous la houlette de Mickael Hunter. Une tournée européenne, incluant 6 dates en France, est planifiée pour 2012-2013 en support de ce nouvel album, ainsi qu'une tournée nord-américaine[97]. En septembre 2013, Marillion aux côtés de nominés tels Rush, Steven Wilson, Steve Hackett ou PFM se voit attribuer le titre du Groupe de l'Année aux Progressive Music Awards organisés par le magazine Classic Rock en partenariat avec divers supports culturels outre-manche tels Prog Mag [98]. Au Printemps 2014, Marillion embarque pour la croisière musicale "Cruise To The Edge" (Floride, Honduras, Mexique) regroupant une série d'artistes emblématiques du rock progressif des années 1970 et 1980 (Yes, Steve Hackett-Genesis Revisited, PFM, Saga, Queensrÿche, UK, Tangerine Dream...) avant d’enchaîner par une mini-tournée sud-américaine d'une dizaine de dates (Mexique, Brésil, Argentine, Chili). Marillion fait également une apparition remarquée le 12 Juillet 2014 au Festival d'Eté de Québec, dans une programmation éclectique mêlant Lady Gaga, Bryan Adams, Journey, SoundGarden ou encore Grand Corps Malade[99]. En 2015, le groupe se consacre uniquement à des apparitions scéniques ponctuelles (les désormais usuels Marillion Week End programmés cette année au Canada et Angleterre), et une nouvelle participation au projet "Cruise To The Edge" (Floride, Bahamas).

18ème album : Fuck Everyone and Run (F E A R)

Le 1er septembre 2015, Marillion lance le co-financement par la pré-commande de son 18e album studio, via le site de Financement participatif PlegdeMusic. Ce nouvel album sort 23 septembre 2016 - simplement connu depuis fin 2015 et jusqu'au mois d'avril 2016 sous le nom de code M-18 - et se nommera F E A R pour "F... Everyone And Run". Le nom de cet album sera le sujet d'un débat animé entre les fans concernant la signification de chaque initiale et notamment le "F", débat clos lorsque le groupe dévoila officiellement le titre étendu ("Fuck Everyone and Run (F E A R)"). F.E.A.R s'inscrit dans la lignée du précédent album, avec l'alternance de pièces d'essence très progressive délivrées sous forme de concept-songs et de morceaux plus court, une structuration déjà retrouvée sur Sounds That Can't Be Made. Ce choix paradoxalement en devient surprenant car Marillion avait habitué son public à ne jamais sortir deux albums semblables. La tonalité de "Fuck Everyone and Run (F E A R)", relativement sombre, se distingue par des textes résolument engagés politiquement, une tendance certes pas entièrement nouvelle chez Marillion (on pense au morceau "Gaza", titre que le groupe avait initialement décidé de ne pas inclure en 2012 de peur de voir son texte mal interprété, avant de changer d'avis sous la pression de Mike Hunter[100], ou encore à "Forgotten Songs", "Fugazi", "White Russians" ou "Season's End" déjà dans les années 80's), mais affirmée de façon moins métaphorique dans F.E.A.R. Une tournée mondiale d'une soixantaine de dates (Amérique du sud, Etats-Unis, Canada, Grande Bretagne, Pays-Bas, France et ailleurs en Europe ) se déroule de mai à décembre 2016 en support de ce nouvel album. Fort du succès de ce nouveau disque (F.E.A.R. rentre notamment dans le Top-10 des charts britanniques (7ème position), un rang que le groupe n'avait plus atteint depuis Brave en 1994), Marillion prolonge sa tournée sur 2017 (Allemagne,Suisse, Pays-Bas, Angleterre, France), étant invité dans divers festivals. Nouveau signe de leur lente mais certaine sortie de l'underground, Marillion est désormais cité comme groupe majeur par divers artistes, tel Tim Burness[101] ou, de façon plus inattendue, Metallica[102]. Le groupe est surtout de nouveau programmé dans des salles européennes prestigieuses d'une capacité que Marillion n'avait pas pu s'offrir depuis de nombreuses années, tel le Royal Albert Hall à Londres ou encore le Zénith à Paris, une scène que Marillion n'avait pas foulée depuis 1995 et la tournée Afraid of Sunlight. Au Royal Albert Hall, Marillion décide de se faire accompagner, sur une partie du set, par un quatuor à cordes, un corniste et une flûtiste (probable clin d’œil à cette salle mythique qui souvent permit à des groupes de rock de se faire accompagner de musiciens classiques, Deep Purple ayant initié cette tradition en 1969 avec le Royal Philarmonic Orchestra). C'est une telle réussite auprès du public que le groupe décide de re-inviter l'orchestre pour sa prestation parisienne. Ces concerts dans des salles emblématiques, tous deux rapidement sold-out, témoignent d'un réel retour de popularité pour Marillion, comme le confirme l'intérêt que ces apparitions ont déclenché dans la presse grand-public tel, en Grande-Bretagne, le quotidien Daily Express[103] ou en France l'émission Very Good Trip sur France-Inter[104].

Side Projects

Même si Marillion constitue leur occupation à temps-plein, les membres du groupe développent, de façon régulière, des projets musicaux propres. Ainsi, les groupes H-Band ou H Natural (Steve Hogarth), The Wishing Tree ou The Steve Rothery Band (Steve Rothery), Edison's Children et Transatlantic (Pete Trewavas), Dee Expus (Mark Kelly) ou encore Iris (Pete Trewavas, Ian Mosley) permettent aux musiciens de développer des projets dont la tonalité ne correspond pas nécessairement à l'identité musicale de Marillion. Le groupe avait un temps pensé à inclure certains de ces chansons satellites dans ses propres set-list (notamment "Your Dinausor Thing" sur la tournée This Strange Engine), avant d'abandonner l'idée, du fait de la difficulté de se mettre d'accord sur quel titre choisir et le risque de décevoir le public venu surtout écouter du Marillion[105].

Anecdotes

  • Durant les premières années, Marillion effectuait à chaque concert une présentation des musiciens. Fish nommait alors le nom de musiciens, ainsi que leurs villes d'origine, et chacun d'entre eux se lançaient alors dans un solo. On peut retrouver ces présentations sur la chanson Margaret ou l'album Real to Reel (1984).
  • Lors du concert du 18 avril 1982, à Balloch (Écosse), Fish et l'ingénieur du son ont interverti leur rôle.
  • Lors de la sortie de leur premier single Market Square Heroes en 1982, EMI contraint le groupe à enregistrer une version pour la radio dans laquelle la strophe itérative I am your ante-christ est remplacée par I am your battle priest, jugé moins choquant pour les oreilles de l'Église anglicane. De la même façon, le I'm fucking de Garden Party sera remplacé par le chaste I'm miming sur l'album Script for a Jester's Tear et sur le single correspondant.
  • Marillion a joué un record de 19 concerts au Marquee Club en 1982 (dont 3 concerts consécutifs les 28, 29 et 30 décembre) et le nom du groupe est désormais étroitement associé à ce club légendaire du centre de Londres qui a vu défiler toutes les étoiles montantes de la scène rock anglaise (Marillion y décroche une très convoitée Residency en juillet 1982, c'est-à-dire une programmation régulière un jour fixe de la semaine, moyen idéal, si le premier concert est bon, de faire venir de plus en plus de monde et de journalistes aux concerts suivants). C'est aux Marquee Studios que sera enregistré leur premier LP en 1983. Loin de se détourner du club une fois arrivé au sommet de sa popularité, Marillion alors en pleine gloire y retourne pour des apparitions exceptionnelles en 1985, 1987 et 1988, et y scénarise le single Incommunicado, tourné sur place en hommage au rôle qu'aura joué le Marquee Club dans l'essor du groupe sur la scène anglaise.
  • À l'occasion de leur désastreuse première tournée américaine en 1983, Marillion va jusqu'à se faire éjecter de la scène du club où le groupe se produisait, pour se faire remplacer par un concours de Miss T-Shirt mouillé - bon prince, le patron du club proposera aux musiciens dépités de siéger dans le jury « afin que leur soirée ne soit pas totalement foutue ». Seuls Fish et Andy Ward accepteront. Lors d'un autre concert où le public siffle le groupe durant la même tournée, Fish craque et insulte le public en gaélique. Ce dernier, stupéfait, laissera Marillion finir son concert dans le calme.
  • Lors de la fin de la tournée anglaise de Script for a Jester's Tear en 1983, Marillion teste sur scène un de ses plus célèbres epics, "Incubus", qui ne sortira que sur l'album suivant Fugazi. Le morceau connaît immédiatement un énorme succès live, malgré sa longue durée (9 minutes). Fish racontera sa surprise de voir que les plus mordus des fans suivent alors la tournée ville après ville pour apprendre en direct les paroles et pouvoir les chanter avec lui au concert suivant[réf. nécessaire].
  • C'est Fish qui jouait sur scène les percussions sur l'introduction d'Assassing lors du Fugazi Tour, jusqu'au jour où mystérieusement, les flight-cases ont été perdues entre deux concerts.
  • Programmé à l'édition 1985 du festival de Hard-Rock de Castle Donnington, Marillion entre sur scène sous une pluie de cannettes, le public étant principalement venu acclamer Metallica. Plutôt que de se formaliser, Fish prend la foule à contre-pied en expliquant qu'il collectionne justement les bouteilles, puis que sa mère lui a téléphoné d'Écosse pour lui interdire de jouer dans un festival de hard rock où se pratique sûrement la fornication et d'horribles beuveries. Fish sort alors un appareil-photo de sa poche et commence à mitrailler la foule, pour montrer à sa mère lorsqu’il rentrera en Écosse combien les fans de hard rock sont en fait des gens charmants. Le public, ravi, se prête au jeu, se retourne complètement en faveur du groupe et acclame alors Marillion, gratifié même d'un rappel en fin de set.
  • À l'occasion du Wembley Charity Gig d'avril 1987, Marillion est rejoint en fin de concert sur scène par une partie d'Iron Maiden (Bruce Dickinson, Nicko McBrain et Janick Gers) et interprète The Boys are Back in Town (Thin Lizzy), All the Young Dudes (David Bowie), et With a Little Help From My Friends (The Beatles), une prestation diffusée sur la radio BBC1. Marillion du reste a toujours intégré occasionnellement des reprises dans sa set-list, principalement sur certains rappels, comme I know what I like (Genesis) sur les premiers concerts de 1981 et 1982, She loves You (The Beatles), My Generation (The Who) et/ou Twist Again (Chubby Checker) insérés parfois dans Market Square Heroes sur les tournées 1986 et 1987, de School's Out (Alice Cooper) sur certains concerts de la tournée Season's end, ou de You've Got to Hide your love Away (The Beatles) sur le Made Again Tour...
  • Peu après le recrutement de Steve Hogarth sur bande puis à la suite d'une série d'auditions, les quatre Marillion réunis tombent sur la télévision anglaise sur un clip de The Europeans, l'ancien groupe de Steve Hogarth, dans lequel ce dernier évoluait déguisé en poulet. Consternation des musiciens qui se regardent épouvantés: « Merde, on a engagé un frappa-dingue! ».
  • Si officiellement, le premier concert de Marillion avec Steve Hogarth au micro a été donné en France au Palais des Sports de Besançon le 5 octobre 1989, première date mondiale du Season's End Tour, le groupe s'est produit le 8 juin 1989 au Crooked Billet, un pub de Stoke Row dans l'Oxfordshire, sous le pseudonyme improbable de The Low Fat Yogurts (les yaourts allégés, nom choisi par le producteur de Season's End Nick Davis et probable clin d’œil au régime drastique que suivait alors Steve Rothery, effectivement méconnaissable sur les photos). L'origine de ce concert impromptu reste mal cernée (Mark Kelly un soir de cuite se serait engagé devant le patron à y jouer, ou l'ensemble du groupe aurait voulu faire plaisir à une jolie serveuse australienne, selon les versions)[106]. Quoi qu'il en soit, plus de 150 fans ont eu vent du projet et se sont entassés - littéralement - jusqu'au plafond pour assister aux premiers pas de Steve Hogarth sur scène. Le groupe joue ce soir-là Slainte Mhath / King of Sunset Town / Warm Wet Circles / That Time of the Night / Uninvited Guest / Easter / Kayleigh / Lavender / Hooks in You / After Me, et incapable de quitter la scène en fin de set du fait de l'affluence, sort par une fenêtre pour échapper à l'émeute.
  • Lorsqu'ils ne s'appellent pas les Low Fat Yogurts, Marillion peut donner des concerts sous d'autres noms comme les Skyline Drifters (référence à un de leurs premiers morceaux, jamais sorti autrement qu'en K7 démo), Lufthansa Airport Terminal ou encore plus récemment Los Tres Marillios lorsque le groupe évolue sous une formule réduite. À noter qu'un cover-band de Marillion tourne également au Royaume-Uni sous le nom de Skyline Drifters (Marillion pour sa part a cessé d'utiliser ce pseudonyme en mai 1983 lors d'un concert donné incognito au Marquee Club à Londres).
  • À Lille le 2 avril 1990, dernier concert français de la tournée Seasons's End, Steve Rothery rejoint sur scène le groupe français assurant la première partie, Arrakeen, aujourd'hui dissout, pour jouer le solo de la chanson Folle Marie. Cette chanson se retrouve sur le premier album d'Arrakeen, Patchwork, sorti en 1991 sur le label MSI. Steve Rothery et Mark Kelly remettent ça en 1991 lors d'un concert d'Arrakeen à Paris au Théâtre Dunois, le groupe reprenant Market Square Heroes en dernier rappel. Plus tard, Peter Trewavas et Ian Mosley assurent la section rythmique du premier album solo du guitariste Sylvain Gouvernaire, Crossing the Desert enregistré en 1995 au Racket Club, le studio de Marillion.
  • Lors de la tournée française d’Afraid of Sunlight, Barbara Lezmy, actuellement chanteuse de Guma Guma, apparaît sur la scène du Zénith de Paris. À l'époque, chanteuse d'Arkham, le groupe, aujourd'hui dissout, fait la première partie de Marillion, à la Cigale à Paris. Barbara Lezmy avait, au préalable, participé à l'album Afraid Of Sunlight pour la partie parlée entre Cannibal Surf Babe et Beautiful. Elle avait été repérée par Marillion lors d'une convention du fan-club français Blue Angel à Paris pour laquelle Arkham avait joué, ce qui avait fait dire à Mark Kelly à l'issue de ce concert que sa présence scénique et son charisme « lui rappelait Fish à ses débuts ».
  • Le 26 août 2007 à Aleysbury (Angleterre) à l'occasion du festival Hobble on the Cobbles, Fish invite lors du dernier rappel et à la surprise générale, les musiciens de Marillion (à l'exception de Steve Hogarth) à le rejoindre, pour une reprise de Market Square Heroes, pour la première fois depuis presque 20 ans[107].
  • Steve Rothery et Diz Minnitt se sont retrouvés sur scène au Granmarstonbury Festival de North Marston dans le Buckinghamshire le 17 septembre 2011, 29 ans après le départ de Diz de Marillion, sur le projet The GranMarstonberries (un groupe de reprises, pour l'essentiel) - projet auquel collaborent également pour les vocaux féminins Jennifer Rothery, la fille de Steve, Jo sa femme, et Lisie Minnitt, la fille de Diz[108]. La totalité du concert est consultable sur YouTube.

Discographie

Albums studio

  • 1983 – Script for a Jester's Tear
  • 1984 – Fugazi
  • 1985 – Misplaced Childhood
  • 1987 – Clutching at Straws
  • 1989 – Seasons End
  • 1991 – Holidays in Eden
  • 1992 - Six of one, Half Dozen of the Other
  • 1994 – Brave
  • 1995 – Afraid of Sunlight
  • 1997 – This Strange Engine
  • 1998 – Radiat10n
  • 1999 – Marillion.com
  • 2001 – Anoraknophobia
  • 2004 – Marbles
  • 2007 – Somewhere Else
  • 2008 – Happiness Is The Road
  • 2009 – Less Is More (acoustique)
  • 2012 – Sounds That Can't Be Made
  • 2016 – Fuck Everyone and Run (F E A R)

Albums live

  • 1984 – Real To Reel
  • 1986 – Brief Encounter
  • 1988 – The Thieving Magpie
  • 1996 – Made Again
  • 1998 – Unplugged at the Walls
  • 1999 – Zodiac
  • 2002 – Anorak in the UK
  • 2005 – Marbles Live
  • 2008 – The Early Stages 1982-1987
  • 2009 – The Recital of The Script (réédition CD)
  • 2009 – Live from Loreley (réédition CD)
  • 2010 – At High Voltage (Concert enregistré le 25/07/2010 au High Voltage Festival de Londres)
  • 2011 – Live from Cadogan Hall
  • 2013 – A Sunday Night Above The Rain
  • 2013 – Brave Live 2013

Compilations

  • 1983 – Forgotten Songs - Early Demos 80/82 (Bootleg des premières compositions du groupe)
  • 1986 – Brief Encounter
  • 1988 – B-Sides Themselves
  • 1992 – A Singles Collection
  • 1993 – Marillion Music Collection
  • 1996 – Essential Collection
  • 1996 – Kayleigh
  • 1997 – The Best of Both Worlds
  • 1998 – Kayleigh: The Essential Collection
  • 2000 – The Singles '82-88'
  • 2002 – The Singles '89-95'
  • 2003 – The Best of Marillion
  • 2003 – Warm Wet Circles

Singles

  • 1982 – Market Square Heroes
  • 1983 – He Knows You Know
  • 1983 – Garden Party
  • 1984 – Punch And Judy
  • 1984 – Assassing
  • 1985 – Kayleigh
  • 1985 – Lavender
  • 1985 – Heart Of Lothian
  • 1985 – Lady Nina
  • 1985 – Garden Party [Live]
  • 1987 – Incommunicado
  • 1987 – Sugar Mice
  • 1987 – Warm Wet Circles
  • 1988 – Freaks [Live]
  • 1989 – Hooks In You
  • 1989 – The Uninvited Guest
  • 1990 – Easter
  • 1991 – Cover My Eyes (Pain & Heaven)
  • 1991 – No One Can
  • 1991 – Dry Land
  • 1992 – Sympathy
  • 1993 – No One Can (réédition)
  • 1994 – The Great Escape
  • 1994 – The Hollow Man
  • 1994 – Alone Again In The Lap Of Luxury
  • 1995 – Beautiful
  • 1997 – Man Of A Thousand Faces
  • 1997 – Eighty Days
  • 1998 – These Chains
  • 2001 – Between You & Me / Map Of The World
  • 2004 – You're Gone
  • 2004 – Don't Hurt Yourself
  • 2004 – The Damage [Live]
  • 2007 – See It Like A Baby
  • 2007 – Thank You Whoever You Are / Most Toys

Vidéographie

  • 1983 – The Recital Of The Script
  • 1987 – Live From Loreley
  • 1990 – From Stoke Row to Ipanema
  • 1999 – The Emi Single Collection
  • 1999 – Shot In The Dark
  • 1994 – Brave (film)
  • 2002 – Brave Live 2002
  • 2003 – Before First Light
  • 2003 – Wish You Were Here
  • 2004 – Marbles On The Road
  • 2005 – Bootleg Bultins
  • 2009 – This Strange Convention
  • 2010 – Out of Season
  • 2011 – Live From Cadogan Hall (Less Is More Live)
  • 2013 – A Sunday Night Above The Rain
  • 2013 – Brave Live 2013

Notes et références

Notes

  1. Le Silmarillion, rédigé en 1916-1917 par J. R. R. Tolkien mais publié en 1977, retrace la genèse de la Terre du Milieu, où se situera par la suite l'action du Seigneur des anneaux. L'immense succès, à la fin des années 70's et au début des années 80's des œuvres de Tolkien a peut-être contribué à la décision du groupe en 1981 de raccourcir son nom en Marillion, afin de ne pas s'exposer à un problème de Copyright.
  2. Des documents sonores issus de l'année 1980 sont facilement accessibles sur le net via You Tube : les titres Alice (qui deviendra à l'arrivée de Fish Snow Angel puis Forgotten Sons dans sa forme définitive) et Close (qui deviendra The Web) sur lesquels on entend chanter encore Doug Irvine, puis en 1981 Lady Fantasy, Time for Sale ou Madcap's Embrasse (enregistrés lors de répétitions avec Fish au pub le Red Lion) témoignent des débuts de Marillion, malgré une qualité sonore parfois très approximative.
  3. Parmi les nombreux emplois occupés par Fish, on citera pompiste, clerc de notaire, travailleur à l'office des Eaux et Forêts, ou encore jardinier. Le mythe du « bûcheron écossais » semble donc fictif. C'est en revanche comme employé dans un bureau accueillant les chômeurs que Fish conceptualisera les paroles de Forgotten Sons, devant la liste des jeunes demandeurs d'emploi s'engageant dans l'armée britannique pour être affectés en Irlande du Nord. Dès la fin des années 1970, Fish passera sans succès de nombreuses auditions comme chanteur auprès de divers groupes (Not Quite Red Fox, Blewitt, Stranger, Stone Dome Band) avant d'être finalement recruté par Marillion.
  4. L'enregistrement pirate "Bath, Moles Club 1982" est le live pirate de référence de cette période, en raison de sa relative bonne qualité sonore. On y entend notamment Fish plaisanter en introduisant chaque titre par une vanne "this next song is from our 15th album", "Has anybody heard this song during our previous world tour? No? Yes, one person in the back maybe" devant une audience plus que clairsemée. La plupart de la set-list du Saliva Tears Tour se retrouvera sur le 33T Script For A Jester's Tears l'année suivante, avec de bien meilleurs arrangements et un groupe bien plus en place, Marillion étant assez méconnaissable et encore approximatif début 1982. À noter que le Front-Row Club éditera, 8 ans plus tard, un CD live "Bath Moles Club" enregistré durant la tournée Season's End avec Steve Hogarth au chant. Une partie du concert donné au Mayfair de Glasgow en septembre 1982 et enregistré pour une radio locale est également disponible sur le coffret "Early stages - The official bootleg box set 1982-1987" édité par E.M.I. en 2008. On y entend notamment Fish annoncer la signature avec E.M.I. et la sortie imminente de Market Square Heroes en premier single du groupe, qu'il demande au public d'aller acheter "afin d'aider Steve Rothery à se payer une nouvelle paire de pantalons".
  5. Marillion était alors en contact avec deux maisons de disque concurrentes: Charisma, la label historique de Genesis avec Tony Stratton Smith, et E.M.I. Mais alors que Charisma ne proposait au groupe qu'un contrat pour deux singles, E.M.I. s'engageait à plus long terme pour la réalisation de véritables albums, raison pour laquelle le choix définitif s'est porté sur cette dernière compagnie. David Stopps, le manager de Marillion à l'époque, n'osa même pas faire écouter à E.M.I. les démos que le groupe avait enregistrées en vue de la signature finale du contrat, tellement il trouvait le résultat catastrophique. Il invita alors plutôt le staff d'E.M.I. à un concert au Marquee, et de l’aveu même de Mark Kelly, c'est plus les réactions du public et l'engouement des fans que la musique elle-même qui persuadèrent E.M.I de signer Marillion fin 1982, après que le groupe se soit produit sur plus de 200 concerts. Marillion n'aura de cesse, par la suite, de dénoncer les conditions contractuelles qui le liaient à E.M.I., particulièrement désavantageuses en termes de royalties.
  6. Marillion rendra hommage à ces deux magazines qui ont tant contribué à assoir sa jeune renommée en Grande-Bretagne en 1982 par un clin d'œil appuyé sur la pochette de leur premier album "Script For a Jester's Tear": deux exemplaires de Kerrang! et Sounds sont posés sur le lit du Jester.
  7. Marillion décrochera en tout 7 couvertures de Kerrang!, outre celle de 1982 (no 28): Juin 85 (no 95), Juin 86 (no 123), Décembre 86 (no 136), Janvier 87 (no 138), Novembre 88 (no 215) et Septembre 89 (no 257), un record pour un groupe n’appartenant pas au monde du heavy-metal.
  8. On peut notamment retrouver une première version live de Misplaced Childhood sur l'enregistrement tiré du concert à l'Hammersmith Odeon de Londres en décembre 1984 repris dans le coffret Early stages - The Official Bootleg Box Set 1982-1987 (E.M.I., 2008)
  9. Une pré-version de Assassing est notamment à découvrir sur le coffret Early Stages - The Official Bootleg Box Set 1982-1987 (E.M.I., 2008) lors de l'enregistrement du concert du Reading Festival d'août 1983 -
  10. Marillion aurait en fait donné un concert improvisé le 7 avril 1984 dans un club de Bourges. Initialement programmé au Printemps de Bourges en ouverture de Nina Hagen, le groupe refuse finalement d'y jouer en raison d'un conflit avec le staff de la chanteuse allemande relatif aux temps alloués pour les balances. Toutefois, la set-list ou même la tenue réelle de ce concert demeurent aujourd'hui encore incertaines-
  11. Real To Reel se placera en 8° position à l'UK chart albums en 1984 (il y restera 22 semaines consécutives) et se verra décerner un disque d'or, fait rarissime pour ce type de format peu commercial (mini-album live). À l'époque, la version K.7. se verra agrémentée d'un bonus-track ("Emerald Lies") absente sur le vinyle, et une édition japonaise comprend en plus "Margaret" et "Charting the Single".-
  12. Un documentaire de 7 minutes de la télévision britannique relatif à la logistique déplacée par Marillion est visible sur You tube - reprenant en partie des extraits de concerts à Annecy et Paris Zenith (Tournée Clutching Eté 1987): https://www.youtube.com/watch?v=xLJij-0fRjY
  13. Marillion sera notamment élu « Espoir 1984 » par les lecteurs de Best.
  14. Une page Facebook est d'ailleurs consacrée à ce seul évènement et fédère les fans ayant assisté à ce concert : Welcome to the Garden Party - Milton Keynes Bowl, 1986. I was there!
  15. Fish sera interviewé par Channel 4 (le TF1 anglais) en 1988 peu de temps après son départ de Marillion, et reviendra longuement sur ses problèmes de perte de voix. La totalité des 40 minutes d'interview sont accessibles sur YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=toGLJe9dpjo
  16. Fish aura cette épitaphe terrible à propos de ce dernier concert : « Notre dernier show fut un remarquable désastre appelé Fife Aid. Ce ne fut jamais le Live Aid écossais annoncé, et la couverture mondiale de l’événement a disparu au fur et à mesure que la pluie et le brouillard se levaient(...). Notre concert fut poussif et plein de rancœur, et l'après-show à l’hôtel était une marmite de haine, tout le monde me blâmant pour avoir eu l'idée de venir jouer ici. »[34]. Le Fife Aid fut en effet un fiasco total avec deux fois moins de spectateurs que prévu sous des conditions météo désastreuses, malgré une affiche de qualité: Marillion, Rick Wakeman, Björk... Loin de générer les fonds attendus, les organisateurs perdirent 170 000 £ dans l'opération, une véritable fortune pour l'époque.
  17. la dernière set-list historique est donc : Slàinte Mhath, Assassing, White Russian, Sugar Mice, Fugazi, Warm Wet Circles, Waterhole (Expresso Bongo),Lords of the Backstage, Blind Curve, Childhood's End?, White Feather, Kayleigh-Lavender, Heart of Lothian puis Incommunicado, Garden Party et Market Square Heroes en rappel - Marillion jouait en effet la face A de Misplaced sur les concerts du Clutching at Straws Tour 1987, et rajoutait la face B sur les concerts du C.A.S Tour '88[35].
  18. Extraits du Communiqué de Presse de E.M.I. daté du 15.09.1988 : « It is with regret that Marillion announce a change in their line-up. It has been mutually aggreed by all the five members that Fish leave the band. During the process of writing the new album, it became apparent that differences, both musically and lyrically, between Fish and the rest of the band were irreconciliable. Says keyboard player Mark Kelly "Marillion has always worked as a democratic unit and will continue to do so. We're currently working on our new studio album and as soon as we find a suitable vocalist, we'll be recording and planning live dates […]. Fish's contribution to Marillion has been inevaluable […] and [we] all wish the best of luck for his solo-career". Fish commented "I've had a 7 brillant years with Marillion, however, recently the musical directions of the band have diversified to such extent I realized the time came to embark to a solo-career. […] I still hold a great deal of respect for Marillion and I want to thank them for giving me the opportunity for having reached this point in my career. ». La fin du communiqué est une publicité déguisée annonçant la sortie imminente du double-live : « Final words from Steve Rothery, “As a gesture and a big thank you to all our fans who’ve given us such incredible support so far, we’re planning a live double album encapsulating Marillion’s 7 year carreer to date and we are hoping to see this released during November [1988]”. »
  19. Le choix de Dalnaglar est en fait imputable non pas à E.M.I. ou même à John Arnisson mais bien à Rob the Pict, un activiste nationaliste écossais devenu nouvellement grand ami de Fish. Outre ce choix peu judicieux du lieu pour les sessions d'écriture et d'enregistrement, cette relation aura une répercussion sur la tonalité des nouveaux textes de Fish, désormais plus connotés politiquement, ce qui créera de nouvelles sources de divergence au sein de Marillion. Les dernières journées se passeront ainsi avec Fish et l'équipe technique vivant enfermés dans une aile du château, et les quatre autres musiciens dans une autre, le groupe ne se retrouvant dans une salle commune que pour enregistrer les premières maquettes dans une ambiance tendue.
  20. "So if you ask me/How do I fell inside/I could honestly tell you/We've been taken on a very long ride/And if my owners let me/Have some free time some day/With all good intention/I would probably run away (...)So if you ask me/Where do I go from here/My next destination/Even isn't really that clear/So if you join me/And get on your knees and prey/I'll show you salvation/We'll take the alternative way". Traduction libre: "Et si tu me demandes/ce que je ressens au fond de moi/Je pourrais te dire honnêtement/Qu'on s'est embarqué sur une très longue route/Et si les gens qui me gouvernent/Me laissent un peu de temps libre un jour/En toute bonne foi/Je m’enfuirais probablement(...)Alors si tu me demandes/Où est-ce que je vais maintenant/Ce n'est pas encore tout à fait clair/Alors si tu veux te joindre à moi/Agenouille toi et prie/Et je te montrerai le salut/On prendra un autre chemin". Difficile d'être plus explicite!
  21. La pochette du double-live a notamment été élue parmi les « worst album covers ever » (lit. "pire pochette de tous les temps") par le site Virgin-media
  22. Une autre version serait que "La Pie Voleuse" désignerait Fish quittant Marillion après s'être fait une renommée, mais elle n'a jamais été confirmée.
  23. C'est également via le Melody Maker que Marillion recruta Ian Mosley en 1984.
  24. Blue Angel finira par cesser d'exister à la fin des années 1990 et sera remplacé par This French Engine puis TheWebFrance, l'antenne francophone du fan-club officiel du groupe. Un autre fan-club français indépendant, Anoraks, existe également sur la toile
  25. Quand bien même il ne faut pas exagérer la portée du symbolisme intellectuel dans le succès de Marillion, passer de rimes sublimes telles « The tell tale tocking of the last cigarette/Marking time in the packet as the whisky sweat/Lies like discarded armour on an unmade bed/And a familiar craving is crawling in his head » (Hotel Hobbies) ou « So if you want my address it's number one at the end of the bar/Where I sit with the broken angels clutching at straws and nursing our scars » (Sugar Mice) à « Cover my eyes/The light falls on her face/Dangerous lines/Dangerous colours & shapes/Ferocious designs » (Cover my Eyes) a laissé plus d'un fan perplexe.
  26. Dans les années 1980, la police avait retrouvé sur le Severn Bridge, un immense pont autoroutier sur la M4 entre Bristol et Cardiff (Pays de Galles) une jeune fille d'environ vingt ans, perdue et apparemment amnésique.
  27. De façon tout à fait involontaire mais étrangement prémonitoire, Marillion appela son premier fan-club officiel "The Web" en 1982, double référence à l'un des titres emblématiques du groupe à cette époque et au réseau (toile) de fans qu'il entendait ainsi fédérer.
  28. Le group King Crimson avait en fait initié cette pratique, bien avant Marillion.
  29. Marillion placera entre 1983 et 1994 tous ses albums dans le Top-10 des ventes anglaises, de Script For a Jester's Tears à Brave, décrochant des certifications "Gold" (100 000 exemplaires) ou "Platinum" (300 000 exemplaires) pour la plupart d'entre eux. Afraid of Sunlight en 1995 est le premier disque de Marillion à ne pas atteindre le Top-10 (16° position), et les albums suivants plafonneront entre la 24° et la 53° position, certains d'entre eux (Anorakophobia, Marbles, Happiness is The road) n'entrant même jamais au classement des ventes en Grande-Bretagne. Au-delà des chiffres de vente, la présence dans les charts en termes de durée s'effondre également: si Misplaced reste classé 41 semaines consécutives, tous les albums consécutifs à Brave ne resteront qu'une à deux semaines au maximum avant de disparaitre purement et simplement des classements. Cela illustre le fait qu'après le pic de vente correspondant à la sortie de l'album et son achat immédiat par les fans déjà existants, Marillion peine à élargir son public et conquérir de nouveaux fans dans la durée. De façon notable, l'album F.E.A.R. atteindra en 2017 la 7ème place des charts anglais pendant 2 semaines, une entrée dans le Top-10 que le groupe n'avait connu depuis 1994. F.E.A.R. re-apparaitra dans les charts britanniques de façon épisodique sur 2017.
  30. Dans une longue interview donnée en 2009 à l'émission néerlandaise FaceCulture, Mark Kelly racontera comment la fin des années 1990 a constitué le "crunch point", ou point de rupture, pour Marillion. Les revenus financiers des membres du groupe s'écroulent, la formation perd alors des dizaines de milliers de livres sur chacune de ses tournées et leur manager John Arnisson les convoque pour leur conseiller de se trouver une activité en dehors de Marillion afin d'assurer leur fin de mois. Le groupe décide alors de virer son manager, d'arrêter sa collaboration avec Castle Records (jugé incapable de promouvoir correctement le groupe car ne disposant pas de la force de frappe d'E.M.I.) pour se lancer dans l'autoproduction, et de supprimer tous les intermédiaires afin de monter une affaire totalement autonome. Mark Kelly explique que si Marillion génère par la suite beaucoup moins d'argent que par le passé, les musiciens sont paradoxalement beaucoup plus rémunérés, en raison de la suppression de tous les intermédiaires (managers, tourneurs, tour-managers, responsables des maisons de disques, attachés de presse, etc.) qui prélevaient leur pourcentage au passage sur chacune des activités du groupe. La totalité des 40 minutes d'entretien avec Mark Kelly est disponible de façon segmentée sur YouTube.

Références

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Annexes

Bibliographie

  • (en) Mick Wall, Market Square Heroes - The Authorized Biography of Marillion, Sidgwick & Jackson, 1987
  • Jacqueline Chekroun, Marillion, l'ère du Poisson, Cagnes-sur-Mer, JC éditions, 1994
    Seul livre en français sur la période Marillion-Fish ; analyse de la symbolique et de la portée spirituelle du groupe. Collector, derniers exemplaires. Édition en ligne à paraître. 2e tome (période Hogarth) en préparation
  • Jérôme Alberola, Anthologie du rock progressif : Voyages en ailleurs, Camion Blanc, 2010, 814 p. (ISBN 2-357790-73-3) Le chapitre central y est consacré à Marillion et à son importance majeure dans l'histoire du genre musical. Il est suivi par l'analyse de tous ses albums.
  • Anne-Aurore Inquimbert, Marillion. L'ère Hogarth, Camion Blanc, 2014, 222 pages.

Articles connexes

  • Fish
  • Rock néo-progressif
  • Rock progressif
  • Steve Hogarth

Liens externes

Dernière modification de cette page 12.11.2017 06:22:27

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