Billy Harrison

Them

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Them est un groupe de rock d'Irlande du Nord formé en 1964.

Them est notamment connu pour avoir créé la chanson immensément populaire Gloria, et avoir compté dans ses rangs pendant deux courtes années le célèbre chanteur Van Morrison, dont il joua les premières compositions. De 1964 à 1966, en deux albums et une poignée de 45 tours à succès, il s'imposa comme l'un des groupes de rhythm and blues les plus influents de son temps. Manipulé par ses managers et miné par d'incessants changements de formations, il fut victime du départ définitif de son chanteur-vedette en 1966. Them a ensuite poursuivi une carrière sporadique, sans jamais retrouver le succès de ses débuts.

Biographie

Les débuts

L’histoire de Them débute avec celle de The Gamblers, un groupe sans prétentions formé en 1962 à Belfast (Irlande du Nord) par le guitariste-chanteur et meneur Billy Harrison, le bassiste Alan Henderson et le batteur Ronnie Millings. Ces musiciens amateurs présentent à quelques rares intéressés un répertoire largement constitué de reprises rhythm and blues, dans un pays que sa forte identité musicale a jusqu'alors fermé à ce style. Au début de l’année 1964, ils accueillent le jeune claviériste Eric Wrickson puis le saxophoniste Van Morrison qui deviendra rapidement un élément central de la formation. D'emblée, il fait forte impression sur ses nouveaux compagnons par sa remarquable connaissance de la musique populaire américaine et s’impose naturellement au chant face à Billy Harrison. Le guitariste abandonne alors sans regrets cette tâche et laisse Morrison devenir chanteur, saxophoniste, harmoniciste et unique compositeur de la formation ; mais il reste le chef incontesté du groupe, étant le seul capable de maîtriser les nombreux débordements de ses petits camarades. De plus, le nouveau venu met le groupe en relation avec le Maritime, l'un des premiers clubs de Belfast qui se risque à offrir une place prépondérante à un groupe de rhythm and blues. Sans le savoir, il fournit aux Gamblers l’inestimable occasion de jouer régulièrement et exclusivement du rhythm and blues dans un contexte apparemment réticent, mais qui en réalité ne demande qu'à évoluer. Sur une idée de Wrickson, ils décident, pour éviter la confusion avec un homonyme et pour suggérer un nouveau départ, de se rebaptiser Them.

Le 17 avril 1964, Them se produit pour la première fois sur la scène du Maritime devant un public encore peu nombreux, mais que la prestation convainc et qui inaugure un actif bouche-à-oreille dont les effets se feront rapidement sentir : deux semaines plus tard on doit déjà arriver une heure en avance pour être sûr d’avoir sa place. « Le Maritime est devenu un lieu de pèlerinage », dira Billy Harrison. Les spectacles sont sauvages, avec des chansons de Chuck Berry, Muddy Waters, des blues parmi lesquels Stormy Monday (T-Bone Walker), Help Me (Sonny Boy Williamson II) ou Baby What You Want Me To Do (Jimmy Reed), et de longues chansons plus ou moins improvisées par Van Morrison à partir d’idées notées à la va-vite sur des paquets de cigarettes. Parmi ces dernières se trouve le titre Gloria, un futur hymne rock à propos d’une fille prénommée Gloria, que Van fait parfois durer jusqu'à vingt minutes en s’attardant longuement sur les vêtements qu’elle ôte un à un dans la chambre du protagoniste, et finissant par expliquer précisément ce qu’elle fait pour le « faire se sentir bien ». Ces premiers mois de spectacles au Maritime constituent pour Morrison l‘apogée de sa carrière avec le groupe.

Les sessions

Un tel engouement n’a pas pu échapper longtemps à la vigilance des maisons de disques. Decca, plus prompte à réagir, les signe à la condition qu'ils engagent le manager Phil Solomon, et provoque la démission de Wrickson qui n'a pu obtenir l'accord de ses parents ainsi que son remplacement par Patrick McAuley. Lorsqu’ils arrivent dans les studio d’enregistrement à Londres, les membres du groupe sont surpris d’avoir affaire à des session men, c’est-à-dire des musiciens professionnels assez couramment sollicités à l'époque, censés faire gagner du temps aux producteurs qui refusent que les musiciens incompétents de leurs groupes phare répétent la même erreur en studio. Parmi eux figure le futur guitariste légendaire Jimmy Page à qui l’on attribue souvent le riff de Baby, Please Don't Go, à tort puisqu’il n’a joué que la basse sur ce morceau. Billy Harrison, le concepteur du riff, était le seul musicien du groupe à n'avoir pas besoin de « doublure » ; quant à Van Morrison, il n’en a même pas été question.

En septembre 1964 sort le premier 45 tours du groupe, Don’t Start Crying Now, qui se vend plutôt bien à Belfast mais pas en Grande-Bretagne. Le groupe emménage pour de bon à Londres où il donne régulièrement des spectacles en attendant la parution de son deuxième 45 tours Baby Please Don’t Go. Il remporte cette fois un joli succès : il atteint la septième place du classement britannique. Ces deux titres sont des reprises et Gloria, sur la face B du second disque, surpassera très rapidement en popularité la chanson titre. L’acharnement de Decca à nier les qualités d’auteur-compositeur de Van Morrison est imputable au producteur Dick Rowe, lequel avait refusé de signer les Beatles en 1962.

À une époque où le nouveau phénomène des Beatles est encore passablement méprisé par les professionnels de la musique américains, Decca fait néanmoins preuve d'originalité en contactant le respecté producteur new-yorkais Bert Berns pour qu'il s'occupe entre autres des fougueux inconnus de Them. L'Américain atterrit en janvier 1965 à Londres et produit pour eux l’une de ses compositions appelée Here Comes the Night, leur troisième 45 tours qui sort en mars de la même année. Il laisse une bonne impression au groupe, comme l’illustre la sentence de Morrison : « Hormis Bert Berns, j’avais l’impression que tous les gens qui disaient s’occuper de Them ne savaient pas ce qu'ils faisaient. » Le disque atteint la deuxième place du classement britannique, son ascension n’ayant été stoppée que par le Ticket to Ride des Beatles. À propos de ce succès foudroyant et de la carrière discographique de Them, une analyse de Van : « À cette époque le rhythm and blues devenait à la mode en Angleterre. Alors il y avait toutes ces maisons de disques qui nous tournaient autour. Ce qui est étrange, c’est qu’une grande partie de ce que nous enregistrions n’avait rien à voir avec ce que nous jouions en concert. C’était de purs produits manufacturés pour le commerce. Ironiquement, en club c’était le contraire absolu. Les morceaux de blues les moins connus que nous pouvions trouver, voilà ce que nous faisions. »

À l’apogée commerciale de leur carrière, l’attitude de Them face aux journalistes annonce celles des Sex Pistols et de Bob Marley, respectivement par leurs recours fréquents à l’agressivité et à un dialecte insaisissable pour les journalistes. Entre concerts épuisants et rançons de gloire naissante, Them aborde nerveusement l’année 1965, augmenté de l'organiste John McAuley qui supplée au départ de son frère Patrick parti remplacer le batteur Ronnie Millings. En juin 1965 paraît le premier album du groupe, The Angry Young Them (plus simplement connu sous le nom de Them), qui comprend Gloria et d'autres chansons parmi lesquelles cinq sont signées Van Morrison. Dans un style très rhythm and blues proche de celui des premiers 45 tours, les morceaux évoquent souvent une version survitaminée des Rolling Stones à leurs débuts, rudement efficace, mais dont l'énergie est nettement amoindrie par la présence de session men de plus en plus envahissants. La photographie qui illustre la pochette du disque expose un nouveau remaniement au sein de Them, le remplacement du claviériste John McAuley par Peter Bardens. Ce dernier partage un temps son appartement avec Van Morrison et Mick Fleetwood, et les trois musiciens tombent souvent d’accord pour écouter des disques de soul comme ceux de James Brown, Nina Simone, Wilson Pickett ou encore Bobby « Blue » Bland.

Parallèlement à l’album sort dans le même mois le quatrième 45 tours du groupe et le premier signé Morrison, One More Time, qui ne remporte pas un grand succès et apparaît rétrospectivement comme le premier signe de l’inexorable déclin de Them. Celui-ci s'enclenche véritablement en août 1965 lors du départ de Billy Harrison, après son intervention auprès de Decca au nom du groupe qui s'estimait spolié par son manager. Consultés ensuite un par un par Solomon, les jeunes membres de Them se sont laissés impressionner et se sont rétractés, provoquant l'abandon de leur chef désillusionné. Indéniablement affaibli par ce qui fut la conséquence de son immaturité, Them entre alors dans une courte période de latence marquée par la recrudescence des changements de formation, durant laquelle certaines sont même photographiées alors qu'elles n'ont jamais enregistré. Van Morrison et Alan Henderson, en tant qu'ultimes membres originels, réagissent en décidant de retourner à Belfast afin de constituer un nouveau Them, et choisissent le guitariste Jim Armstrong, le batteur John Wilson (qui sera ensuite le batteur de Taste, le groupe de Rory Gallagher) et le saxophoniste, vibraphoniste et flûtiste Ray Elliot. Ces musiciens sont sélectionnés pour leur polyvalence, conformément aux souhaits de Morrison qui voudrait intégrer des influences de jazz et de soul à sa musique.

Après les sorties des 45 tours (It Won't Hurt) Half As Much et Mystic Eyes en août et novembre 1965, qui sont en fait des enregistrements antérieurs impliquant toujours Billy Harrison, paraît en janvier 1966 le second album intitulé Them Again. Ce disque comprend de nombreuses reprises soul de James Brown, de Nina Simone ou de Chris Kenner entre autres, et seulement quatre chansons de Morrison. La musique y est beaucoup plus variée et sophistiquée qu'auparavant, résultat d'une évolution qui préfigure clairement la future carrière solo de Van Morrison ; mais les nombreux session men plombent littéralement ce disque ambitieux. Le 45 tours Call My Name en est extrait en mars 1966, sans grand succès.

La tournée aux États-Unis et le départ de Van Morrison

L'existence d'un faux Them aux États-Unis qui tourne en se faisant passer pour les irlandais suffit à convaincre Decca d'envoyer ses poulains en Amérique, où ils atterrissent en mai 1966. La tournée qui suit ne dure que deux mois au terme desquels se produit un nouveau démantèlement du groupe causé par une sombre histoire d'argent (Solomon clame son innocence et va même jusqu'à affirmer que Van Morrison détient l'argent du groupe !). Le sommet de cette tournée aura lieu au Whisky A Go-Go, où les premières parties sont assurées par Love, Captain Beefheart And His Magic Band, et surtout les Doors de Jim Morrison qui sont encore complètement inconnus. Certains chanceux se rappellent même d'un long duo de Morrison sur Gloria que les Doors reprendront ensuite régulièrement, et peu osent nier la considérable influence qu'a eu Van sur Jim, d'abord par son jeu de scène provocateur (Van, rarement sobre à cette période, se permet quelquefois d'insulter directement son public), mais aussi par sa tendance toute irlandaise à lever le coude. Entre-temps Decca sort le 45 tours Richard Cory, une reprise de Simon & Garfunkel qui échoue une nouvelle fois à renouer avec le succès des débuts.

De retour en Europe, Morrison et Henderson, les deux gardiens du flambeau, assurent deux shows en Irlande avec le batteur Sammy Stitt. Les spectacles suivants sont joués avec des musiciens qui sont disponibles sur le moment, le cœur n'y est plus, et le solide tandem Morrison-Henderson se désagrège à son tour. Lors d'un ultime concert à Belfast, Van Morrison tire une révérence à sa manière : peu soucieux du sort d'un groupe qu'il estime condamné, il décide pendant le spectacle de chanter certains titres jamais répétés. Malheureusement, le Them du jour qui n'a presque jamais joué ensemble peine à improviser convenablement, et provoque un fiasco auprès du public que l'impatience dissipe, ce à quoi Morrison réagit en l'insultant copieusement entre les morceaux. La télévision s'empare de ce qui devient alors un scandale régional, et diffuse une interview du chanteur qui ne semble rien regretter. Récemment contacté par Bert Berns qui souhaite lancer sa carrière solo sur son propre label Bang Records, Van Morrison hésite encore à intégrer un autre groupe, mais en tous cas paraît déjà loin de Them.

Them sans Van Morrison

Alan Henderson ne s'est pas laissé abattre et a reconstitué un énième avatar de Them avec le chanteur Kenny McDowell. Quatre albums ont été réalisés sans succès, dans un style rhythm and blues teinté d'improvisations instrumentales. Le simple posthume The Story Of Them, écrit et chanté par Morrison, est sorti en novembre 1967. Ce morceau de sept minutes, de loin le plus long du Them de Morrison, relate sur un ton plein d'emphase les débuts insouciants du groupe au Maritime.

En guise de conclusion, une citation du premier organiste de Them Eric Wrixon : « Si les responsables du management nous avaient soutenus au lieu de nous exploiter, Them aurait pu être au même niveau que les Rolling Stones : nous étions plus extrêmes, et musicalement en avance sur eux. »

Influences

La musique de Them, a priori méconnue, a inspiré de nombreuses forces créatrices du rock, comme en témoignent les reprises suivantes :

  • Here Comes the Night par David Bowie dans l'album Pin Ups
  • My Lonely Sad Eyes par Maria McKee dans l'album You Gotta Sin To Get Saved
  • I Can Only Give You Everything par The Troggs
  • You Just Can't Win par The Dead Weather
  • Baby Please Don't Go par AC/DC et surtout Ted Nugent.

Elle a aussi été utilisée dans quelques films :

  • Baby Please Don't Go dans Sailor et Lula réalisé par David Lynch, ainsi que dans Good Morning, Vietnam.
  • It's All Over Now, Baby Blue dans Basquiat réalisé par Julian Schnabel
Voir article détaillé : Gloria

Discographie

Albums originaux

  • The Angry Young Them (ou Them) (1965)
  • Them Again (1966)
  • Now And Them (1968)
  • Shut your mouth (1979 marqueted 1996)

Compilations

  • The World of Them - (1970) (UK Decca- PA/SPA-86)
  • Them Featuring Van Morrison: The Collection (1992)
  • Them Featuring Van Morrison (1982)
  • The Story of them Featuring Van Morrison (1997)

Single

  • Don't Start Crying Now / One Two Brown Eyes – (1964)
  • Baby, Please Don't Go / Gloria – (1964) UK No.10, US No.102
  • Here Comes the Night / All For Myself – (1965) UK No.2, IRE No.2, US No.24
  • One More Time / How Long Baby – (1965)
  • Gloria / Baby, Please Don't Go – (1965) US No.93, US No.71 (1966)
  • (It Won't Hurt) Half As Much / I'm Gonna Dress In Black – (1965)
  • Mystic Eyes / If You And I Could Be As Two – (1966) US No.33
  • Call My Name / Bring 'em On In – (1966)
  • I Can Only Give You Everything / Don't Start Crying Now – (1966)
  • It's All Over Now, Baby Blue / I'm Gonna Dress In Black (Hollande) – (1966)
  • Richard Cory / Don't You Know – (1966)
  • Friday's Child / Gloria – (1967)
  • The Story Of Them, Part 1 / The Story Of Them, Part 2 – (1967)
  • It's All Over Now, Baby Blue / Bad Or Good – (1973) GER No.13

Filmographie

  • Performance en playback de Baby Please Don't Go sur le plateau de l'émission télévisée britannique Ready Steady Go!, une sorte de Top 50, où Van Morrison ne daigne pas mimer sa partie d'harmonica ! Baby Please Don't Go est par la suite devenu la chanson du générique de l'émission.
  • Sorte de clip avant l'heure de Mystic Eyes tourné dans un jardin et destiné à la télévision néerlandaise.
  • Where The Action Is : compilation de trois « clips avant l'heure » destinée à la télévision américaine. Parmi les chansons, deux de Them (Call My Name et Mystic Eyes) filmées sur le London Bridge, et une de Van Morrison en solo (Brown Eyed Girl).
  • Performance au NME Pollwinners Concert du 11 avril 1965. Les deux chansons jouées à l'occasion de ce festival, qui sont Here Comes the Night et Turn On Your Lovelight, le furent en direct.

Voir aussi

Bibliographie

  • Celtic Crossroads : The Art Of Van Morrison, Brian Hinton, Sanctuary Publishing
  • Van Morrison : Inarticulate Speech Of The Heart, John Collis, Warner Books
  • The Mojo Collection : The Greatest Albums Of All Time, Mojo Books
  • Le Rock de A à Z, Jean-Marie Leduc et Jean-Noël Ogouz, Albin Michel

Lien externe

Notes et références

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