Base de données musicale

Musicien

Paul Desmond

Paul Desmond - © Carl Van Vechten

Date de naissance 25.11.1924 à San Francisco, CA, Etats-Unis d Amérique

Date de décès 30.5.1977 à New York City, NY, Etats-Unis d Amérique

Paul Desmond

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Paul Desmond, de son vrai nom Paul Emil Breitenfeld, est un saxophoniste de jazz né à San Francisco le 25 novembre 1924 et mort à New York le 30 mai 1977.

Biographie

Enfance

Paul Desmond, né Paul Emil Breitenfeld à San Francisco, Californie, en 1924, est le fils de Shirley King et Emil Aron Breitenfeld. Son père, issu d'une famille ashkénaze de Bohême et d'Autriche était un organiste et pianiste qui a notamment joué pour certains films de cinéma muet[1], et écrivain musical pour music halls. Sa mère était catholique. Tout au long de sa vie, Desmond n'était pas sûr du lien de parenté avec son père

Durant son enfance, il doit quitter la maison familiale à San Francisco à cause des troubles émotionnels dont souffre sa mère. Il habite pendant quelques années à Nouvelle-Rochelle, dans la banlieue nord de New York, avec d'autres membres de sa famille. De retour à San Francisco, il étudie la clarinette avant de se tourner vers le saxophone alto en 1950.

Débuts

Engagé dans l'armée pour presque trois ans, il ne sera jamais appelé à combattre. Il y rencontre en 1944 un de ses futurs partenaires, le pianiste Dave Brubeck, avec qui il va souvent jouer en duo. À la fin de leur service militaire, ils promettent de se revoir pour travailler ensemble. C'est en 1946 qu'ils vont former le Dave Brubeck Octet. Ils enregistrent alors un seul album qui sera un échec commercial. Paul Desmond choisit alors de travailler avec le clarinettiste Jack Fina et Alvino Rey. Il revient à San Francisco, après avoir entendu le nouveau trio de Dave Brubeck à la radio (avec Cal Tjader et Ron Crotty). C'est en 1951 qu'ils vont former leur groupe maître, le Dave Brubeck Quartet.

L'ère du Dave Brubeck Quartet

Dave Brubeck et Paul Desmond sont les seuls membres fixes du Dave Brubeck Quartet. Celui-ci va connaître beaucoup de changements de bassiste et de batteur jusqu'à l'arrivée d'Eugene Wright, contrebassiste afro-américain, et de Joe Morello à la batterie. Ils enregistrent de nombreux succès, notamment Jazz at Oberlin, en 1953, et Jazz goes to College, en 1954. Mais c'est en 1959 que le Quartet connaîtra son plus grand succès musical, l'enregistrement de l'album Time Out, regroupant 7 compositions aux signatures rythmiques inhabituelles telles que Blue Rondo a la Turk, Three to get Ready, Pick up Sticks, et surtout la composition maître de Paul Desmond. Il s'agit de Take Five, composition en 5/4, qui fera monter le groupe au plus haut niveau du Bilboard Hot 100 et qui sera tout simplement une consécration dans le monde du jazz [1]. Desmond participe à plusieurs autres albums comme la série Time (Time Further Out, Time Changes...) ou la série Impressions (of Japan, of New-York...), et ce jusqu'en 1967 à la dissolution du quartet.

Les notoriétés de Desmond et Brubeck sont parfois comparées à celles de Billy Strayhorn et Duke Ellington, les premiers restant dans l'ombre des seconds. Comme Desmond avec Take Five, Take the A Train est souvent attribué à tort à Ellington[2].

En dehors du Dave Brubeck Quartet

Desmond a travaillé avec d'autres grands musiciens de jazz, comme Gerry Mulligan, avec qui il a fait plusieurs albums dont Two of a Mind en 1962, Chet Baker, avec qui il a enregistré Together en 1977, et le Modern Jazz Quartet en 1971. Il a eu son propre quartet avec le guitariste Jim Hall avec lequel il a enregistré plusieurs albums comme Take Ten en 1963 ou Bossa Antigua en 1965.

Fin de vie

Desmond a toujours connu des problèmes de dépendance chimique depuis l'adolescence. Il était grand consommateur de Scotch Whisky Dewar's et de cigarettes Pall Mall. Il meurt à 52 ans, en mai 1977, chez lui à New York[3], après avoir fait une dernière tournée avec Dave Brubeck au mois de février de la même année. À l'annonce de sa maladie, un cancer du poumon, il aurait déclaré, avec son humour légendaire, être content de la santé de son foie[4] .

Personnalité et rapports à la littérature

Desmond était connu pour son caractère particulier, notamment pour sa timidité et son calme légendaire, connu également pour ses citations et son sens de l'humour très fin.

Quand Joe Morello est arrivé dans le Dave Brubeck Quartet en 1956, Desmond, qui avait repéré son jeu subtil aux balais aux côtés de Marian McPartland et l'avait recommandé auprès de Brubeck, fut surpris par la nouvelle tournure de son jeu aux baguettes, qu'il trouvait brutal et fantaisiste[5]. Il menaça de quitter le quartet : « Soit il s'en va, soit je pars. », à quoi Brubeck répondit : « Paul, il ne part pas[6]. » Desmond est pourtant resté tout en ne parlant plus à Morello pendant un an. Les deux se sont réconciliés par la suite. Cela n'empêchait pas Paul Desmond de lire pendant que Joe Morello faisait ses solos de batterie lors d'enregistrements[réf. souhaitée].

Il semble que la lecture était un loisir important dans sa vie, en particulier les œuvres de Timothy Leary et de Jack Kerouac. Il voulait devenir écrivain, mais y a finalement renoncé : « je ne pouvais écrire qu'à la plage et j'ai toujours mis du sable dans ma machine à écrire[4]. » Il a pourtant écrit une nouvelle comique, juste après la dissolution du Dave Brubeck Quartet, How many of you are there in the quartet?, publiée dans le magazine Punch. Il aurait aussi écrit une biographie jamais publiée[réf. nécessaire].

Pseudonyme

Paul Desmond a donné plusieurs explications au choix de « Desmond » comme pseudonyme : un nom trouvé dans un annuaire téléphonique[7] ou dans le journal, le nom d'une petite amie... Il a raconté un jour avec humour, qu'il trouvait que son vrai nom de famille, Breitenfeld, sonnait « trop irlandais » à son goût.

Le saxophoniste Hal Strack, ami de Desmond, raconte qu'en 1942, le chanteur qui remplaçait Howard Dulany dans l'orchestre de Gene Krupa avait un nom italien compliqué, qu'il avait décidé de changer pour Johnny Desmond. Desmond a dit à Hal Strack : « Mais c'est un super nom, ça, tu sais. C'est doux mais ça reste peu commun. Si un jour je change de nom, ça sera Desmond[8]. »

Citations

Paul Desmond est également connu pour ses aphorismes acerbes et ironiques[4] :

  • « J'ai gagné plusieurs prix du « Joueur d'alto le plus lent du monde », et même un prix spécial en 1961 pour du silence. »
  • « Parfois j'ai l'impression que pendant des orgies à New York, quelqu'un dit « appelons Desmond ! » et que quelqu'un d'autre répond « pourquoi s'embêter ? Il est probablement chez lui à lire l'Encyclopædia Britannica. »
  • À propos de Jack Kerouac : « Je déteste sa façon d'écrire. J'aime plutôt bien la façon dont il vit, par contre. »
  • À propos du jeu d'Ornette Coleman : « C'est comme vivre dans une maison où tout est peint en rouge. »

Style et matériel

Le jeu de Paul Desmond est fluide et aéré, très peu doté de vibrato, avec un son beaucoup plus doux que les autres saxophones, ce qui faisait tout son charme (un son ressemblant au saxophone de Lee Konitz)[9]. Ses deux plus grandes influences furent Lester Young et Art Pepper. Son son très « pur », son phrasé décontracté et inspiré, son sens du swing en font un des musiciens les plus populaires du Jazz West Coast[1].

Desmond possédait un saxophone alto Selmer Super Balanced Action depuis 1951 avec un bec M.C Gregory 4A-18M et utilisait des anches Rico 3 ½. Il l'a légué à Michael Brubeck, deuxième fils de Dave et Iola Brubeck[10].

Discographie partielle

Albums solo

  • East Of The Sun (1959)
  • Desmond Blue (1961)
  • Two Of A Mind / with Gerry Mulligan (1962)
  • Take Ten (RCA) (1963)
  • Glad To Be Unhappy (1964)
  • Easy Living (1965)
  • Bossa Antigua (1964)
  • From the hot afternoon (verve/AM, avec des musiciens brésiliens) (1969)
  • Bridge Over Troubled Water (1970)
  • Skylark (CTI) (1973)
  • Together (1977)

Dave Brubeck Quartet

  • The Dave Brubeck Octet (1946)
  • Brubeck/Desmond (1951)
  • Stardust (1951)
  • The Dave Brubeck Quartet (1951)
  • Jazz At Oberlin (1953)
  • Audrey (1954)
  • Jazz Goes To College (1954)
  • Jazz Impressions of Eurasia ( 1958)
  • Time Out (1959)
  • Time Further Out (1961)
  • Countdown, Time in outer space (1962)
  • The Real Ambassadors (1962)
  • Blue Rondo a la Turk (1963)
  • Jazz at Carnegie Hall (1963)
  • Jazz Impressions of USA (1964)
  • Jazz Impressions of New York (1964)
  • Jazz Impressions of Japan (1964)
  • Time In (1965)
  • Bravo! Brubeck! (1966)
  • The Buried Trasures (live in Mexico) (1967)
  • We're all together again for the first time (1972)
  • The Duets (1975)

Autres collaborations

  • Quartet Gerry Mulligan et Paul Desmond (Verve) (1975)
  • The Modern Jazz Quartet featuring Paul Desmond (1971)
  • Concierto de Jim Hall, avec Chet Baker, Ron Carter... (CTI) (1975)

Notes et références

  1. Philippe Carles, André Clergeat, Jean-Louis Comolli, Dictionnaire du Jazz, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1994.
  2. Taylor Ho Bynum, « The Brilliance of Dave Brubeck », The New Yorker,‎ 6 décembre 2012.
  3. John S. Wilson, « Paul Desmond, Alto Saxophonist With Dave Brubeck Quartet, Dies », New York Times,‎ 31 mai 1977.
  4. (en) « Paul Desmond-isms », sur allaboutjazz.com, 19 septembre 2005 (consulté le 13 février 2015).
  5. (en) extrait de Take Five: The Public and Private Lives of Paul Desmond, Doug Ramsey, « Great Encounters #16: When drummer Joe Morello joined the Dave Brubeck Quartet », sur jerryjazzmusician.com, 19 avril 2005 (consulté le 13 février 2015).
  6. (en) Dave Brubeck, « Dave Brubeck remembers Joe Morello », sur jazztimes.com, 26 mars 2012 (consulté le 13 février 2015).
  7. (en) Ken Dryden, « Critique de Take Five: The Public and Private Lives of Paul Desmond de Doug Ramsey », sur allaboutjazz.com, 5 juin 2005 (consulté le 9 mars 2015).
  8. (en) Doug Ramsey, « Correspondence: Breitenfelds », sur http://www.artsjournal.com/rifftides/2010/03/correspondence_breitenfelds.html, 1er mars 2010 (consulté le 9 mars 2015).
  9. Doug Ramsey, Take Five: The Public and Private Lives of Paul Desmond, Parkside Publications, 2005, p. 102, 118, 216, 292.
  10. (en) « Biographie de Michael Brubeck », sur pbs.org (consulté le 13 février 2015).

Sources et bibliographie

Liens externes

Dernière modification de cette page 03.03.2018 15:52:36

Récupérée de Paul Desmond de l'encyclopédie libre Wikipedia. Tous les textes sont disponibles sous les termes de la Licence de documentation libre GNU.