Pierre Augustin Caron de Beaumarchais

Pierre Augustin Caron de Beaumarchais

Date de naissance 24.1.1732 à Paris, Île-de-France, France

Date de décès 18.5.1799 à Paris, Île-de-France, France

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

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Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Genre Roman, Théâtre, poésie
Mouvement Les Lumières

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, né le 24 janvier 1732 à Paris où il est mort le 18 mai 1799 ; homme d'affaires français, musicien, poète et dramaturge est surtout connu pour ses talents d'écrivain.

Lune des figures emblématiques du siècle des Lumières, il est considéré comme un précurseur de la Révolution française et de la liberté d'opinion ainsi résumée dans sa pièce Le Mariage de Figaro : « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ».

Biographie

Origine et famille

Pierre-Augustin Caron est né le 24 janvier 1732 à Paris, en France.

Fils dhorloger et frère de Vincent Caron, inventeur du mécanisme de l'échappement à hampe, qu'un horloger du Roi s'est attribué et que Beaumarchais confondra devant toute la Cour.

Caron est également linventeur dun mécanisme de perfectionnement destiné aux pédales de harpes.

Il se marie une première fois le 27 novembre 1756 avec Madeleine-Catherine Aubertin, veuve Franquet[1].L'épousée est de dix ans son aînée mais possède des biens. Il se fait dès lors appeler « de Beaumarchais », nom dune terre qui appartient à son épouse et qui donne l'illusion de la noblesse.

Madeleine-Catherine meurt dès l'année suivante à 35 ans. Immédiatement, le jeune veuf - il a 25 ans - est soupçonné d'assassinat et se trouve confronté au premier de la longue suite de procès et de scandales qui marqueront son existence.

Ses travaux et ses rencontres

Nonobstant les ennuis de sa vie privée, il commence à être connu. Il se lie damitié avec le financier de la Cour, Joseph Pâris Duverney qui favorise son entrée dans le monde des finances et des affaires. Il se lance alors dans les spéculations commerciales et déploie un tel génie en ce genre quen peu dannées il acquiert une grande fortune et achète une charge de secrétaire du roi qui lui confère la noblesse.

En 1759, faveur insigne, il est nommé professeur de harpe de Mesdames, les quatre filles du roi Louis XV, qui résident à la cour.

Patronné par un prince du sang, Louis-François de Bourbon, prince de Conti, il devient bientôt lieutenant général des chasses et commence à écrire de petites parades pour des théâtres privés (Les Bottes de sept lieues, Zirzabelle, Jean Bête à la foire) qui jouent sur un comique de mots et de corps proche de la farce.

Menant un train de vie aisé mais toujours à la merci d'une disgrâce, il se remarie en 1768 avec madame de Sotenville, la très riche veuve du garde général des Menus-Plaisirs née Geneviève-Madeleine Wattebled. Celle-ci meurt dès 1770, à 39 ans, après seulement deux ans de mariage, lui laissant une importante fortune. Face à ce second veuvage précoce, Beaumarchais est accusé de détournement dhéritage.

Intrigues et procès

Les années 1770-1773 sont pour Beaumarchais des années de procès et de défaveur : outre ses démêlés avec le comte de la Blache, il est occupé par la succession testamentaire de Joseph Pâris Duverney qui va entraîner laffaire Goëzman. Il y manifeste un art consommé des factums, allant jusquà renouveler le genre, mais il y perd sa fortune, ses alliés et ses droits civiques.

Cependant expert en intrigues et marchandages de toutes sortes, il est en mars 1774 une première fois envoyé à Londres pour négocier la suppression du libelle les Mémoires secrets dune femme publique de Théveneau de Morande, dirigé contre la comtesse du Barry, favorite royale, mission où il espère regagner les faveurs de la Cour. Cependant, le roi meurt en mai suivant et la comtesse du Barry est bannie de la cour par Louis XVI.

Le 8 avril 1775, sous les conseils de Sartine, il est chargé par le nouveau souverain dempêcher la publication dun nouveau pamphlet, lAvis à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France à défaut dhéritiers, dun certain Angelucci, qui prétend que le roi a « laiguillette nouée ».

Cette mission, qui conduisit Beaumarchais en Angleterre, aux Pays-bas, dans les États allemands et en Autriche, où il fut pour un temps incarcéré pour motif despionnage, devient sous sa plume une aventure picaresque.

La même année, il est chargé à Londres de récupérer des documents secrets détenus par le chevalier dÉon.

La guerre dindépendance des États-Unis

À partir du mois de juin 1777, il se lance dans une nouvelle aventure et il se fait lavocat dune intervention française dans la guerre d'indépendance des États-Unis. Il entame alors une correspondance enflammée avec le comte de Vergennes, où il défend la cause des Insurgents. Dès le mois de septembre 1775, Beaumarchais joue un rôle politique en tant quintermédiaire entre les Insurgents et la France, et il rencontre fréquemment Arthur Lee, député secret des Insurgents.

Le 10 juin 1777, le secrétaire dÉtat aux affaires étrangères lui confie une somme importante pour soutenir secrètement les Américains[2]. Initié secrètement par Louis XVI et Vergennes, Beaumarchais reçoit lautorisation de vendre poudre et munitions pour près dun million de livres tournois sous le couvert de la compagnie portugaise Rodrigue Hortalez et Compagnie quil monte de toutes pièces. La société Rodrigue Hortalez et Cie, devait lui permettre, pensait-il, de senrichir en vendant armes et munitions et en envoyant une flotte privée pour soutenir les Insurgés[3].

Cette péripétie, alors que Beaumarchais s'implique dans les grandes spéculations boursières sous Louis XVI, est le sujet central du roman historique de Lion Feuchtwanger intitulé Beaumarchais, Benjamin Franklin et la naissance des États-Unis, paru en 1946. En fin de compte, bien qu'il ait reçu plus tard les félicitations publiques du Congrès, il engagea dans cette opération une grosse somme (plus de cinq millions) dont, après d'interminables débats, ses héritiers ne purent recouvrer qu'une faible part[4].

Il milite au sein de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, fondée en 1777 à son initiative, et obtient à la Révolution la reconnaissance des droits d'auteur. Ceux-ci sont automatiques à la création dune uvre. Ils garantissent à son auteur ses droits patrimoniaux et moraux (la reconnaissance de la paternité de luvre notamment). Dans De la littérature industrielle, Sainte-Beuve présente laction de Beaumarchais comme un tournant décisif de lhistoire de la littérature, car lécrivain passe du statut de bénévole, de passionné ou de mendiant (dépendant de ses mécènes) à celui dindustriel et de gestionnaire : « Beaumarchais, le grand corrupteur, commença à spéculer avec génie sur les éditions et à combiner du Law dans lécrivain ».

Il se lance dans l'édition des uvres de Voltaire, et, après avoir acquis les caractères de Baskerville, loue pour vingt ans le fort à Kehl en décembre 1780[5].

En 1786, il épouse en troisièmes noces Marie-Thérèse Willermaulaz. Née en 1751, la nouvelle épousée, âgée de 35 ans, a dix-neuf ans de moins que son mari. Ils se sont rencontrés en 1774 et ont eu une fille, Amélie-Eugénie, en 1777. Marie-Thérèse lui survivra et mourra au début de la Restauration en 1816.

En 1788, après dimportants travaux de reconstruction inachevés, il vend à Aimé Jacquot et Jean Hérisé la papeterie de Plombières-les-Bains quil avait acquise en 1780[6].

En février 1789, il cède aux frères Claude Joseph et François Grégoire Léopold Desgranges les papeteries qu'il possède en Lorraine à Arches et Archettes.

La Révolution française

En 1790, il a 58 ans et se rallie à la Révolution française qui le nomme membre provisoire de la commune de Paris. Mais il quitte bientôt les affaires publiques pour se livrer à de nouvelles spéculations ; moins heureux cette fois, il se ruine presque en voulant fournir des armes aux troupes de la République.

Cependant son esprit brillant et frondeur ne convient pas à l'austère et vertueuse République. Il devient suspect sous la Convention et est emprisonné à lAbbaye pendant la Terreur. Il échappe cependant à léchafaud et se tient caché quelques années. Il sexile à Hambourg puis revient en France en 1796.

Il écrit ses Mémoires, chef-duvre de pamphlet, et meurt dapoplexie à Paris le 18 mai 1799 à l'âge de 67 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (division 28) à Paris.

Sa descendance

De son union avec Marie Thérèse Willer-Lawlaz (1753-1816) quil épouse le 8 mars 1786, il eut une fille, Amélie-Eugénie de Beaumarchais (1777-1832).

Amélie-Eugénie épouse en 1796, André Toussaint Delarue (1768-1863), beau-frère du comte Mathieu Dumas dont elle aura trois enfants :

  • Palmyre (1797-1835) qui intente, en 1814, un procès afin dobtenir le remboursement des sommes avancées par son père pour financer la livraison darmes destinées à la Révolution américaine. Palmyre aura une descendance directe sous lEmpire et la Restauration via les familles Poncet, puis Roulleaux-Dugage ;
  • Charles-Édouard (1799-1878) qui deviendra général de brigade, épouse Marthe Paule Roederer dont il aura un fils, Raoul (1835-1900), qui sera colonel de cavalerie. Charles-Edouard Delarue obtiendra en 1835 800 000  dollars et la branche de la famille des deux petits-fils sera ensuite autorisée à relever le nom de Beaumarchais (décret impérial de 1853).
  • Alfred-Henri (1803-?) qui travaillera dans l'administration des finances[7].

Jean-Pierre Delarüe Caron de Beaumarchais, coauteur du Dictionnaire des littératures de langue française, figure parmi les descendants.

uvres

Théâtre

  • Eugénie, drame en 5 actes en prose avec un essai sur le drame sérieux. Première représentation : 29 janvier 1767.
  • Les Deux Amis, ou le Négociant de Lyon, drame en 5 actes et en prose, Vve Duchesne, Paris, 1770. Première donnée à la Comédie-Française le 13 janvier 1770.
  • Tarare, mélodrame en 5 actes, P. de Lormel, Paris, 1787. Première donnée à lAcadémie royale de musique le 8 juin 1787. Livret de Beaumarchais, musique de Salieri.

Trilogie de Figaro, ou Le Roman de la famille Almaviva, selon lappellation donnée par Beaumarchais dans une préface de La Mère coupable :

  • Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile, comédie en 4 actes, Ruault, Paris, 1775. Première donnée à la Comédie-Française le 23 février 1775 et 2e représentation du Barbier de Séville en 4 actes le 25 février 1775.
  • La Folle journée, ou le Mariage de Figaro, comédie en 5 actes et en prose, Ruault, Paris, 1778. Première donnée à la Comédie-Française le 27 avril 1784.
  • LAutre Tartuffe, ou la Mère coupable, drame moral en 5 actes, Silvestre, Paris, 1792, an II [sic]. Première donnée le 6 juin 1792.

Factums

  • Concernant laffaire Goëzman : « Le 17 juillet 1770, le financier Pâris-Duverney meurt et les dispositions quil a prises dans son testament en faveur de Beaumarchais sont contestées par le comte de La Blache, son légataire universel. Un procès sensuit et les biens de Beaumarchais sont finalement saisis lorsquen 1773 il publie à propos des agissements du rapporteur à son procès, le juge Goëzman, quatre mémoires dont lesprit et la dialectique ont un retentissement considérable et font condamner le juge, le 26 février 1774. » (Michaud)
  • Requête datténuation pour le sieur Caron de Beaumarchais, A Nosseigneurs de parlement, les chambres assemblées, Knapen, Paris, 1773
  • Supplément au mémoire à consulter pour Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, Quillau, Paris, 1773.
  • Addition au supplément du mémoire à consulter pour Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (...) servant de réponse à madame Goëzman (...) au sieur Bertrand dAirolles, (...) aux sieur Marin, (...) et Darnaud-Baculard (...), P.-D. Pierres, Paris, 1774.
  • Quatrième mémoire à consulter pour Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais... contre M. Goëzman, (...) madame Goëzman et le sieur Bertrand, (...) les sieurs Marin, (...) Darnaud-Baculard (...) et consorts (...), J.-G. Clousier, Paris, 1774.

uvre (éditions)

  • uvres complètes de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, publiées par P.-P. Gudin de La Brenellerie, L. Collin, Paris, 1809. 7 volumes in-8° avec gravures. I-II. Théâtre ; III-IX. Mémoires ; V. Époques ; VI-VII. Correspondance.
  • Le Tartare à la Légion, édition établie, présentée et annotée par Marc Cheynet de Beaupré, Le Castor Astral, Collection "Les Inattendus", 1998, 232 pp. (Cet ouvrage retrace les liens entre Beaumarchais et Joseph Pâris Duverney, détaillant les phases du procès qui opposa Beaumarchais au comte de La Blache, relatif à la succession du financier. Outre le texte annoté du dernier mémoire à consulter de laffaire, il donne un éclairage intéressant sur les circonstances ayant présidé à la rédaction du Mariage de Figaro et du Barbier de Séville).

Opéra

  • Le Nozze di Figaro, Vienne, Burgtheater, 1er mai 1786, par Mozart, livret de Lorenzo da Ponte, daprès ud sur un livret de Madeleine Milhaud (1966).

Cinéma

Le Mariage de Figaro et Le Barbier de Séville ont fait lobjet de nombreuses adaptations cinématographiques en plusieurs langues, pour la télévision essentiellement. Le personnage historique lui-même a été porté à lécran, notamment dans les films suivants :

  • Beaumarchais ou 60 000 fusils de Marcel Bluwal - Téléfilm, 1966, France. Avec Bernard Noël dans le rôle de Beaumarchais.
  • Beaumarchais, l'insolent dÉdouard Molinaro - 1996, France, 96 minutes, Couleur. Daprès une pièce de Sacha Guitry. Avec Fabrice Luchini dans le rôle de Beaumarchais.

Notes et références

  1. http://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr;p=madeleine+catherine;n=aubertin
  2. Louis de Loménie, dans Beaumarchais et son temps, a blâmé le peuple des États-Unis et leur gouvernement pour leur ingratitude et leur injustice envers Beaumarchais. Louvrage de Loménie a été critiqué et réfuté sur une autre phase de la vie de Beaumarchais par Paul Huot : Beaumarchais en Allemagne, Paris, 1869. Un autre jugement assez sévère sur Beaumarchais a été exprimé par un de ses compatriotes dans la Revue rétrospective, Paris, 15 mars 1870, p. .
  3. « Le gouvernement français se décida alors à reconnaître lindépendance des États-Unis et à envoyer M. Gérard pour ministre auprès du Congrès. Il était temps, car lon était très peu satisfait des secours que la France faisait parvenir par lintermédiaire du sieur Caron de Beaumarchais. La correspondance de cet homme choquait universellement par son ton de légèreté qui ressemblait à linsolence. Jai conservé la copie dune de ces lettres.
    Messieurs, je crois devoir vous annoncer que le vaisseau lAmphitrite, du port de 400 tonneaux, partira au premier bon vent pour le premier port des États-Unis quil pourra atteindre. La cargaison de ce vaisseau qui vous est destiné consiste en 4 000  fusils, 80 barils de poudre, 8 000  paires de souliers, 3 000  couvertures de laine ; plus quelques officiers de génie et dartillerie, item un baron allemand, jadis un aide de camp du prince Henri de Prusse ; je crois que vous pourrez en faire un général et suis votre serviteur, C. DE BEAUMARCHAIS.» in Mémoires (Pontgibaud) ».
  4. Louis de Loménie, Beaumarchais et son temps: études sur la société en France au XVIIIe siècle)
  5. Association Voltaire à Ferney, Lieux voltairiens : Kehl
  6. Ministère de la Culture - Base Mérimée : usine de papeterie à Plombièresl
  7. Deux mourront à la naissance : Palmyre (1798) et Alfred-Henri (1803).

Voir aussi

Bibliographie

  • ¹ Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet, vous pouvez partager vos connaissances en l'améliorant ou participer au ( projet Wikipédia) associé.
  • Modèle:Balch
  • Louis de Loménie, Beaumarchais et son temps, études sur la société en France au XVIIIe siècle daprès des documents inédits, Michel Lévy frères, Paris, 1856.
  • Paul Huot, Beaumarchais en Allemagne : révélations tirées des archives dAutriche, Paris : A. Lacroix, Verboeckhoven, 1869, 218 p. disponible sur Gallica (sur laffaire Angelucci).
  • Frédéric Grendel, Beaumarchais ou la calomnie, Paris 1973, 566 p.
  • Gunnar von Proschwitz, Introduction à létude du vocabulaire de Beaumarchais, Slatkine Reprints, Genève, 1981.
  • René Pomeau, Beaumarchais ou la bizarre destinée, PUF, 1987, 227 p.
  • Jean-Pierre de Beaumarchais, Beaumarchais : Le Voltigeur des Lumières, Paris, Gallimard, 1996.
  • Sarah Maza, Vies privées, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, Paris, Fayard, 1997, 384 p. (sur les procès et les factums).
  • Maurice Lever, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, t. I, LIrrésistible ascension. 1732-1774, Fayard, 1999, t. II, Le Citoyen dAmérique. 1775-1784, Fayard, 2003, t. III, Dans la tourmente. 1785-1799, Fayard, 2004.

Articles connexes

  • Affaire Goëzman
  • Alexandre Falcoz de la Blache
  • Beaumarchais, Benjamin Franklin et la naissance des États-Unis

Liens externes

Dernière modification de cette page 09.05.2014 12:55:02

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