Ignacy Jan Paderewski

Ignacy Jan Paderewski - © Wikipedia (gemeinfrei)

Date de naissance 6.11.1860 à Kurylówka, Pologne

Date de décès 29.6.1941 à New York City, Etats-Unis d Amérique

Ignacy Paderewski

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Ignacy Jan Paderewski, ou Ignace Paderewski, né le 6 novembre 1860 (18 novembre 1860 dans le calendrier grégorien) à Kuryłówka en Podolie (actuelle Ukraine) et mort le 29 juin 1941 à New York, est un pianiste, compositeur, homme d'État et diplomate polonais.

Biographie

Origines familiales et formation

Ignacy Paderewski est issu d'une famille de petite noblesse polonaise, la Podolie étant une province anciennement polonaise alors partie de l'Empire russe. Il a toujours été très proche de sa sœur, Antonina, plus âgée de deux ans ; devenue veuve et ayant perdu son fils unique, elle viendra s'installer avec lui et l'accompagnera lors de son dernier séjour « patriotique » aux États-Unis en 1940-1941 ; elle mourra trois mois après lui.

Sa mère meurt alors qu'il est encore nourrisson. Ignacy Paderewski est élevé par son père, qui est administrateur foncier, et reconnaît très tôt les talents musicaux de son fils.

Ignacy entre au conservatoire de Varsovie à l'âge de douze ans ; au départ, il envisage une carrière de professeur de musique et ne fait pas preuve à cette époque d'une virtuosité particulière. Il obtient son diplôme en 1879.

En 1880, à l'âge de vingt ans, il se marie avec Antonina Korsak. Elle meurt en octobre 1881, quelques jours après la naissance de leur fils Alfred, né infirme, qui mourra en 1901.

Carrière musicale (1881-1914)

Ces malheurs familiaux conduisent Paderewski à se jeter sur le travail pour noyer son chagrin. C'est ainsi qu'il fait deux séjours à Berlin, en 1881 et 1883, au cours desquels il étudie l'art de la composition musicale et croise notamment Richard Strauss, puis à Vienne, en 1883, où il est l'élève de Theodor Leschetizki.

Après une année passée à Strasbourg (alors en Allemagne) comme professeur de musique au conservatoire, en 1885-1886, il entame une carrière de pianiste de concert, en se produisant pour la première fois en public à Vienne en 1887, puis à Paris en 1888. Lors d'un concert à la salle Érard auquel assiste notamment Tchaïkovsky, il est rappelé sur scène une heure durant. Il se produit également à Londres en 1890. Sa virtuosité provoque un certain engouement du public, qui lui fait une série de triomphes au cours d'une centaine de récitals aux États-Unis en 1891.

En 1897, il achète en Suisse une splendide demeure, de « Riond-Bosson », située à proximité de Morges, dans laquelle il séjourne entre ses tournées de concertiste. Le 31 mai 1899, il épouse Helena Górska, baronne de Rosen, veuve elle aussi, qui va se consacrer pleinement à son rôle de maîtresse de maison et contribuer activement à la réussite de nombreuses réceptions, où est invitée la fine fleur des milieux artistiques. La propriété est également un lieu de séjour pour divers artistes, parmi lesquels Igor Stravinsky. Parallèlement, la baronne œuvre discrètement dans le domaine social, créant par exemple une école d'aviculture pour jeunes filles polonaises. La seconde épouse de Paderewski cesse ses activités publiques en 1929, sa santé mentale s'étant dégradée, et meurt en 1934.

Après son remariage, Paderewski raréfie ses apparitions publiques, préférant se consacrer à la composition musicale, essentiellement des pièces pour piano. Il compose également un opéra, Manru, qui est joué à Dresde le 29 mai 1901.

En 1913, il achète également un ranch viticole de 2 000 acres (8 km2) appelé San Ignacio, à Paso Robles (Californie), dans lequel il imaginait initialement séjourner pour « se reposer », mais auquel il consacre suffisamment d'efforts et de moyens pour obtenir une récompense lors d'une manifestation viticole californienne au début des années 1920.

L'engagement patriotique (1910-1922)

Son engagement pour la cause d'une Pologne libre et démocratique commence à se manifester en 1910. Il fait d'abord deux dons importants pour la construction d'une salle de concert à Varsovie et l'érection d'un monument à Frédéric Chopin pour le centenaire de sa naissance, puis une autre contribution financière importante pour l'érection d'une statue du roi Ladislas II Jagellon, pour le cinquième centenaire de la bataille de Tannenberg au cours de laquelle le roi avait remporté une victoire décisive sur les chevaliers teutoniques.

La Première Guerre mondiale

En 1914, dès le début de la guerre, il fonde à Vevey, avec Henryk Sienkiewicz et Henri Kowalski, un « Comité central de secours pour les victimes de guerre en Pologne » ; il en assure la vice-présidence durant la première année, puis devient son représentant aux États-Unis, jusqu'à l'indépendance de la Pologne. En janvier 1917, il rencontre le président Woodrow Wilson et lui remet un mémoire sur la Pologne, dans lequel il plaide pour une Pologne libre et démocratique, mais aussi viable par la libre disposition d'un large accès à la mer Baltique. Le président américain, dans son discours du 8 janvier 1918, prononcé devant le Congrès, inclut l'indépendance de la Pologne parmi ses Quatorze Points : « Un État polonais indépendant devra être constitué, qui inclura les territoires habités de populations indiscutablement polonaises, [État] auquel devra être assuré un accès libre et sûr à la mer, et dont l'indépendance politique et économique et l'intégrité territoriale devraient être garanties par engagement international[1]. »

À partir de 1917, Paderewski assure les fonctions de représentant aux États-Unis du Comité national polonais (gouvernement provisoire en exil siégeant à Paris) et participe à l'organisation et de coordination de bataillons de volontaires polonais envoyés au combat sur le front français.

À la fin de la Première Guerre mondiale, Paderewski se rend en Pologne alors que le sort de la ville de Poznań et de toute la région de Grande-Pologne reste encore incertain ; le 27 décembre 1918, il harangue la foule avec une telle conviction que cela provoque un soulèvement populaire contre l'Allemagne, dont l'armée occupe toujours la région.

L'après-guerre

En janvier 1919, il devient Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Pologne recréée, fonctions qu'il occupe jusqu'en décembre. À ce titre, il est le chef des délégations polonaises qui signent le traité de Versailles le 28 juin 1919 et celui de Saint-Germain-en-Laye le 10 septembre.

Ayant quitté le gouvernement, il rend encore de nombreux services comme diplomate au service de la Pologne, par exemple dans diverses conférences internationales, de juillet à décembre 1920, et, de septembre 1920 à mai 1921, comme chef de la délégation polonaise auprès de la Société des Nations.

Les années 1920 et 1930

Il reprend son activité de pianiste au cours de l'année 1922 et effectue un certain nombre de tournées internationales jusqu'au milieu des années 1930. Il participe également au film Moonlight Sonata, sorti en 1937, où il interprète son propre rôle.

Les menaces de guerre se précisant en Europe, il fonde en 1936 un mouvement politique appelé le « Front Morges » dans le but de consolider les opposants au durcissement du régime politique en Pologne advenu après le décès du maréchal Piłsudski (1926-1935).

La Seconde Guerre mondiale

En septembre 1939, l'attaque allemande contre la Pologne marque le début de la guerre ; vaincue, la Pologne est partagée entre Allemagne et l'Union soviétique. En décembre, Paderewski prend la tête d'un Conseil national polonais en exil, fonction qu'il occupe jusqu'à sa mort.

Le 23 septembre 1940, il quitte la Suisse pour aller s'établir aux États-Unis et y reprendre, malgré son âge avancé et une santé fragile, ses activités de diplomate et d'orateur ; il s'efforce de galvaniser la résistance extérieure par une série de conférences à travers les États-Unis ; épuisé, il contracte une pneumonie, dont il meurt le 29 juin 1941 à New York, une semaine après son dernier discours prononcé à Oak Ridge (New Jersey).

Il a reposé pendant cinquante-un ans au cimetière d'Arlington, avant que sa dépouille ne soit solennellement transférée, le 5 juillet 1992, en la cathédrale Saint-Jean de Varsovie, où ses restes furent inhumés au cours de funérailles nationales, en présence des présidents américain, George Bush, et polonais, Lech Wałęsa.

Distinctions

  • Pologne : Ordre de l'Aigle blanc, Croix d'argent de l'Ordre militaire de Virtuti Militari, Grand-croix de l'Ordre Polonia Restituta,
  • France : Grand-croix de la Légion d'honneur
  • Royaume-Uni : Chevalier grand-croix de l'ordre de l'Empire britannique
  • Italie : Grand-croix de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare
  • Belgique : Grand cordon de l'ordre de Léopold
  • Roumanie : Ordre de la Couronne roumaine

Honneurs

Docteur honoris causa de :

  • l'université de Lwów (1912)
  • l'Université jagellonne de Cracovie (1919)[2]
  • l'Université de Poznań (1924)
  • plusieurs universités des États-Unis (Yale, New Haven, Columbia, New York, Southern California, Los Angeles)
  • Universités du Royaume-Uni (Oxford, Glasgow, Cambridge)
  • l'Université de Lausanne

Hommages

Portent son nom, notamment :

  • la Philharmonie poméranienne à Bydgoszcz en Pologne
  • l'aéroport Ignacy Jan Paderewski de Bydgoszcz
  • la salle de concert Paderewski à Lausanne en Suisse.

Il est évoqué dans le 154e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens.

Hommage à Paderewski est le nom d'un recueil de pièces pour piano de 17 compositeurs, publié en 1942.

Le personnage interprété par Warren Beatty dans le film Mickey One (1965) d'Arthur Penn porte un toast au « Président Paderewski ».

Le poète Émile Nelligan a écrit un poème Pour Ignace Paderewski, en son honneur.

Discographie

  • Concerto op. 17 ; Fantaisie Polonaise op. 19, pour piano et orchestre - Radziwonowicz et Smendzianka, pianos ; Orchestre Philharmonique de Cracovie, dir. Roland Bader (1991, Koch)
  • Symphonie op. 24 « Polonia » - BBC Scottish Symphony Orchestra, dir. Jerzy Maksymiuk (1998, Hyperion)
  • Manru, drame lyrique en 3 actes, de 1901 - Solistes, Chœurs et Orchestre de l'Opéra Nova de Bydgoszcz, dir. Maciej Figas (2006, 2 CD Dux)
  • Concerto pour piano et orchestre op. 17 (+ Concerto de Moszkowski, op. 59) - Piers Lane, piano ; BBC Scottish Symphony Orchestra, Jerzy Maksymiuk (1991, Coll. « Le Concerto romantique pour piano » vol. 1, Hyperion)
  • Concerto pour piano et orchestre op. 17 ; Fantaisie polonaise sur des thèmes originaux, op. 19 ; Ouverture - Janina Fialkowska, piano ; National Polish Radio Symphony Orchestra, dir. Antoni Wit (1999, Naxos)
  • Sonate pour piano, op. 21 ; Variations et fugue sur un thème original, op. 11 et op. 23 - Jonathan Plowright, piano (2007, Hyperion)

Bibliographie

  • A. Nossig, I.J. Paderewski Leipzig, 1901
  • I. J. Paderewski, [Discours sur] Chopin. Traduit par Paul Cazin. Plaquette éditée à Varsovie en 1926 par la revue Muzyka.
  • Henryk Opieński, I. J. Paderewski. Esquisse de sa vie et de son œuvre, Lausanne, Éditions SPES, 1928 (2e édition : 1948)
  • C.J.M. Phillips, Paderewski. The Story of a Modern Immortal, New York 1933
  • R. Landau, Ignacy Paderewski, Musician and Statesman, London 1934
  • J. Orlowski, Ignacy Jan Paderewski i odbudowa Polski, 2 vol. Chicago 1939-1940
  • Aloys Fornerod, Henryk Opieński, Lausanne, Éditions SPES, 1942
  • Wladyslaw Kedra, Ignacy Paderewski, Varsovie 1948
  • M.M. Drozdowski, Ignacy Jan Paderewski. A Political Biography in Outline, Varsovie 1981
  • Werner Fuchss, Paderewski : reflets de sa vie, Genève, La Tribune, coll. « Un homme, une vie, une œuvre », 1981, 278 p.
  • Adam Zamoyski, Paderewski, New York 1982
  • A. Piber, Droga do slawy. Ignacy Paderewski w latach 1860-1902 Varsovie 1982
  • Éric Lipmann, Paderewski, l'idole des années folles, Paris, Balland, 1984, 341 p.
  • H. Lisiak, Paderewski. Od Kurylowki po Arlington, Poznan 1992
  • H. Przybylski, Paderewski. Miedzy muzyka a polityka, Katowice 1992
  • R. Wapinski, Ignacy Paderewski, Wroclaw 1999
  • A. Prazmowska, Ignace Paderewski et la renaissance de la Pologne en 1919, Noir sur Blanc, 2014

Notes et références

  1. « An independent Polish state should be erected which should include the territories inhabited by indisputably Polish populations, which should be assured a free and secure access to the sea, and whose political and economic independence and territorial integrity should be guaranteed by international covenant. »
  2. (pl) Doktorzy honoris causa, sur le site de l'université jagellonne de Cracovie

Lien contextuel

  • Hommage à Paderewski

Liens externes

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