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Musicien

Keith Jarrett

Keith Jarrett

Date de naissance 8.5.1945 à Allentown, PA, Etats-Unis d Amérique

Keith Jarrett

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Keith Jarrett est un pianiste, organiste, claveciniste, saxophoniste, flûtiste, percussionniste et compositeur américain né le 8 mai 1945 à Allentown (Pennsylvanie).

Biographie

Keith Jarrett est descendant d'immigrants écossais et hongrois. Il prend ses premières leçons de piano à trois ans. Il donne son premier concert à sept ans et un récital de ses propres compositions à dix-sept. S’il refuse une bourse d’études à Paris chez Nadia Boulanger, il accepte celle de la Berklee School of Music à Boston, où il forme son premier trio.

En 1965, parti pour New York, il enregistre avec Don Jacoby and the College all Stars et collabore avec divers musiciens (Roland Kirk, Tony Scott, etc.) puis fait partie des Jazz Messengers d’Art Blakey : enregistré en 1966, l’album Buttercorn Lady en sera la seule trace phonographique.

Cette même année, il intègre le groupe du saxophoniste Charles Lloyd (avec Jack DeJohnette, Cecil McBee ou Ron McClure) et devient alors la nouvelle révélation du piano, volant la vedette au leader du groupe. Tournée mondiale et prolixité phonographique, le saxophoniste n’hésite pas à laisser Jarrett jouer seul au moins une de ses propres compositions à chaque concert. Le groupe se sépare en 1968.

Keith Jarrett forme alors un trio en compagnie de Charlie Haden à la basse et Paul Motian à la batterie, et commence à enregistrer sous son propre nom.

À cette même époque, produit par Atlantic, le pianiste se fait chanteur de pop-folk en assurant lui-même l'accompagnement musical par le système de re-recording sur l'album Restoration Ruin.

En 1970, contraint de jouer sur des claviers électriques, il devient le pianiste du groupe de Miles Davis tout en menant une carrière de sideman (auprès de Gary Burton, Freddie Hubbard, Paul Motian) ; son trio devient quartette en intégrant le saxophoniste Dewey Redman, issu du groupe d'Ornette Coleman. À l’occasion de concerts ou d’enregistrements, cette formation est parfois augmentée d’un ou de deux percussionnistes : Guilherme Franco et/ou Danny Johnson.

Entre deux concerts avec Miles Davis, Jarrett enregistre son premier opus au piano solo sur ECM Facing You en 1972, prélude à une très longue association avec Manfred Eicher, producteur de la célèbre compagnie phonographique allemande. Trois ans plus tard, le même producteur enregistrera Jarrett seul avec son piano lors d'un concert à Cologne (The Köln Concert, 1975), l'album est un succès qui ne se démentira pas avec le temps. Plus tard, en 1993, Nanni Moretti utilisera la mélodie de la première partie de ce concert dans son film Journal intime.

Après une brève collaboration avec Gus Nemeth (basse), Jean-François Jenny-Clark (basse) et Aldo Romano (batterie), Keith Jarrett forme son second quartette, dit quartette européen, avec Jan Garbarek aux saxophones, le bassiste Palle Danielsson et le batteur Jon Christensen sans délaisser pour autant sa formation américaine.

Dissolution du quartette américain en 1976 et du Belonging Band (quartette européen) en 1979.

Inauguration en 1977 d'un nouveau trio avec l'album Tales of Another, sous le nom du contrebassiste Gary Peacock, en compagnie de Jack DeJohnette. Standards et compositions originales, la formation traverse les décennies pour atteindre le succès qu'on lui connaît encore aujourd'hui.

Dans les années 1970 et jusqu'aux années 1990, Keith Jarrett se consacre parallèlement à la scène classique. Outre ses expériences d’improvisation à l’orgue baroque et au clavecin, il interprète Bach, Haendel, Mozart mais aussi Chostakovitch, ainsi que des compositeurs contemporains comme Alan Hovhaness, Lou Harrison, Peggy Glanville-Hicks, Arvo Pärt ("Fratres", duo avec Gidon Kremer, violon, dans Tabula rasa, ECM 1984) et compose lui-même pour ce répertoire des pièces pour orchestre (In the Light, 1973 ; The Celestial Hawk, 1980) et de la musique de chambre (Bridge of Light, 1993). Il enregistre deux albums de compositions originales pour orchestre à cordes et Jan Garbarek en soliste : Luminessence en 1974 et Arbour Zena en 1975.

À la fin des années 1990, atteint du syndrome de fatigue chronique, le pianiste est contraint de réduire momentanément son activité. En 1998, sa mobilité étant réduite par la maladie, Jarrett enregistre à son domicile The Melody At Night, With You, recueil de standards interprété seul au piano et qu'il dédiera à son épouse de l'époque.

Depuis 2000, à l'exception de Jasmine enregistré en duo avec Charlie Haden, Jarrett oscille entre sa formation en trio et le piano solo.

En 2004, Keith Jarrett reçoit le Léonie Sonning Music Award. Cette distinction prestigieuse est habituellement décernée à des compositeurs et interprètes de musique classique. Miles Davis était le seul musicien de jazz à l'avoir reçue.

Le musicien

Pianiste au toucher délicat avec un style fortement inspiré par la guitare folk, Keith Jarrett a su, par ses nombreuses influences pianistiques (de Bill Evans à Paul Bley en passant par Cecil Taylor) et l’inspiration de différents styles, ouvrir le piano jazz à de nouveaux horizons au cours des années soixante-dix. Ses premiers enregistrements aux côtés de Charles Lloyd témoignent déjà de ses influences empruntées à la musique folk et au free jazz. Ses improvisations et ses compositions en seront fortement marquées tout au long de sa carrière musicale[1].

Jarrett appartient également au monde du classique en tant que compositeur et surtout qu’interprète. Sa musique en est imprégnée : influences de Claude Debussy (principalement dans ses prestations en solo) et de la musique baroque (notamment la composition Oasis sur Personal Mountains, ou encore la première partie du "paris concert")[2].

Héritage de son intérêt (commun avec Debussy) pour le gamelan, l’ostinato est une caractéristique remarquable sur nombre de ses enregistrements. L’album Changeless en est l’exemple parfait : construction de compositions et improvisations sur un climat créé par un ostinato[2].

Enfin la transe est, selon ses propos[3], un état d’esprit, un comportement essentiel pour l’exécution de son art. Son instabilité corporelle sur scène face à son clavier et ses fredonnements et cris audibles en concert et sur ses enregistrements témoignent d’une relation fusionnelle avec la réalisation de sa création.

Jarrett est connu pour réclamer un silence absolu lors de ses prestations, y compris à l'extérieur de la salle, lui permettant une concentration totale. On peut y voir une volonté de perfectionnisme ou un ego surdimensionné. Le 4 juillet 2014, il quitte la scène de la salle Pleyel à Paris, après qu'un spectateur l'a déconcentré, suscitant à la fois huées et respect dans l'assistance ; il lui est de même arrivé d'abandonner sa prestation pour un éternuement[4]. Parmi de nombreuses exigences, en août 2006 au festival de jazz de Marciac, il demande entre autres que les nombreux bénévoles sur lesquels repose le festival ne soient pas présents sous le chapiteau durant son concert, ainsi que la fermeture de leur cantine, à cause des effluves culinaires[5].

On pourrait comparer Keith Jarrett à Miles Davis par la diversité des styles musicaux abordés lors de sa carrière : si le trompettiste a suivi l’évolution du jazz puis du rock, le pianiste s’est quant à lui diversifié par l’abord de styles aussi différents que le gospel (avec Marion Williams), le jazz (notamment le ragtime et le free jazz en passant par le jazz-rock), la musique classique (baroque, classique, néo-classique et contemporaine), la musique folk (Restoration ruin, 1968) et les musiques du monde (Spirits, 1985).

Discographie complète

Prix et distinctions

  • 2003 : Prix Polar Music
  • 2004 : Léonie Sonning Music Award

Bibliographie

Notes et références

  1. Dictionnaire du Jazz, collection Bouquins, Robert Laffont, 1994
  2. les Cahiers du Jazz N° 1, éditions Outre-Mesure, 2004
  3. "Keith Jarrett, la mélodie révélée", entretien avec Alex Duthil, le Monde de la Musique-Jazzman, supplément au N° 62, octobre 2000
  4. Michel Contat, « La dramatique leçon d’improvisation de Keith Jarrett », sur telerama.fr, 10 juillet 2014.
  5. Serge Loupien, « Keith Jarrett tient son rang de goujat », sur next.liberation.fr, 2 aout 2006 (consulté le 8 août 2017).

Liens externes

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